Dans le projet de droits de douane relevés sur les voitures électriques importées de Chine vers l’Europe, Tesla écope du régime le plus favorable, à l’inverse des marques européennes concernées, davantage taxées que BYD. Explications.
Une Dacia Spring davantage taxée à son arrivée en Europe qu’une Tesla Model 3 ou qu’un modèle de BYD? C’est ce qui se profile à l’horizon avec le projet de droits de douane relevés sur les importations de voitures produites en Chine, confirmé par la Commission européenne cette semaine. Mais un texte qui peut encore fait l’objet de modifications et doit surtout être validé par un vote des Etats membres, divisés sur cette question. Si la France et l’Espagne sont plutôt favorables à cette hausse des drois de douane, ce n’est pas le cas pour l’Allemagne, la Suède et la Hongrie.
Les régimes les plus favorables pour Tesla et BYD
Objectif affiché de cette hausse des droits de douane: compenser les subventions publiques versées par Pékin pour soutenir le développement de l’industrie automobile locale, en pleine transition vers l’électrique. Des aides trop importantes aux yeux de Bruxelles, au point de fausser la concurrence avec les acteurs européens.
Tesla bénéficie du régime le plus favorable pour sa Model 3 produite à Shanghai pour l’Europe, avec une surtaxe de 9%, contre 21% dans le projet initial dévoilé en juin. Un taux à ajouter aux droits de douane qui visent en temps normal les importations de véhicules dans l’Union européenne, de 10%.
Le géant chinois BYD s’en sort aussi plutôt bien, avec une surtaxe de 17%.
Autre groupe chinois, Geely, propriétaire de Volvo et en coentreprise avec Mercedes sur la marque Smart, s’est de son côté vu attribuer un taux à 19,3%.
Enfin, SAIC, qui commercialise la marque MG en Europe, écope du taux le plus élevé, avec une surtaxe de 36,3%. C’est le même taux que le groupe des « entreprises non-coopérantes », qui ont refusé de participer à l’enquête lancée par l’UE.
Une surtaxe plus importante pour Dacia et BMW
Un autre groupe est de son côté constitué des « entreprises coopérantes non inclues dans l’échantillon », avec un taux intermédiaire à 21,3%.
Dans cette catégorie, on retrouve la plupart des coentreprises entre des constructeurs européens et des marques chinoises. Quelques exemples: « eGT New Energy », la coentreprise entre Dongfeng et Renault pour produire la Dacia Spring, « Spotlight Automotive », entre Brillance et BMW pour le iX3 ou encore « Volkswagen Anhui », coentreprise entre le groupe allemand et Anhui Jianghuai Automobile (JAC Group) pour assembler le Cupra Tavascan.
Ces trois modèles -Dacia Spring, BMW iX3 et Cupra Tavascan- vont donc être soumis à davantage de taxes à l’importation que Tesla ou qu’un groupe chinois comme BYD.
Le groupe Renault, propriétaire de Dacia, n’a pas souhaité réagir, mais assure que la marque cherche à réduire ses coûts de production et logistique pour limiter l’impact de cette hausse potentielle des tarifs douaniers sur ses prix en Europe.
En France, ce sera un deuxième coup dur à encaisser en quelques mois pour la Dacia Spring, après la perte du bonus écologique depuis le début de l’année, qui n’est plus réservé qu’aux voitures produites en Europe.
Incitations à produire en Europe
Davantage taxer à l’importation des constructeurs européens, plutôt que des marques américaine ou chinoise: une situation surprenante, mais qui répond toutefois à une certaine logique. La Commission européenne estime en effet que ces partenaires des constructeurs européens pour produire en Chine ont été trop largement soutenus par des aides publiques chinoises ou par des accès à des financements préférentiels.
Un soutien public apte à fausser la concurrence pour la Commission européenne, ce qui n’est pas le cas pour Tesla, qui affiche en outre une structure juridique moins opaque que les marques chinoises, souligne un article des Echos.
Seul constructeur étranger à produire en Chine sans s’appuyer sur un constructeur local, Tesla produit aussi déjà en Europe avec son usine de Berlin, qui assemble le Model Y. Le projet d’une deuxième usine européenne, qui revient souvent sur la table sans toutefois être confirmé, pourrait aussi inciter Bruxelles à brosser l’entreprise d’Elon Musk dans le sens du poil.
Le même raisonnement peut d’ailleurs s’appliquer pour BYD, qui a confirmé son projet d’usine en Hongrie, avec un début de production prévu pour fin 2025 et un deuxième site devrait aussi sortir de terre prochainement en Turquie.
Le groupe SAIC, avec sa marque MG, en fort développement ces dernières années en Europe, notamment avec sa compacte électrique MG4, n’a visiblement pas obtenu gain de cause après son recours de début juillet et se voit toujours infligé la surtaxe la plus importante. MG France nous avait toutefois assuré avoir constitué assez de stocks pour faire face au double choc de l’arrêt du bonus et de contexte de taxes europénnes.
A voir si ce serrage de vis envisagé en Europe saura convaincre MG de produire localement, avec un projet encore non-confirmé d’une usine en Espagne, indiquait le Journal de l’Automobile mi-juillet.
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