Schizophrénies : Définition
On pourrait dire qu’ il existe autant de formes de schizophrénie que de patients. La schizophrénie nécessite une prise en charge globale, médicale, psychologique, psycho-éducative et sociale. Elle souffre fréquemment d’un retard du diagnostic et du voile du tabou.
L’information du patient et de son entourage apporte une aide précieuse pour s’orienter au plus vite vers les réponses les plus adaptées.
La schizophrénie : risques et enjeux sanitaires
La schizophrénie concerne environ une personne sur 100 dans la population : soit environ 400 000 sujets en France. 90 % des patients traités ont entre 15 et 55 ans.
Le délai entre le début de la schizophrénie et son diagnostic est souvent long (au moins deux ans), ce qui retarde la prise en charge appropriée et laisse évoluer le patient vers des conséquences de la maladie comme la rupture de scolarité, la désinsertion sociale, la consommation abusive de substances psycho-actives, etc.
La schizophrénie expose également à un risque suicidaire intrinsèque, en particulier lors de périodes de dépression et de prise de conscience des difficultés à vivre liées à l’évolution de la maladie.
Trop souvent, le diagnostic n’est pas clairement énoncé. Selon les associations de patients, une personne sur 5 ne serait pas informée de sa maladie, ce qui réduit son implication dans la prise en charge. Or cette prise en charge est complexe (interventions coordonnées de différents professionnels, psychiatres, médecins, psychologues, travailleurs sociaux, etc.) ; elle nécessite l’adhésion du patient au projet thérapeutique, idéalement avec le soutien de son entourage.
Les symptômes de la schizophrénie
La schizophrénie concerne à égalité les hommes et les femmes mais les manifestations sont plus précoces (entre 15 et 25 ans) chez les hommes.
La conscience de soi de la personne schizophrène est altérée et instable dans le temps. Ce qui entraîne des difficultés de contact avec l’entourage, des idées ou des sensations étranges, un comportement bizarre, un désinvestissement du quotidien (hygiène, ménage) et des activités scolaires ou professionnelles, des troubles du sommeil (endormissement et réveil tardif), des réactions émotionnelles étranges.
Ces symptômes caractérisent le syndrome dissociatif, qui a donné son nom à la maladie : en grec skhizein veut dire couper, et phren : cerveau, pensée.
Souvent c’est la famille qui est la première interpellée par les changements de comportements du patient, qui lui n’en a pas conscience.
Schizophrénies – Mécanismes
Quels sont les mécanismes en cause dans la schizophrénie ?
Les hypothèses sur les causes et les mécanismes de la schizophrénie sont nombreuses, elles ont beaucoup évolué au cours du temps.
Les recherches récentes considérent la schizophrénie comme une maladie de l’organisation cérébrale, due à une vulnérabilité neuro-psycho-biologique, dont la cause est en partie génétique.
Le risque de développer la maladie est de 1 % pour un sujet pris au hasard dans la population, mais il est de 10 % pour un frère ou une soeur de schizophrène.
Certains événements de nature infectieuse ou toxique jouent aussi un rôle comme révélateurs de la maladie. C’est le cas de la consommation de cannabis.
Enfin, comme toutes les maladies psychiatriques, l’environnement social, affectif, familial, économique joue un rôle plus ou moins protecteur ou aggravant pour la personne malade.
A quoi reconnaît-on qu’il s’agit bien d’une schizophrénie ?
Le diagnostic de la schizophrénie pose deux types de problème.
D’une part, tous les patients n’ont pas conscience de leurs troubles, notamment quand il s’agit d’hallucination ou de délire.
L’entourage doit donc faire appel à sa force de conviction, pour inciter son proche à consulter, en faisant part de son inquiétude. Parfois, une hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT) ou une hospitalisation d’office (HO) sont nécessaires, lorsque le sujet met en danger lui-même ou autrui et refuse les soins.
D’autre part, aucun symptôme ne permet de reconnaître la schizophrénie avec certitude. Médecins, généralistes, psychiatres, neurologues doivent se concerter pour confirmer le diagnostic. Avec d’autant plus de prudence (donc de temps) que le diagnostic est difficile à annoncer et à accepter ; il marque une rupture supplémentaire dans la vie du sujet (avant le diagnostic/ après).
Le diagnostic repose sur trois familles de signes :
- Les symptômes positifs (signes d’hyperactivité cérébrale), négatifs (signes d’hypoactivité cérébrale) et de désorganisation (incohérence du fil de la pensée). Les symptômes positifs sont principalement des idées délirantes, déconnectées de la réalité et nourries par des hallucinations visuelles, auditives, etc.
- Les symptômes négatifs sont surtout la perte d’initiative, l’appauvrissement de la communication, le repli sur soi. Ils conduisent à l’isolement.
- Les symptômes de la désorganisation traduisent l’activité mentale chaotique du sujet : trouble du cours de la pensée et de sa logique (coqs à l’âne permanents, digressions), incohérence entre l’expression des émotions, la pensée et la situation réelle objective (visage figé accompagnant une déclaration d’affection). Parfois, le langage est lui-même incohérent, incompréhensible.
Ces signes ne sont pas toujours présents d’emblée, constants, sous une forme typique et complète. De fait, cela favorise le retard du diagnostic et l’incrédulité de l’entourage.
Schizophrénies – Prévention et consultation
Y a-t-il une prévention possible de la schizophrénie ?
Il n’y a pas de prévention connue de la schizophrénie, mais une fois la maladie constituée, plus la prise en charge est complète et précoce, meilleures sont la qualité de vie, l’insertion sociale et la stabilité du patient.
Le suivi de la famille est souhaitable car l’émergence d’un trouble mental déclenche une anxiété bien compréhensible chez les frères et soeurs qui peuvent craindre d’y succomber à leur tour.
A quel moment consulter le médecin ?
Dès que les bizarreries de comportement s’installent dans la durée (plusieurs semaines).
L’attentisme est source d’angoisse et de conflit dans la famille.
Plus la consultation est précoce, plus le diagnostic est précoce et la prise en charge personnalisée mise en place rapidement.
Le traitement d’une personne reconnue schizophrène est fait sur mesure, adapté au patient, à ses symptômes prédominants, au stade d’évolution de la maladie, à son environnement social et relationnel, à ses ressources et capacités personnelles d’adaptation.
Il repose sur certains traitements psychotropes spécifiques comme des neuroleptiques, parfois appelés anti-psychotiques, associés à une prise en charge globale, psychothérapeutique et sociale, destinées à favoriser l’insertion et à maintenir la qualité de vie du sujet.
Il justifie une reconnaissance en affection de longue durée (ALD) par la Sécurité sociale (voir fiche ALD).
Dans certains cas, une demande de reconnaissance de statut d’adulte handicapé (voir fiche Adulte Handicapé) auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) permet d’obtenir des aides sociales et à l’insertion dans des postes plus adaptés.
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à retenir
Attention au cannabis !
Les liens entre cannabis et schizophrénie sont complexes. D’une part, les sujets schizophrènes tendent à abuser plus fréquemment que d’autres sujets de cannabis. Tout se passe comme s’ils utilisaient cette consommation pour apaiser leur anxiété et leur anhédonie (incapacité à ressentir du plaisir).
Par ailleurs, des études montrent que fumer du cannabis augmente le risque de développer une psychose comme la schizophrénie, y compris chez des personnes a priori sans facteur familial de vulnérabilité. Sans conclure à un lien direct entre cannabis et schizophrénie, on considère que le cannabis est un facteur de risque de schizophrénie.