Autant le dire d’entrée de jeu : a priori, je n’étais pas emballée outre mesure par Red Rose. Mais, une minisérie qui combine nouvelles technologies et atmosphère de film d’horreur, on pouvait sauver quelque chose. C’était oublier que je n’étais pas la cible.
Technologiquement bidon
L’histoire est simple : des ados reçoivent une invitation pour télécharger une application mobile. Une fois installée, cette dernière se révèle être toxique. C’est la première ânerie de la série : généralement, quand on essaie d’installer une application mobile en dehors des magasins officiels, le téléphone envoie des alertes. Sur certains modèles, cela est quasiment impossible, et d’autres font un scan de sécurité, avant de permettre le lancement de l’application.
L’autre sottise concernant l’application est son extension :. rapp. Après avoir passé plusieurs heures à fouiller le Web, il semblerait que cette extension existe bel et bien. Sauf qu’il s’agit d’une extension pour un programme qui date du milieu des années 2000 et était conçu pour du partage de fichiers en peer-to-peer, conçu par la société Adesso. L’entreprise parait aujourd’hui moribonde.
Plus tard dans la série, les protagonistes découvrent un carnet dans lequel figure plus ou moins le code source de l’application mobile. On a tous pris des notes nerveuses sur papier pour développer nos applications ou nos scripts. Mais, qui écrit sur un carnet son code source en intégralité ? Pourquoi ? Comment ?
On ne va pas s’attarder sur le « dark Web » sorti de nulle part, ni sur le fait que l’une des protagonistes, présentée comme un petit génie de l’informatique, essaie de trouver un mot de passe root à la main, en essayant des mots presque au hasard. Il paraît évident qu’il n’y a pas eu de consultant Tech sur cette production. Si c’est le cas, il faut relever les noms et leur demander des comptes parce que c’est l’une des pires représentations de l’informatique qu’on puisse voir.
Une intrigue déjà vue
Des ados pris au piège par une application mobile, on l’avait plus ou moins déjà vu dans beaucoup de films d’horreur, de facture honnête. Friend Request était un très bon film dans ce domaine. Des jeunes pris au piège par des gens qui s’ennuient et s’amusent à les torturer, on avait aussi largement vu ça. On pense évidemment à Escape Game et Escape Game 2, mais aussi à Saw, à Hostel, à 31, à la Maison de l’Horreur dans une moindre mesure.
On a l’impression que les scénaristes ont pris des trames de différents très bons films d’horreur, qu’ils les ont passés dans ChatGPT et ont créé une prompt pour faire un scénario de film. On conviendra que c’est une insulte à la fois pour le film d’horreur en général et pour ChatGPT en particulier.
L’autre problème est qu’on ne sait pas vraiment sur quel type d’horreur on est. Au départ, on pense à un esprit diabolique, qui hanterait l’application mobile, et c’est à la moitié de la série que l’on comprend qu’il y a des êtres humains derrière cette application.
Sauf que même en misant sur la perversité des adultes, l’intrigue ne tient pas la route. À la fin, on ne sait pas pourquoi spécifiquement ce groupe d’adolescents a été ciblé ni quel a été le but de la manœuvre. On ne connaît pas l’identité des agresseurs et on ne sait pas réellement comment se termine la série, car il n’y a pas d’épilogue.
Faut-il voir Red Rose ?
La semaine dernière, on avait établi qu’il fallait être plus ou moins une minette de 15 ans pour apprécier The Glory. On dira la même chose de Red Rose, en ajoutant qu’il ne faut avoir aucune culture cinématographique ni rien d’autre à faire.
En dehors des aspects incohérents soulevés précédemment, les personnages ne sont pas attachants. Or, si ce n’est pas un problème dans un film qui dure une heure et demie, ça le devient pour une série, même de seulement huit épisodes. On résiste à l’envie de faire avance rapide pour achever le visionnage.
On se demande surtout quel est le message de la série : que le téléphone portable est un danger pour les adolescents ? Qu’il y a des prédateurs sur le Web ? Que les adultes ne sont pas gentils ? Il n’y a aucune pédagogie dans la série, alors que les questions soulevées ne sont pas idiotes. On vient presque à se demander si Netflix n’a pas acquis la série pour répondre aux quotas imposés de production européenne.
Surtout, les raisons qui ont mené leur concepteur de Red Rose à sa création sont particulièrement malsaines. Un adolescent a le béguin pour une camarade de classe et décide de créer une application mobile pour l’espionner. Il est encouragé par des adultes, qui le poussent dans cette attitude, qui est une forme de violence. C’est une chose d’essayer de savoir quel est le livre préféré de la fille pour laquelle on a un coup de cœur, c’en est une autre de créer un environnement pour l’espionner. C’est d’autant plus dommageable qu’il est assez difficile d’expliquer aux adolescents et aux adultes ce qui relève d’une attitude toxique et malsaine et ce qui relève de l’exercice de séduction.
En résumé, il n’y a pas grand-chose à sauver dans Red Rose et on comprend assez mal les bonnes critiques que la série a reçues de la part d’autres publications. Si vous n’avez vraiment rien d’autre à regarder, vous pouvez lancer Red Rose sur Netflix. Cela vous fera un fond sonore pendant que vous faites votre ménage de printemps.
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