31 ans après, le dossier de la disparition de Marie-Hélène Audoye rouvert

La jeune femme de 22 ans a disparu en 1991 sur la Côte d’Azur, lors d’une tournée entre plusieurs pharmacies pour son travail. Le pôle « cold case » de Nanterre vient de rouvrir son dossier.

Trente-et-un ans après la disparition de sa fille, Annie Audoye connaît le dossier sur le bout des doigts. « Vous feriez un très bon policier, madame, mais ne vous en mêlez pas », lui a même rétorqué un enquêteur, il y a plusieurs années, dit-elle. À présent, l’espoir renaît pour la mère de Marie-Hélène, disparue sur la Côte d’Azur en 1991: le nouveau pôle « cold case » de Nanterre vient de rouvrir le dossier, clos depuis 2013.

« C’est un immense espoir. Au moins, Marie-Hélène n’est plus ‘rien’. On la concrétise, on parle d’elle, on ne l’oublie pas », confie Annie Audoye à BFMTV.com.

« Je repasserai la semaine prochaine »

Le 21 mai 1991, Marie-Hélène Audoye, représentante en pharmacie de 22 ans, part pour une tournée des Alpes-Maritimes aux Hautes-Alpes dans le cadre de son travail. Elle quitte son domicile de Cagnes-sur-Mer, à une quinzaine de kilomètres de Nice, et entame plusieurs visites de pharmacies.

Vers 14h15, ce jour-là, elle quitte une officine monégasque, dans laquelle elle laisse un petit mot à l’adresse du pharmacien, qu’elle connaît bien. « Je repasserai la semaine prochaine. Bisous », écrit-elle. C’est la dernière trace que la jeune femme laisse derrière elle.

Le lendemain, n’ayant pas de nouvelles, son employeur s’inquiète. Il parvient à joindre Steven, le compagnon de Marie-Hélène, mais lui aussi est incapable de dire où la jeune femme se trouve. Annie Audoye et son mari sont prévenus, tentent de la contacter à leur tour, sans résultat.

La piste d’un départ volontaire « peu crédible »

Avec le sentiment que la police ne se démène pas pour retrouver leur fille, Annie et son mari finissent par se lancer eux-mêmes dans les recherches, quelques jours après la disparition de Marie-Hélène. Pour eux, impossible d’envisager que la jeune femme soit partie de son propre chef.

« Elle aimait la vie, sa famille, ses amis. Elle avait un job et un amoureux, elle venait d’emménager avec lui… Si elle avait voulu partir, elle nous l’aurait dit », estime Annie Audoye.

La première piste qu’elle et son mari envisagent donc, c’est l’accident de voiture, leur fille devant rouler à travers les Hautes-Alpes pendant plusieurs jours. Annie Audoye ira même jusqu’à louer un hélicoptère pour pouvoir vérifier que le véhicule ne se trouve pas dans un ravin. Des recherches qui ne donnent rien.

« En avoir le cœur net »

Pour autant, la mère de Marie-Hélène ne baisse pas les bras. Elle ouvre une ligne téléphonique pour recueillir d’éventuels témoignages (toujours active, au 04.92.91.06.23), ne néglige aucune hypothèse, se rapproche d’autres mères dont les enfants ont disparu, se renseigne sur les criminels présents dans la région au moment des faits.

À Cannes, on la voit même fouler la Croisette, une pancarte avec la photo de sa fille entre ses mains, en plein Festival de Cannes. Les longs cheveux bruns et lisses et le yeux verts de Marie-Hélène s’étalent sur ces clichés massivement diffusés. Certains croient la reconnaître dans des lieux improbables. Qu’importe. Sa devise, à chaque nouveau témoignage: « Il faut en avoir le cœur net. »

Alors Annie Audoye creuse toutes les pistes et vérifie le moidre détail elle-même, jusqu’à se rendre en Espagne et à tourner les pages d’un magazine de charme dans lequel on a cru apercevoir sa fille. Rien n’aboutit pourtant: malgré une ressemblance parfois troublante, ce n’est jamais Marie-Hélène qu’Annie a en face d’elle.

Vingt-ans ans d’enquête et des ordonnaces de non-lieu

Si plusieurs personnes ont été mises en examen dans le dossier, dont un homme d’affaires suisse soupçonné de proxénétisme, toutes ces hypothèses ont abouti sur un non-lieu.

En parallèle, Annie Audoye conseille aux enquêteurs de chercher du côté de l’amoureux de sa fille, et plus précisément d’une femme qui entretenait ce dernier et qui avait déjà montré de forts signes de jalousie envers Marie-Hélène. Alors que cette piste-là est évoquée dès le début de l’enquête, la femme en question ne sera interrogée que cinq ans après la disparition. Là encore, l’audition n’aboutit pas.

« Il y a eu des délais pour tout. Et ce sont ces délais qui ont gravement nuit à la découverte de la vérité », estime la mère de Marie-Hélène.

Un nouvel espoir

À la clôture de l’enquête, en 2013, le ciel lui tombe sur la tête. « C’est comme si Marie-Hélène disparaissait une deuxième fois. Plus de recherches, plus d’enquête… Pour des parents, c’est extrêmement difficile à accepter », souffle Annie Audoye.

« Le fait que les investigations n’aient pas été conduites dans les règles de l’art au départ a sûrement conduit à un échec judiciaire », analyse auprès de BFMTV.com Me Sophie Jonquet, avocate d’Annie Audoye.

« C’est pourquoi on place beaucoup d’espoir dans ce pôle, dont les nouvelles techniques scientifiques et d’enquête pourraient permettre de faire avancer le dossier », poursuit-elle.

Pris en charge par la juge Sabine Khéris, qui a résolu l’affaire Estelle Mouzin en soutirant des aveux au tueur en série Michel Fourniret, le dossier est entre de bonnes mains, affirme Annie Audoye. « On va peut-être enfin pouvoir savoir, comprendre, retrouver la trace de notre fille. Si je pense qu’elle est morte, j’espère qu’elle est vivante. »

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