The Glory : une bluette trash et malsaine (mais avec un disque dur)

Si vous avez ouvert Netflix ces derniers jours, il est probable que vous ayez vu la bande-annonce de The Glory, une minisérie coréenne. Malheureusement, il va être difficile d’expliquer les incongruités de la série, sans dévoiler quelques éléments. Donc : alerte spoiler.

Décalage technologie et mœurs

Afin que le lecteur ne soit pas surpris, disons-le dès maintenant : la seule chose que je connais de la Corée du Sud, c’est la nourriture et un compte Instagram de produits ménagers. Je ne connais pas leur système politique, je ne connais pas leurs mœurs, la société, etc. Si vous êtes meilleur connaisseur que moi, il est probable que les lignes qui vont suivre, vont vous faire bondir.

La Corée du Sud fait partie des pays technologiquement plus avancés que bien d’autres. Ils ont une véritable avance en matière de technologies et curieusement, quand on est tech, on a tendance à emprunter un raccourci, à savoir qu’une société techniquement avancée est nécessairement socialement avancée. Tout comme on se figure qu’une personne qui a une grande maîtrise des technologies est supérieurement intelligente.

Preuve que les scénaristes n’ont pas fait attention aux détails techniques (ni aux autres d’ailleurs) : vers la fin de la série, il est question d’un disque dur, qui aurait été effacé, mais en réalité remplacé. Sauf qu’on voit l’explorateur de fichiers de Windows, qui fait état d’un seul disque dur, qui aurait été remplacé en une nuit. Pour avoir remplacé un disque dur, sur lequel se trouvait le système d’exploitation, je peux certifier que cela ne prend pas une seule nuit pour recréer un « environnement » exactement à l’identique, même en ayant pris des notes.

Si on devait mettre quelque chose au crédit de The Glory, c’est de totalement casser ce préjugé. Niveau mœurs et société, on est dans le temps ancien.

Corruption à tous les étages

Ce qui est très surprenant dans The Glory est qu’il y a des actes délictueux qui sont acceptés, des plus « anodins » aux plus graves. Ainsi, cela paraît complètement acceptable de frapper une élève ou de débarquer dans une salle de repos de professeurs et de passer un professeur à tabac. Le résumé de The Glory parle de harcèlement scolaire, sauf que ce n’est pas du harcèlement scolaire.

Quand on commence à torturer une élève avec un fer à boucler ou à la brûler, c’est un acte de barbarie. Mais, comme la principale agresseuse appartient à une famille riche, tout le monde se tait, en premier les adultes. Tout comme la police, qui reçoit des pots-de-vin, se tait, ferme les yeux et évidemment prend l’argent.

On peut se rassurer en disant que c’est une certaine conception de l’autorité. Gifler une employée de magasin n’est pas faire preuve d’autorité. C’est être une plouc. Penser que l’argent peut tout acheter est profondément vulgaire.

Là où ça devient carrément débile, c’est lorsque l’un des personnages se retrouve dans une position délicate parce qu’on découvre qu’il est gay. Vu la quantité d’actes délictueux qui sont commis durant l’histoire, pourquoi être gay apparaît comme étant un problème ?

Histoire incohérente

Le principal souci de The Glory est que l’histoire n’est ni cohérente ni réaliste. Moon Dong-eun, celle qui a été torturée, prépare une vengeance pendant 18 ans. Pardon, mais dans le monde réel, qui fait ça ? Qui décide de consacrer sa vie à punir des personnes qui vous ont fait souffrir ? Surtout qu’elle n’attend pas pour des questions purement techniques. Les nouvelles technologies sont utilisées. Dans le monde réel, si on retombe sur les personnes qui nous ont fait souffrir, on réagit sur le moment. Mais, personne ne va passer 18 ans à échafauder des plans. Notamment quand on voit comment la saison 1 se termine. Tout ça pour ça ? Vraiment ?

L’autre incohérence est la relation entre Moon Dong-eun et Lee Do-hyun. Le type se fait jeter en permanence et pourtant, il accueille Moon Dong-eun chez lui, prend soin d’elle. Il est amoureux d’elle et il semble qu’elle aussi développe des sentiments au fil des épisodes. Et il ne se passe absolument rien. On pourrait y croire s’ils avaient 15 ans. N’étant pas d’un naturel romantique, j’ai beaucoup de mal à croire que deux adultes, en pleine possession de leurs moyens et ayant une attirance l’un pour l’autre, puissent cohabiter de façon platonique.

Quant à Jeon Jae -joon, on le regarde en ayant envie de lui dire « mais c’est quoi ton problème ? ». Officiellement, il est un héritier, déjà fortuné. Pour une raison parfaitement inconnue, il donne dans le trafic de stupéfiants et les magouilles en tout genre. De la part de Son Myeong-oh, on le comprend puisqu’il n’a pas l’air d’appartenir à une famille riche. Tout comme on comprend pourquoi Lee Sa-ra reste dans le sillage des autres. Avec Ha Do-yeong et Kang Hyeon-nam, ce sont les personnages les plus réalistes.

On passe sur le fait que Son Myeong-oh veuille aller se cacher en Russie, alors que l’histoire se passe de nos jours ou que personne ne porte de masque alors que le COVID continue de circuler joyeusement. Même dans NCIS, ils ont intégré le COVID dans la dernière saison disponible sur Prime.

La timbale de la stupidité revient à la mère de Park Yeon-jin, qui court chez son gourou dès qu’elle se casse un ongle. J’admets volontiers que j’ai un rejet envers les personnes qui sont totalement accros aux cultes et la mère est insupportable. Elle couvre les « bêtises » — si tant est qu’on puisse parler de bêtises pour des actes de torture et un homicide — de sa fille, en arrosant d’argent toutes les parties prenantes, mais, à aucun moment, elle n’attrape sa fille par le col pour lui dire « maintenant, ça suffit ».

Globalement, si on arrive à passer outre une certaine répugnance — j’ai dû faire avance rapide sur certaines scènes — The Glory se regarde. L’histoire ne tient pas vraiment la route, quand on fait la somme de toutes les incohérences. C’est un bruit de fond pendant qu’on fait la vaisselle, mais il ne faut pas espérer quelque chose de plus. J’ai vu des nanars en film d’horreur qui étaient largement mieux construits. Tout comme j’ai vu des films d’honneur moins malsains, mais qui au moins, annonçaient directement la couleur. The Glory est disponible sur Netflix.

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