Qu’est ce que l’autisme ?
L’autisme est un vaste éventail de situations pathologiques, quasi uniques à chaque enfant atteint de ce trouble envahissant du développement. Les troubles envahissants du développement (TED) désignent un ensemble de perturbations de la croissance psycho-motrice et sociale d’un individu, qui ne permettent pas à un enfant (puis un adulte) de s’intégrer tout seul dans la société. On y met aussi le trouble envahissant du développement avec hyperactivité (TDAH), par exemple, ou d’autres troubles de la communication et du langage, qui altèrent plus ou moins sévèrement la relation aux autres.
L’autisme n’a pas une origine précise et unique, c’est l’expression d’un trouble organique, un syndrome, dont les causes sont multiples et variées. Cela explique qu’il soit assez souvent associé à d’autres maladies ou troubles qui ont la ou les mêmes causes sous-jacentes : retard mental, déficience sensorielle, naissance difficile et traumatisante, maladie génétique, épilepsie…
Dépistage de l’autisme
Le point d’étape (janvier 2010) du Plan gouvernemental Autisme 2008-2011 les résume ainsi.
« En France, entre 300 000 et 500 000 personnes sont touchées par des troubles du développement, parmi lesquels l’autisme. Face à la souffrance des adultes, des enfants et de leur entourage, le Gouvernement a engagé dès 2008 un effort exceptionnel pour traiter l’autisme d’une manière globale.
Elaboré en concertation avec les professionnels et les associations, le plan autisme 2008- 2011 est une avancée majeure de la politique publique en direction des personnes autistes et de leur entourage. Doté de 187 Millions d’Euros, ce plan comporte 30 mesures, articulées autour de 3 grands axes :
Mieux connaître l’autisme pour mieux former
Le plan autisme met l’accent sur la connaissance de cette maladie et sur la diffusion de cette connaissance auprès des professionnels ;
Mieux repérer l’autisme pour mieux accompagner
L’établissement d’un diagnostic rigoureux et précoce est essentiel pour mieux accompagner les personnes atteintes d’autisme. Le plan autisme se fixe un objectif ambitieux de 4100 places en établissements et services sur la durée du plan d’ici à 2012 ;
Diversifier les approches
Le plan autisme vise à promouvoir des approches thérapeutiques novatrices encore peu répandues en France. »
Pourquoi dépister l’autisme ?
1- Le dépistage le plus précoce de l’autisme évite l’errance diagnostique, la détresse des parents qui ne savent plus quoi faire, et celle des enfants (et de la fratrie) qui souffrent toujours plus ou moins de leur enfermement mental.
2- Le diagnostic précis est la base de la gestion la plus saine possible d’une situation douloureuse et généralement durable.
3 – On peut normaliser beaucoup d’autismes et amener les autistes à vivre comme tout le monde, ou presque. Tout dépend de la cause. Une intoxication foetale (polluants, rayonnements) est plus grave qu’une carence alimentaire transitoire à la naissance, car elle se corrige moins bien ou pas du tout. Les enfants abandonnés montrent des signes autistiques, qui régressent quand on s’occupe d’eux. Même les maladies génétiques peuvent être compensées, et peut-être un jour prochain corrigées.
4- La prise en charge éducative et psychologique rapide est le meilleur garant d’une correction des troubles avant qu’ils ne s’aggravent. Plus l’enfant a pris de retard en développement, plus il met de temps à rattraper les enfants de son âge. Pour son bien, il est juste de ne pas attendre.
Quand dépister l’autisme ?
La construction cérébrale dépend étroitement des connexions établies puis sélectionnées par l’usage et les apprentissages. Tout ce qui perturbe le bourgeonnement de ces connexions, et surtout leur tri sévère ultérieur pour ne garder que les liens pertinents, peut donner des troubles dits autistiques. Cela peut s’installer aussitôt que se construit le cerveau, au stade fœtal.
Toutefois, il est très difficile de s’en rendre bien compte avant 18 – 24 mois de vie, tant que l’enfant n’est pas attendu « au tournant », lors des acquisitions intellectuelles, affectives et sociales du petit d’Homme.
Aucun dosage biologique, aucune imagerie du cerveau ne peut à ce jour faire le diagnostic de l’autisme. Tout repose sur l’observation attentive et durable de l’enfant. Raison pour laquelle les parents et les « nounous » sont les premières personnes susceptibles d’avoir des soupçons d’abord, puis de donner l’alerte.
Les équipes médicales spécialisées peuvent porter le diagnostic formel à partir de 24 mois, pas avant.
Quels sont les signes à prendre en compte ?
Les recommandations médicales (HAS, 2005) sont claires. On peut se contenter au minimum d’un dépistage en quatre questions aux parents quand l’enfant a entre 18 et 24 mois. Elles traquent les critères les plus discriminants ; ceux qui justifient une consultation et un suivi plus poussés.
• Votre enfant a-t-il déjà utilisé son index pour pointer ?
• Votre enfant joue-t-il à faire semblant ?
• Votre enfant vous imite-t-il ?
• Votre enfant répond-il au sourire ?
Si la réponse est oui partout, il y a pas l’alarme à avoir… pour l’instant.
En effet, la surveillance médicale des enfants ne doit jamais s’interrompre ; elle n’a pas à être motivée par des signes bizarres, même un seul. Les recommandations sont de dépister tous les enfants tout le temps, par les questions aux parents et l’observation la plus attentive et la plus prolongée possible au cabinet de consultation.
Un questionnaire plus complet, comme le M-CHAT, avec les quatorze questions suivantes, n’apporte pas beaucoup plus d’arguments pour demander les examens spécialisés
1. Est-ce que votre enfant vous regarde dans les yeux plus de 1 ou 2 secondes ?
2. Est-ce que votre enfant est parfois hypersensible au bruit (par exemple se bouche-t-il les oreilles) ?
3. Est-ce que votre enfant répond par un sourire à la vue de votre visage ou en réponse à votre sourire ?
4. Est-ce que votre enfant vous imite (par exemple si vous faites une grimace) ?
5. Est-ce que votre enfant répond à son nom lorsque vous l’appelez ?
6. Votre enfant regarde-t-il un objet que vous montrez à l’autre bout de la pièce ?
7. Votre enfant marche-t-il ?
8. Votre enfant regarde-t-il les choses que vous regardez ?
9. Votre enfant fait-il des mouvements des doigts insolites près de son visage ?
10. Votre enfant attire-t-il votre attention sur ce qu’il est en train de faire ?
11. Vous êtes-vous déjà demandé si votre enfant était sourd ?
12. Votre enfant comprend-il ce qu’on lui dit ?
13. Votre enfant regarde-t-il parfois dans le vide ou erre-t-il sans but ?
14. Votre enfant regarde-t-il votre visage pour évaluer votre réaction quand il est présenté à quelque chose d’inconnu ?
Que faire lorsqu’on observe des signes autistiques chez son enfant ?
Il faut consulter son médecin traitant et mettre l’accent sur les comportements et attitudes qui paraissent bizarres. Les parents étant les meilleurs guetteurs, ces témoignages justifient une consultation en service spécialisé neuro-psychiatrique infantile (pédopsychiatrie) ou, mieux, dans un des Centres régionaux de Ressources Autisme (CRA) qui sont dédiés au diagnostic et à la prise en charge de ces troubles.
Dans le meilleur des cas, les parents en sortiront rassurés. C’est très important.
Que faire lorsqu’on observe des signes autistiques chez un enfant qui n’est pas le sien ?
Il faut toujours informer les personnes détenant l’autorité parental de ses observations, en veillant à être à la fois parfaitement factuel (sans émotion parasite) et manifestement soucieux du bien-être de l’enfant. On peut se baser sur les quatre questions minimales ou le questionnaire M-CHAT ci-dessus pour fonder ses doutes et soupçons.