Le petit Mohammed lorsqu'il a découvert les échecs.

Il y a encore quelques années, Malika Iberraken n’aurait pas osé imaginer un tel destin pour son fils, diagnostiqué « autiste sévère » à l’âge de sept ans. Pourtant, dix ans plus tard, grâce à sa passion pour les échecs, Mohammed est un adolescent « épanoui » qui vient d’intégrer l’école Saint-Cyr. Sa mère raconte « son cheminement » et « ses batailles » à BFMTV.com.

Jusqu’à l’âge de 10 ans, le petit Mohammed ne parlait pas. « Il criait, il sautait et il serrait les poings pour s’exprimer, c’était sa façon de communiquer », raconte à BFMTV.com Malika Iberraken, dont le fils a été diagnostiqué « autiste sévère » peu avant ses sept ans. Quelques années plus tard, Malika Iberraken livre dans son livre Je n’ai plus peur, maman – publié aux éditions Fayard – « le cheminement atypique » de son fils Mohammed, qui, à 17 ans, vient d’intégrer le prestigieux lycée militaire de l’école Saint-Cyr.

« Jamais je n’aurais osé imaginer un tel destin pour lui », reconnaît sa mère. « Quand il était petit, moi mon rêve, c’était qu’il devienne autonome. Quand certains parents rêvent que leurs enfants réussissent dans leurs études, qu’ils puissent faire le métier de leurs rêves. Et bien aujourd’hui, qui l’eût cru? », demande, le sourire aux lèvres, cette femme de 46 ans, gestionnaire de paie au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

« Les échecs, ça a été révélateur »

« Il est parti de très loin », reconnaît Malika Iberraken. Et pour cause, elle se souvient du petit garçon resté mutique pendant ses quatre premières années d’école maternelle, jusqu’à ce qu’il ne prononce le mot « maman » à sept ans. De ses tics, « pesants au quotidien ». Celui qui refusait de se nourrir, à moins que ce ne soit des petits pots saumon carotte d’une marque bien précise.

Aujourd’hui, elle voit dans ce livre un moyen d' »aider » et de « donner de l’espoir aux familles » comme la sienne:

« C’est vrai que lorsqu’on diagnostique un tel handicap à votre enfant, on peut avoir tendance à se dire qu’il n’y a plus d’espoir, que sa vie s’arrête là alors que non, pas forcément… au contraire ».

« Même si c’était dur, on a jamais baissé les bras, il faut ne rien lâcher, s’accrocher et aller frapper à toutes les portes », lance Malika Iberraken, qui raconte qu’elle et son mari ont toujours cherché à stimuler Mohammed, en lui faisant découvrir le plus de choses possibles.

Le petit Mohammed lorsqu'il a découvert les échecs.
Le petit Mohammed lorsqu’il a découvert les échecs. © Malika Iberraken

Et c’est ce qui fera la différence. Tout change lorsque Mohammed découvre les échecs à l’âge de 10 ans. À travers cette passion, l’enfant se révèle. Malika et Karim découvrent une nouvelle facette de leur fils.

« Ça a été révélateur, il a accroché tout de suite. Ça lui a permis de se canaliser et ça a révélé son exigence vis-à-vis de lui-même et dans tout ce qu’il entreprend. On a remarqué que ça le faisait énormément avancer et ça a développé chez lui des choses qu’on ne soupçonnait pas. Aujourd’hui encore, c’est son moteur », explique sa mère.

Grâce à cet élément déclencheur, Mohammed décroche de très bonnes notes à son entrée au collège. « Si on ne pouvait avoir que des Mohammed en classe, ça serait l’idéal », lance-t-on même un jour à Malika Iberraken en réunion parents-prof.

« Le poids des batailles » administratives

Lorsqu’elle évoque ces années, cette mère de deux enfants décrit « un combat » permanent, semé de nombreuses embûches, pour que le handicap de son fils soit reconnu, et qu’il puisse intégrer les structures qui lui correspondent: un institut médico-éducatif (IME) ou une classe ULIS adaptée à la scolarisation d’élèves handicapés par exemple.

« Monter un dossier à la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées), c’est déjà tellement compliqué, tellement long. Et ça ce n’est que le début », développe la quadragénaire. « En plus du poids du diagnostique et du quotidien qu’on peut avoir sur les épaules, on doit se battre avec les administrations pour faire en sorte de donner le meilleur à son enfant ».

« Je ne vous cache pas que quand M. Macron a été élu président, j’ai eu un peu d’espoir car je savais que Brigitte Macron était engagée dans ce sens. Ça me fait vraiment mal au cœur », rapporte Malika Iberraken.

Elle ne cache pas sa déception et souhaiterait aujourd’hui rencontrer la Première dame pour évoquer la question.

Avant son élection en 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à faire du handicap l’une des priorités de son quinquennat. Le couple présidentiel avait même accueilli de jeunes autistes à l’Élysée pour présenter le « plan autisme » qu’il comptait mettre en place. Pourtant ces derniers mois, les fermetures de services psychiatriques se multiplient sur le territoire.

En janvier dernier – deux ans après la visite médiatisée du chef de l’État à l’hôpital psychiatrique Saint-Egrève en Isère, l’établissement grenoblois était contraint de fermer un service. Comme ce fut aussi le cas à l’hôpital Saint-Maurice dans le Val-de-Marne en janvier 2022, ou encore à celui de Pontoise en janvier dernier…

« Peut-être que des choses ont été faites, mais aujourd’hui ça n’est pas arrivé à mon niveau », réplique la mère de famille, qui envisage désormais d’ouvrir une association. « Au contraire, il n’y a pas du tout assez d’établissements d’accueil spécialisés… Et le fait de mutualiser les structures ou les accompagnants telles que les AESH fait qu’aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est de pire en pire ».

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV

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