Une étude démontre que les patients opérés par des chirurgiennes ont moins de complications

Deux études publiées mercredi dans la revue Jama montrent que les patients opérés par une femme subissent moins de complications que ceux opérés par un homme. Une différence qui pourrait être liée au fait que les chirurgiennes opèrent un peu plus lentement, et donc avec plus de précaution.

Les chirurgiennes font-elles un travail plus soigné que les chirurgiens? C’est une question soulevée par deux études publiées ce mercredi dans la revue médicale Jama (Journal of the American Medical Association). Elles montrent que les personnes opérées par une femme connaissent moins de complications après leur chirurgie que celles opérées par un homme.

Pour la première, les chercheurs ont étudié les données médicales de 1,1 million de patients ayant subi une chirurgie en Ontario, au Canada. Ces chirurgies, urgentes ou non, ont eu lieu entre 2007 et 2019. 151.054 de ces patients ont été opérés par une femme et 1.014.657 par un homme.

Plus de complications chez les patients des hommes

13,9% de ceux opérés par un homme ont eu des complications à 90 jours, contre 12,5% pour ceux opérés par des femmes. Un an après l’opération, la différence atteint 25% pour les personnes opérées par un chirurgien, contre 20,7% pour celles opérées par une chirurgienne. Ces complications peuvent être des infections mineures, mais aussi des crises cardiaques ou des AVC.

Les auteurs de l’étude concluent que même en prenant en compte « les caractéristiques du patient, de l’intervention, du chirurgien, de l’anesthésiste et de l’hôpital, les résultats de cette étude de cohorte suggèrent que les patients traités par des femmes chirurgiens ont des taux plus faibles de résultats postopératoires négatifs, y compris de décès, à 90 jours et 1 an après l’intervention, par rapport à ceux traités par des hommes chirurgiens ». Ils appellent à « une étude plus approfondie des causes sous-jacentes et des solutions potentielles » face à ce constat.

Une autre étude forme un constat similaire

La deuxième étude publiée mercredi dans Jama aborde ces possibles causes. Les chercheurs ont analysé les résultats des opérations de 150.509 patients opérés par 2553 chirurgiens en Suède, entre 2006 et 2019. L’échantillon concernait une chirurgie précise: la cholécystectomie, soit l’ablation de la vésicule biliaire, pratiquée pour les coliques hépatiques ou les inflammations de la vésicule biliaire par exemple.

L’étude a notamment trouvé que les complications durant la chirurgie (abcès, saignements, perforations…) étaient plus courantes chez les patients opérés par des hommes (4,3% de ces opérations, contre 3,3% pour celles effectuées par des femmes).

Des opérations plus lentes chez les femmes

L’une des explications de cette différence est que les femmes opèrent plus lentement que les hommes, ce qui peut être un signe de précaution, selon cette étude. La différence est de près de 8 minutes en moyenne, toutes chirurgies (urgentes ou non) confondues.

« Les hommes et les femmes diffèrent dans leur façon de pratiquer la médecine. L’adoption de certaines pratiques plus courantes chez les femmes médecins est susceptible d’améliorer les résultats pour mes patients », a déclaré au Guardian le chirurgien ayant dirigé la première étude, Christopher Wallis.

« En tant que chirurgien homme, je pense que ces données devraient nous inciter, moi et mes collègues, à réfléchir aux causes de cette situation », a-t-il jugé.

Les spécialités chirurgicales se féminisent de plus en plus, mais les femmes y restent largement minoritaires. En France par exemple, selon un rapport publié en 2020 par le Conseil national de l’ordre des médecins français, la proportion de femmes chez les spécialistes chirurgicaux est passée de 22.8% à 31.3% entre 2010 et 2020. Sur l’ensemble des médecins en activité régulière, les femmes représentaient 49% des effectifs en 2020.

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