AVIS D’EXPERT. Le cours de bourse de l’action Tesla a dévissé de 30% depuis le début de l’année 2024. Est-ce le début de la fin pour Elon Musk et le constructeur automobile, spécialiste des voitures électriques?
Elon Musk a la pression à l’approche de la communication des résultats financiers du premier trimestre 2024, le 23 avril. Comme annoncé par le fondateur de Tesla lui-même, cette année ne sera pas bonne en termes de ventes pour Tesla.
Le modèle le plus vendu au monde en 2023, le Model Y s’essouffle. Il a besoin d’un rafraîchissement, comme la Model 3 en 2023. En attendant, l’entreprise va réduire ses effectifs de 10% (soit environ 14.000 personnes) pour abaisser ses coûts et tenter de préserver sa rentabilité.
Toutefois, il n’est pas certain que ce soit ce que les actionnaires attendent d’une valeur « technologique ». Ce sont les perspectives de croissance qui tirent généralement le cours de bourse. Et là, il y a un coup d’arrêt pour Tesla, coup d’arrêt amplifié par les départs de cadres importants. Il faut citer Drew Baglino, vétéran de 18 ans chez Tesla. Il œuvrait au poste de vice-président de l’ingénierie et avait même participé à la présentation du troisième volet plan Tesla, en mars 2023.
Il faut néanmoins remettre les choses en perspective: la part des véhicules électriques représentera moins de 10% des véhicules produits dans le monde, en 2024. Par conséquent, le moteur thermique reste la référence pour l’immense majorité des conducteurs. La voiture électrique comme tout nouveau produit a convaincu d’abord, les innovateurs (2,5% de la population), c’est-à-dire les fans de Tesla.
Ensuite, les précurseurs de nouvelles technologies ont pris le relais. Toutefois, il reste à convaincre la majorité des conducteurs. Quand sera-t-elle prête à passer à l’électrique? Selon différents commentaires, Elon Musk semble penser, sans le dire aussi clairement, que le contexte géopolitique et économique repousse le passage à l’électrique d’une partie importante de la population en Chine, aux Etats-Unis, en Europe, de quelques années. Donc, pour Tesla, il est temps de réduire la voilure, faire le dos rond.
Pourtant, un développement en mode accéléré…
En deux ans, entre 2021 et 2023, Tesla a doublé ses ventes de véhicules. Pour ce faire, le constructeur a ouvert deux usines d’assemblage de véhicules: Austin, au Texas et Berlin, en Allemagne. En plus, une nouvelle usine de fabrication de batterie a été ouverte, toujours à Austin, avec la mise en production d’une nouvelle cellule. Enfin, toujours côté production, Tesla a lancé la construction d’une usine de raffinage de lithium à Corpus Christi, au Texas, pour répondre aux exigences de localisation aux Etats-Unis de l’administration Biden et percevoir des subventions.
En ce qui concerne les véhicules, Tesla a profondément rafraîchi sa Model 3 et s’est attaqué au marché des pick-up avec le Cybertruck. Les effectifs ont aussi doublé durant ces deux années. Après cette insolente croissance, le constructeur est à la croisée des chemins.
Pour rivaliser avec les autres constructeurs, Tesla aurait besoin d’une citadine qui est le segment le plus important au monde, avec 700 millions de véhicules immatriculés. Mais les marges sont compressées, les risques élevés avec le besoin de construire une nouvelle usine d’assemblage et Elon Musk hésite. Ensuite, il semble que Tesla s’intéresse aux véhicules utilitaires avec 300 millions d’unités sur les routes dans le monde. Le constructeur pourrait bousculer ce segment de marché. Cependant, comme à son habitude, Musk veut renverser la table.
Son obsession consiste à offrir la conduite automatisée aux conducteurs de Tesla, mettre sur la route une navette complètement autonome et reprendre l’avantage sur ses concurrents. Les consommateurs paieraient un service de mobilité, basé sur les kilomètres parcourus. Uniquement aux Etats-Unis et sous la supervision du conducteur, la conduite automatisée (FSD Supervised) a été rendue disponible pour 99 dollars par mois. Les témoignages des premiers utilisateurs sont positifs, même si des améliorations sont encore attendues pour parfaire le système.
L’enjeu pour le PDG de Tesla, c’est la navette autonome qui sera dévoilée le 8/8. Le chiffre 8 est un porte-bonheur en Chine. Elon Musk deviendrait-il superstitieux ou le premier déploiement serait-il fait dans l’empire du milieu? Réponses dans quelques mois.
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