Carlos Tavares quitte la direction générale du 4e constructeur mondial, poussé vers la sortie après dix ans dans le groupe. De PSA à Stellantis, retour sur une décennie d’industrie automobile.
Carlos Tavares quitte Stellantis. Poussé vers la sortie, le patron du constructeur automobile franco-italo-américain a annoncé sa démission avec « effet immédiat », un an avant l’échéance de son mandat. La fin abrupte d’une décennie chez PSA devenu Stellantis suite à la fusion avec Fiat Chrysler.
Quittant le groupe Renault, faute de pouvoir gravir davantage les échelons internes, Carlos Tavares est rapidement recruté par le groupe PSA pour succéder à Philippe Varin en 2014. Il prend alors les rênes d’un constructeur très mal en point.
Victime de la crise financière, qui a chahuté le marché européen des voitures neuves, PSA vient d’être sauvé de justesse de la faillite par l’arrivée au capital de l’État français et du constructeur chinois Dongfeng.
Réduction des coûts
Lorsqu’il devient officiellement le numéro 1 de PSA, le groupe englobant Peugeot et Citroën affiche une perte de plus de 2 milliards d’euros. Carlos Tavares ne déroge pas à sa réputation de « cost-killer » et coupe dans les coûts pour restaurer les marges de l’entreprise française. Toutes les opérations industrielles sont passées au crible pour rationaliser et chasser le gaspillage, quitte à supprimer des modèles non rentables ou des lignes de montage dans certaines usines. Les effectifs, eux, passent d’un peu plus de 111.000 personnes en 2013 à un peu moins de 96.000 personnes en 2015.
Son plan de redressement nommé « Back in the race » (« De retour dans la course ») contribue également à transformer les modèles DS en une marque autonome, au même titre que Peugeot et Citroën. Dès 2015, le groupe PSA redevient rentable.
Après la cure d’économies, le nouveau plan stratégique « Push to pass » (« Pousser pour dépasser », une nouvelle référence au sport automobile) lui succède en 2016. Cette fois-ci, il s’agit de passer à la vitesse supérieure en menant une stratégie offensive à l’international, dont un retour aux États-Unis, et en lançant de nouveaux véhicules.
En 2017, le groupe PSA rachète la filiale européenne de GM, ajoutant les marques Opel et Vauxhall dans son portefeuille. Avec le rachat d’Opel, PSA se hisse à la place de deuxième constructeur européen, derrière Volkswagen.
Carlos Tavares contribue ensuite à la fondation du groupe Stellantis en 2021, un projet initié deux ans auparavant, issu du mariage entre PSA et FCA. Cette méga-fusion entre les deux groupes donne naissance au quatrième constructeur automobile mondial avec une quinzaine de marques dans son portefeuille, parmi lesquels Peugeot, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Chrysler, Jeep, Lancia ou encore Opel. Le nouveau groupe italo-franco-américain, qui place Carlos Tavares à sa direction générale, enchaîne alors les records trimestriels dans les premiers temps de son existence.
Critiques syndicales
Mais, revers de la médaille, les méthodes de Carlos Tavares ont été régulièrement dénoncées par les syndicats. Pour produire toujours moins cher, les salariés comme les fournisseurs sont mis sous pression par la direction. Les salariés sont régulièrement encouragés à partir, au gré des plans de suppressions de postes. Parallèlement, le groupe franco-italo-américain mise toujours plus sur des pays à bas coûts, comme le Brésil, le Maroc ou la Turquie, pour fabriquer ses voitures – ce qui lui a valu des relations difficiles avec le gouvernement italien mené par Giorgia Meloni.
La pénurie de puces électroniques, qui limitait la production de voitures, a aidé Stellantis à vendre ses véhicules à des prix élevés. Mais les rouages finissent par se gripper. Le groupe a vu ses résultats dégringoler au premier semestre 2024, pénalisé par des volumes en net repli et des pertes de part de marché. Le bénéfice net chute de 48% sur les six premiers mois de l’année. La situation ne s’améliore pas dans les mois suivants, plombée par des difficultés plus graves que prévues en Amérique du Nord, la plus importante région de Stellantis.
En parallèle, l’électrification à marche forcée du secteur automobile complique les perspectives de Stellantis sur ce marché déjà morose. Le groupe doit aussi gérer le dossier des airbags Takata, qui le contraignent à une vaste campagne de rappel. Sans parler des problèmes des moteurs PureTech. Une accumulation de difficultés qui auront entraîné le départ soudain de Carlos Tavares ce 1er décembre.
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