un Américain contaminé par le botulisme à Bordeaux toujours en réanimation

L’architecte de 41 ans s’est rendu avec son épouse au Tchin Tchin Wine Bar de Bordeaux où ils ont consommé les sardines contaminées. Selon elle, les poissons « avaient un goût normal », et c’est le lendemain que les premiers symptômes sont apparus.

« La route vers la guérison sera longue. » Début septembre, quinze cas de botulisme ont été détectés en France après la consommation par les patients de sardines en conserve dans un restaurant de Bordeaux, le Tchin Tchin Wine Bar. La Direction générale de la Santé a annoncé la mort d’une femme de 32 ans qui avait fréquenté Bordeaux avec son conjoint avant de rejoindre son domicile en région parisienne. Elle faisait partie de ces quinze cas.

Parmi les quatorze cas restant, onze ont été hospitalisées, dont huit en France. Parmi ces huit, six sont en réanimation au CHU de Bordeaux. C’est parmi ceux-ci que se trouve Matthew, un architecte américain de 41 ans en vacances en Gironde au moment des faits.

« Elles avaient un goût normal »

Dans une interview accordée au Parisien, Kristy, son épouse, qui a également été contaminée mais de manière moins grave, donne des nouvelles de son époux et relate les heures de calvaire qui ont précédé l’hospitalisation de Matthew.

Tout commence le lundi 4 septembre. Le couple souhaite découvrir les spécialités culinaires locales et se rend Tchin Tchin Wine Bar, « notamment pour son vin naturel. » « On en a goûté plusieurs et on a aussi dégusté de la charcuterie et des sardines à l’apéritif », se rappelle-t-elle.

Alors que le propriétaire de l’établissement a admis avoir jeté des bocaux de sardines qui sentaient mauvais, Kristy l’assure, les poissons qu’ils ont consommé ce jour-là semblaient parfaitement comestibles.

« Comme je ne mange pas beaucoup, j’en ai pris très peu, une peut-être et Matthew, deux. Elles avaient un goût normal. Ce n’était pas les meilleures sardines de ma vie mais elles n’étaient pas mauvaises », dit-elle.

C’est le lendemain matin, au cours d’un circuit viticole, que l’état de Matthew se dégrade subitement. « On faisait du vélo à travers les vignes quand il s’est mis à voir double et à avoir des vertiges. Il n’arrivait plus à conduire et les organisateurs du tour ont dû venir nous chercher en van », rembobine-t-elle auprès du quotidien francilien.

Le quadragénaire décide de prendre une douche et de s’aliter tandis que Kristy retourne se promener durant trois heures. À son retour, l’état sanitaire de son conjoint s’est encore détérioré.

« Quand j’ai poussé la porte, il était très mal en point. Il avait la bouche très sèche, la langue engourdie et il n’arrivait plus à avaler. J’ai paniqué, j’ai cru qu’il faisait un AVC. J’ai appelé le 112. Il a été transféré à l’hôpital Saint-André », explique l’Américaine de 40 ans.

« Pour communiquer, il écrit sur une ardoise »

Malgré son admission à l’hôpital, les médecins ne détectent pas immédiatement le cas de botulisme, une maladie qui reste rare. « Le scanner du cerveau et les prises de sang n’ont rien montré », explique Kristy au Parisien, alors que les symptômes continuent d’empirer.

« Le lendemain, le 6 septembre, il n’arrivait plus à parler. […] Matthew a été admis en soins intensifs, puis en réanimation. Il avait besoin d’oxygène. Avec son doigt, il dessinait les lettres ‘Breathe’ (respirer). Il n’y arrivait plus. C’est quelqu’un de très courageux mentalement mais il était effrayé. Les médecins ont décidé de l’intuber. Il ne pouvait même plus ouvrir les yeux », dit-elle.

C’est alors que l’hypothèse du botulisme surit pour la première fois dans la bouche des médecins. Or, des tests dont les résultats ne pouvaient pas être connus avant cinq jours étaient nécessaires. En parallèle, l’Américaine tombe également malade avec les mêmes symptômes, moins forts, et n’est pas hospitalisée.

« Finalement, le 10 septembre, ils m’ont demandé si j’avais mangé au Tchin Tchin Wine Bar car il y avait d’autres cas d’intoxications. C’était bien le botulisme! Matthew et moi avons alors reçu un antidote », se rappelle celle qui dit ne pas en vouloir aux médecins pour leur délai. « C’est une maladie tellement rare qu’on ne peut pas imaginer l’attraper. »

Reste que, l’état de Matthew reste extrêmement préoccupant, mais stable. « Il est toujours intubé en réanimation. Il ne peut ni voir ni parler. Pour communiquer, il écrit sur une ardoise. J’espère qu’il pourra remarcher. Et on ne sait pas quand on rentrera chez nous », conclut-elle.

Enquête ouverte

Dans la foulée de l’apparition de ces cas de botulisme, le parquet de Bordeaux a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire. L’enquête est ouverte des chefs de blessures involontaires, homicide involontaire, mise sur le marché de denrées préjudiciables à la santé et de vente de denrées corrompues ou toxiques.

L’enquête est confiée conjointement à la police judiciaire de Gironde, à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) et à la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Selon les informations de BFMTV, deux plaintes ont, à ce stade, été déposées devant le parquet de Bordeaux mais ce couple n’en fait pas partie.

Pour sa part, le rapport provisoire de l’autopsie de la patiente morte a conclut à la mort par asphyxie pouvant être due à une intoxication à l’acide botulique.

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