TOUT COMPRENDRE. Pourquoi le militant écologiste Paul Watson a été arrêté au Groenland

Le militant écologiste américano-canadien Paul Watson a été arrêté dimanche au Groenland alors qu’il partait perturber la navigation d’un navire-usine baleinier. Ses proches dénoncent un « guet-apens » et demandent sa libération.

Paul Watson, célèbre militant écologiste américano-canadien opposé à la chasse à la baleine et visé par un mandat d’arrêt international émis par le Japon, a été arrêté au Groenland, territoire autonome danois, et placé en détention provisoire.

Paul Watson se trouvait ce dimanche 21 juillet à Nuuk, capitale du Groenland. Son navire s’était arrêté afin de se ravitailler en carburant, a indiqué la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF) dans un communiqué. Il était parti mi-juillet de Dublin avec comme mission d' »intercepter » le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord.

« Le plan consiste à s’attaquer au plus grand et au plus dangereux navire baleinier du monde, le Kangei Maru, et à bloquer ses opérations », avait alors expliqué le militant dans un communiqué.

• Comment a été arrêté Paul Watson?

Alors qu’il venait d’accoster, Paul Watson a été interpellé par la police danoise. Selon CPWF, il a été arrêté sur la base d’une notice rouge d’Interpol, pour d’anciennes actions dans l’Antarctique, qui avait disparu de son site, laissant croire qu’elle avait été retirée.

Paul Watson était recherché par le Japon pour avoir causé des dommages et des blessures lors de deux incidents survenus dans l’océan Antarctique en 2010 à l’encontre d’un navire baleinier japonais. Le Japon souhaitait le poursuivre pour « intrusion dans le navire, dommages aux biens, obstruction forcée aux affaires et blessures », selon le communiqué d’Interpol de 2012.

« Il semble que le Japon ait rendu la notice confidentielle afin de faciliter le voyage de Paul dans le but de procéder à une arrestation », écrit la fondation dans son communiqué.

« Très clairement, c’est un guet-apens », a dénoncé sur BFMTV Lamya Essemlali, présidente de la branche française de Sea Shepherd, association fondée par Paul Watson.

« On pense que le Japon a appuyé auprès du Danemark pour l’arrêter » avant qu’il ne s’interpose face au navire-usine baleinier japonais, a-t-elle poursuivi.

L’un de ses avocats, Jean Tamalet, a également fustigé sur BFMTV une « accusation fantoche qui émane des autorités judiciaires japonaises ». Me Tamalet, qui fait partie d’une équipe d’avocats autour de Paul Watson, estime qu’il est visé par « un mandat d’arrêt politique et non pas juridique ».

• Risque-t-il d’être extradé vers le Japon?

Après son arrestation, Paul Watson a été présenté à un juge qui a statué sur son placement en détention jusqu’à ce qu’une décision soit prise quant à son extradition vers le Japon, a indiqué dimanche la police du Groenland dans un communiqué. La justice a décidé de le maintenir en détention provisoire jusqu’au 15 août dans la prison de Nuuk, au Groenland.

Paul Watson a fait appel de cette détention, mais selon Me Jean Tamalet, « sa requête de remise en liberté a été rejetée » ce mardi.

Selon Sea Shepherd France, Emmanuel Macron « s’est saisi du dossier » et « la diplomatie française est à l’œuvre pour tenter d’obtenir la libération de Paul Watson ». Ce dernier vit à Paris depuis plusieurs années avec sa femme et leurs deux enfants, d’après le site de sa fondation.

De nombreuses personnalités ont également demandé sa libération. « Une mobilisation citoyenne, politique et médiatique est urgente pour empêcher le Japon de faire taire à jamais le principal défenseur des baleines », a estimé un collectif de personnalités, dont l’acteur Pierre Niney, l’activiste Camille Etienne et l’animateur Stéphane Bern dans une tribune publiée par Libération ce lundi. « Il faut absolument qu’on le sauve », a également imploré Brigitte Bardot auprès du Parisien, dénonçant une « chasse à l’homme mondiale » lancée par le Japon.

Pour Me Jean Tamalet, « l’extradition est un risque majeur ». « Tout repose sur la responsabilité des juges danois qui vont prendre en leur âme et conscience une décision historique qui peut être absolument dramatique si elle est d’extrader Paul Watson », a-t-il déclaré mardi sur BFMTV.

• Pourquoi le Japon continue-t-il la chasse à la baleine?

La pêche commerciale de baleines a été bannie en 1986 dans le monde avec l’entrée en vigueur d’un moratoire international de la Commission baleinière internationale (CBI) pour protéger leurs espèces, dont certaines étaient devenues très menacées.

Le Japon défend la chasse à la baleine en affirmant qu’elle constitue une question de « sécurité alimentaire » dans ce pays pauvre en ressources, qui importe de grandes quantités de viande animale. Mais, d’après plusieurs ONG de défense des animaux, sa consommation s’est effondrée dans le pays par rapport aux années 1960. Le gouvernement nippon affirme aussi que cette pratique fait partie intégrante de la culture japonaise, étant une tradition locale qui remonte au moins au 12e siècle.

Le Japon a quitté en 2019 la Commission baleinière internationale pour s’affranchir du moratoire. Il pêche ainsi de nouveau la baleine ouvertement pour des raisons commerciales, mais en se cantonnant à son propre espace maritime. La CPWF soupçonne le Japon de vouloir reprendre la chasse en haute mer dans l’océan Austral et le Pacifique Nord.

Le capitaine Paul Watson s’oppose à cette pratique depuis des décennies. Le militant se présente comme l’un des fondateurs de l’ONG Greenpeace, avec qui il a rompu en 1977. Il a aussi contribué à créer Sea Shepherd, avant d’en partir en 2022 pour lancer sa fondation. Celle-ci revendique de « défendre la vie en mer grâce à une stratégie unique de non-violence agressive ».

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