Entreprises comme particuliers sont appelés à réduire leur consommation électrique. L’enjeu est double. Il s’agit prosaïquement de réduire sa facture sur fond d’envolée des tarifs avec la crise énergétique. Mais aussi, et surtout, de lutter contre le changement climatique. Sur le plan économique, tous les secteurs sont mis à contribution. Celui des télécoms, dont l’activité se montre particulièrement énergivore, n’échappe à la règle.
Selon la Fédération française des télécoms (FFT), la consommation électrique des réseaux télécoms s’établissait, en 2019, à 3,7 TWh (hors terminaux), soit 0,8 % de la consommation nationale. Centré sur le nucléaire, le mix énergétique en France est relativement décarboné par rapport à des pays tels que l’Allemagne ou la Pologne, qui font un large recours à des centrales à combustibles fossiles pour produire leur électricité.
Pour autant, l’optimisation de leurs infrastructures pour gagner en sobriété énergétique constitue un véritable défi pour les opérateurs. Depuis 2020, l’Arcep collecte les données sur leur empreinte environnementale pour mesure les progrès accomplis.
Dans sa première enquête, « Pour un numérique soutenable », l’autorité de régulation du secteur notait qu’avec la multiplication des usages numériques, l’énergie consommée pourrait, si on reste sur le même rythme, doubler d’ici 2035. La consommation énergétique des réseaux mobiles est particulièrement élevée puisqu’elle est deux fois supérieure aux réseaux fixes.
Le passage salutaire à la fibre et à la 5G
La FFT rappelle toutefois que l’innovation peut contenir cette hausse attendue de la consommation électrique. L’investissement de quelque 15 milliards d’euros en 10 ans consenti par les opérateurs pour moderniser leurs infrastructures n’a pas été vain. Le passage à la fibre optique aurait ainsi divisé par trois la consommation énergétique de l’accès fixe. Le déploiement de la 5G permet, lui, d’augmenter de 90 % l’efficacité énergétique des communications mobiles.
En octobre dernier, chaque opérateur a dévoilé son propre plan de sobriété énergétique. Orange indique que « le passage sur batteries électriques de plusieurs milliers d’installations du réseau fixe permettra d’économiser jusqu’à 20 MW, soit la consommation instantanée d’une ville moyenne de 40 000 habitants ».
Free Mobile, de son côté, éteint la nuit certaines bandes de fréquences de ses sites réseaux. A savoir les bandes 3,5 Ghz en 5G, 2 600 MHz et 2 100 MHz en 4G, 2 100 MHz en 3G. « Cet effort se traduit par une baisse de la consommation électrique du site supérieure à 10 % pendant la période d’extinction des cellules sans impacter les usages et la qualité de service. Si le trafic le requiert, les cellules se rallument automatiquement. »
Depuis novembre, SFR a mis en place une veille automatique profonde de ses décodeurs TV, permettant de « faire économiser jusqu’à 90 % de l’énergie consommée par l’appareil ». Bouygues Telecom réduit l’intensité lumineuse de ses boutiques avec l’extension des enseignes et des écrans publicitaires en dehors des horaires d’ouverture. La température de ses locaux a été baissé à 19 degrés.
Privilégier le wifi au réseau 4G/5G
Comme le rappelle la FFT, « une part significative de la consommation électrique des services des opérateurs dépend aussi des usages des clients, qu’il s’agisse de la consommation électrique des terminaux de réception installés à leur domicile (notamment les box et décodeurs TV), ou de leurs habitudes d’usage ».
A cet effet, les opérateurs ont lancé ces dernières semaines des campagnes de sensibilisation auprès de leurs abonnés afin de favoriser l’adoption des écogestes. Pour réduire leur empreinte environnementale, les particuliers sont invités à mettre leur box internet et leur décodeur TV en mode veille, voire à les étendre en cas d’absence prolongée.
Les propriétaires de smartphone peuvent réduire la luminosité de leur écran, activer le mode économie d’énergie ou le mode avion, ou encore désactiver les options de connectivité – Wi-Fi, Bluetooth, 4G/5G – quand c’est possible. Autre piste : limiter les notifications aux seules applications essentielles. Il convient par ailleurs de débrancher les chargeurs une fois l’autonomie de sa batterie de son téléphone ou de sa tablette à 100 %.
Les opérateurs recommandent par ailleurs de privilégier le Wi-Fi au réseau 4G/5G au bureau ou à votre domicile. Selon une étude de l’université américaine de Columbia, l’échange de données consomme 23 fois plus d’énergie en passant par la 4G plutôt qu’en Wi-Fi. Certaines offres permettent également passer des SMS ou des appels en Wi-Fi.
Le point noir du streaming
Un des gros points noirs reste le streaming. Selon EDF, une heure de visionnage d’une vidéo en streaming représente 0,45 KW/h, soit 1 000 ampoules de 15 W allumées de 2 à 18 minutes. La FFT rappelle par ailleurs que 52,6 % de l’augmentation nette du trafic sur les réseaux mobiles est générée aujourd’hui par cinq acteurs : Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), TikTok, Netflix, Alphabet (Google) et Amazon. Pour limiter cet impact, il convient de télécharger une vidéo plutôt que de la regarder en ligne et de réserver la haute définition aux grands écrans.
Pour voir ses progrès, il faut aussi pouvoir les mesurer. Bouygues Telecom propose par exemple une application mobile baptisée « Mon Empreinte Carbone » qui calcule sa consommation en gramme de CO2 ou équivalent de minutes d’ampoule Led.
Enfin, l’allongement de la durée de vie des terminaux mobiles est la mesure la plus significative. Sachant, comme l’indique l’Ademe, que la fabrication d’un smartphone est responsable d’environ trois-quarts de ses impacts. Pour réduire ce bilan carbone, il est possible de l’utiliser au-delà du cap traditionnel des deux ans. Et quand il s’agit de renouveler son téléphone mobile, autant prendre un modèle reconditionné.
Depuis un décret du 17 février 2022, un terminal bénéficiant du terme de « reconditionné » doit faire l’objet d’une vérification complète permettant de s’assurer de son bon fonctionnement avec, le cas échéant, le remplacement d’un de ses composants comme l’écran ou la batterie. Un gage de professionnalisation de la filière.
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