Image: « Keep calm and use open source » (MedithIT/CC by)
Lyon va passer au Libre
Les conseillers municipaux de la Ville de Lyon ont choisi le 7 juillet d’abandonner progressivement ses outils Microsoft pour passer aux logiciels libres dans « »l’environnement numérique de l’agent »: Intranet, édition bureautique de fichiers, messagerie électronique, communication unifiée (chat, messagerie instantanée, visio)», rapporte la Tribune de Lyon.
«Un problème de souveraineté numérique, surtout pour des agents de collectivité», pour l’adjoint à l’informatique Bertrand Maes. Le coût de cette migration a été évalué à 3,4 millions d’euros en investissements et 6,5 millions d’euros en fonctionnement d’ici 2026.
Lyon Mag indique que «d’ici 2027, les agents disposeront davantage de solutions type OnlyOffice mais aussi d’une messagerie gratuite type Zimbra. A la fin du mandat, Grégory Doucet [le maire de Lyon] et ses équipes seront passés à 80% de bureautique libre et 20% de bureautique Microsoft.»
Les logiciels libres pour les collectivités locales
La Gazette des communes a publié un grand article au titre explicite, «Les logiciels libres, un choix engagé… et engageant!».
Observant que le choix d’un logiciel libre, «c’est souvent moins confortable qu’une solution achetée sur une étagère à un éditeur», Emmanuel Chopot, DSI de La Roche-sur-Yon agglo (13 communes, 97.000 habitants en Vendée), explique que «pour chaque cas d’usage, l’interco s’impose de vérifier l’existence d’une solution libre référencée sur le socle interministériel des logiciels libres, un PDF mis à jour par la Dinum et disponible sur communs.numerique.gouv.fr.
Lorsque c’est le cas, nous regardons aussi qui est derrière le projet. Est-ce que cela semble fiable? Le projet est-il bien documenté? Avons-nous des partenaires qui maîtrisent ces logiciels? On cherche à se rassurer, car le logiciel libre a ses limites. Avec un éditeur, il y a une feuille de route. Nous pouvons discuter avec lui des évolutions futures. Avec le libre, il faut vérifier qu’une communauté active existe, qu’il ne s’agit pas d’une base gratuite avec de nombreux plug-ins payants, comme WordPress. Et s’assurer que la version standard n’a pas besoin d’être adaptée à nos besoins. Quand ces conditions sont réunies, il ne faut pas hésiter à se tourner vers le libre.»
L’article mentionne le cas de Lutèce et CitéLibre à la Ville de Paris, et les liens entre la Dinum et l’Adullact. «Le problème est que la Dinum est un service de développement informatique et qu’il n’a pas vocation à animer une communauté rassemblant des milliers de collectivités ayant chacune leurs propres besoins. Elle a donc contacté l’Adullact pour animer la communauté et faire remonter les besoins. « Ils nous ont dit: je ne veux voir qu’une seule tête, se souvient Pascal Kuczynski, délégué général de l’Adullact. Nous voici animateurs d’un ensemble de collectivités locales alors que le décideur, c’est la Dinum. Chez un éditeur classique, on appelle cela des groupes d’utilisateurs. La différence est que l’Adullact n’a rien à vendre, si ce n’est une adhésion. »»
Autre mention dans cet article, le cas de La Rochelle:
« »Faire de l’open source est un surcoût, mais c’est aussi une exigence de qualité », pense David Berthiaud, au sein de la direction de la transformation numérique de La Rochelle agglo (28 communes, 171.800 hab.). Dans son projet phare « La Rochelle zéro carbone », l’agglo a éprouvé le besoin d’une plate-forme de données pour référencer les indicateurs nécessaires à la réalisation d’un bilan carbone global, à l’échelle du territoire. Le développement de cet outil est réalisé par des prestataires qui ont l’obligation de diffuser gratuitement leurs productions. « Nous avons imposé une licence Apache 2.0 dans notre marché public en tant que motif non négociable », éclaire David Berthiaud.»
Last but not least, la Gazette a interviewé Philippe Bareille, chef de projet numérique et «open source officer» à la Ville de Paris.
SFC contre GitHub
La Software Freedom Conservancy (SFC) quitte GitHub pour marquer son désaccord avec les porteurs de projets qui utilisent l’open source pour aboutir à des solutions propriétaires, rapporte Developpez.com. «Copilot, l’intelligence artificielle commerciale de GitHub, est au centre de cette décision dont la Software Freedom Conservancy expose les raisons.»
L’exposé des motifs de la SFC – qui a mis en ligne le site GiveUpGitHub.org – débute ainsi:
«Ceux qui oublient l’histoire la répètent souvent par inadvertance. Certains d’entre nous se souviennent qu’il y a vingt et un ans, le site d’hébergement de code le plus populaire, un site entièrement libre et ouvert (FOSS) appelé SourceForge, a rendu tout son code propriétaire et ne l’a plus jamais ouvert à la communauté. Les principaux projets libres et open source ont peu à peu quitté SourceForge car il s’agissait désormais d’un système propriétaire, contraire à l’esprit d’ouverture qui caractérise la communauté. Les communautés du Libre ont appris que c’était une erreur de permettre à une société de logiciels propriétaires à but lucratif de devenir le site de développement collaboratif dominant du Libre.
SourceForge s’est lentement effondré après le crash de DotCom, et aujourd’hui, SourceForge est plus un appât à liens publicitaires qu’un hébergement de code. Nous avons appris une leçon précieuse qu’il était un peu trop facile d’oublier, surtout lorsque les entreprises manipulent les communautés du Libre à leurs propres fins. Nous devons maintenant réapprendre la leçon de SourceForge avec le GitHub de Microsoft.»
Prothèse open source: «Ma vie était destinée à fabriquer ma main»
Le Trois, média en ligne dédié au nord Franche-Comté, publie un bel article sur Nicolas Huchet, cofondateur de My Human Kit. Cet ancien mécanicien dans l’industrie est devenu batteur, et l’artiste, qui a joué aux Eurockéennes, «s’est battu pour fabriquer ce qui n’existait pas encore. Une prothèse adaptée pour jouer de cet instrument». Il a d’abord galéré avec des prothèses qui tombaient toujours en panne, et pas toujours remboursées. Et en 2012, au salon du numérique à Rennes, c’est le déclic en découvrant les imprimantes 3D.
«Fab Lab, création, prototype en série, rebond, amortisseur à partir de pièces industrielles. L’artiste découvre ce jargon si particulier qui lui permet de développer son art. « En 2012, il y avait un seul prototype de main qui existait en open source (en libre donnée) sur internet. » Puis il découvre des confrères au Japon, en Angleterre. Conçoit des prothèses de plus en plus évoluées. Fait naître son association “My human kit” en 2014 accompagné de ceux qui l’ont aidé dans le Fab Lab. Ils sont désormais sept employés, à Rennes, et voyagent à travers le monde pour échanger sur ce travail. (…)
« Quand j’ai réussi à créer ma prothèse, il s’est passé un truc. Je me suis rendu compte de ma capacité à agir sur moi-même. » Et sa capacité à aider les autres. Il expose n’avoir jamais voulu déposer de brevet. Son cœur de projet repose sur le partage. Il était, pour lui, hors de question de privatiser cette création : elle doit profiter à tous les musiciens qui souhaiteraient l’utiliser. (…) « c’est là que j’ai découvert que ma vie était destinée à fabriquer ma main. »»
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