Initiation tient ses promesses : c’est un sous-produit des slashers des années 90 et 2000, mais en beaucoup plus mauvais, ce qui tient de l’exploit.
Bizutage et réseaux sociaux
L’action se passe sur un campus américain. C’est la semaine d’intégration et les garçons doivent « pointer » les filles, considérées comme faciles. Mais, pour éviter les sanctions, ils s’en tiennent à un simple marquage. Ils doivent mettre un point d’exclamation sur le profil des filles. C’est le premier élément qui ne tient pas la route.
On ne sait pas de quel réseau social il s’agit ni sous quelle forme prend ce marquage : un commentaire sous une publication ? Un tweet ? Un montage photo ? On ne le sait pas. Ce genre de détails pouvait passer au début des années 2000, mais le film a été tourné en 2020.
Aussi horrible que cela puisse paraître, un simple point d’exclamation paraît bien gentillet par rapport à la réalité. Certains campus américains ont été qualifiés d’usines à viols, tant les « débordements » étaient nombreux. Dans le film, on retrouve une jeune fille, inconsciente sur un lit avec deux garçons. On comprend qu’il s’est passé quelque chose, mais la scène n’est pas crédible.
Et surtout : que c’est long. Cette partie, qui pouvait aisément être évacuée en quelques minutes, dix si on est généreux, semble durer la moitié du film. Pour qu’un slasher soit bon, il faut un enchaînement rapide des scènes, puisque généralement, le scénario est cousu de fil blanc.
Héroïnes idiotes
Les cadavres commencent à s’amonceler joyeusement, les victimes étant achevées avec un genre de perceuse, de celle qu’on utilise pour faire des trous dans les murs, pour poser des meubles. C’est peut-être le seul élément qui sauve le film : on avait déjà vu des tueurs adeptes d’outils de bricolage, mais pas encore la perceuse. Malheureusement, la marque et la référence de l’outil ne sont pas indiquées.
Vers la fin du film, le tueur se trouve dans un bâtiment, avec les filles de la sororité qui essaient de s’échapper. À les voir courir comme des poules sans tête, on a presque envie d’indiquer au tueur où elles sont. Le bâtiment a l’air grand comme le Pentagone. Où est-ce qu’elles se cachent ? À proximité du tueur. Il y a des vitres partout et on ne croit pas que ça soit du verre par balles. Au lieu de courir très vite à l’autre bout du bâtiment, de casser une fenêtre et de s’échapper, elles se planquent dans une salle, à côté du tueur. Évidemment, les lignes téléphoniques ne fonctionnent pas. Pourquoi ? On ne sait pas. Le bâtiment est récent, tout a l’air absolument neuf et en bon état, mais les lignes téléphoniques fixes dateraient du siècle dernier.
Une des héroïnes, séparée des autres, se cache dans le jardinet, portable à la main. Elle tente d’appeler les secours, mais le réseau ne passe pas. Elle trahit sa position par la réception de tweets et de notifications de réseaux sociaux. Et bien sûr, elle n’a pas le réflexe d’envoyer un SMS aux services d’urgence. À la place, elle envoie un tweet. C’était très drôle dans Scream queens, c’est pathétique dans Initiation. Si vous ne le savez pas, c’est le moment de faire un rappel.
Aux États-Unis, vous pouvez joindre le 911 par SMS. En France également. Pour les urgences par téléphone, vous appelez le 112. Mais, si pour une raison ou pour une autre, vous ne pouvez pas téléphoner, vous pouvez envoyer un SMS au 114. Ce numéro spécial est prévu pour les personnes sourdes, malentendantes ainsi que pour les personnes confinées.
Tueur improbable
Tout le sel des slashers est de deviner qui est le tueur. On passe tour à tour les suspects et honnêtement, quand son identité est révélée, on ne s’y attendait pas vraiment. Il faut dire aussi qu’on perd très vite le fil, parce que le montage est mauvais et que le directeur photo devrait faire un séjour à Guantánamo. Sauf que si on prend du recul, comme pour le bizutage et les scènes de poursuite dans les bâtiments, on n’y croit pas.
Sans vous révéler de qui il s’agit, disons qu’on a envie de hurler sur la télévision « BONJOUR, ON EST EN 2022, FAIS PREUVE D’IMAGINATION ! ». Première règle dans le film d’horreur : pourquoi tuer quelqu’un quand on peut le torturer ? Cela vaut aussi dans la vraie vie, mais remplacez torturer par tourmenter si vous voulez éviter la case prison. Règle numéro 2 : la mise à mort de la victime doit comporter un message pour effrayer tous les autres, sinon, ça ne fonctionne pas. Or, comme on ne sait pas quel est le mobile, on ne sait pas quel est le but à atteindre. Troisième règle optionnelle : soyez transparent. Faites en sorte de ne pas attirer l’attention. Ce point est respecté dans le film.
Enfin, dernier détail difficile à intégrer : l’absence de cohésion réelle dans la sororité. Les filles de la sororité savent que la fraternité n’a pas bonne réputation, mais elles y vont quand même pour faire la fête. Ce point aurait pu être crédible il y a 10 ans.
Depuis #Metoo est passé par là. Il est difficile de comprendre que des jeunes femmes, parfaitement informées, puissent volontairement se jeter dans la gueule du loup.
On sait qu’Amazon Prime récupère beaucoup de navets et objectivement, certains navets sont bons, notamment les films catastrophes. Mais, vous pouvez passer sans regret votre chemin concernant Initiation, il n’y a rien à sauver, même pas la perceuse, vu qu’on n’a pas les références.
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