Avec PortrAlt, la France vise le statut de leader de l’IA dans la santé

Depuis que ChatGPT a fait son entrée sur le marché, il ne se passe pas une semaine sans qu’une bonne âme ne nous explique à quel point cet outil est dangereux. Certains n’ont même pas de pudeur de violette et proposent carrément son interdiction. Récemment, la CNIL italienne a interdit à l’outil d’être accessible en Italie. En France, a priori, on n’en est pas encore là, quelques plaintes seulement ont été déposées. Néanmoins, cette hypocrisie généralisée commence à devenir franchement usante.

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Dans Zapping Décrypté, on aime ChatGPT. L’IA n’est pas une découverte : avant son arrivée, d’autres outils de génération de contenus existaient déjà. Ils étaient moins performants et beaucoup plus chers. Le grand atout de ChatGPT — en dehors de son prix — est qu’il se comporte à peu près comme un être humain. La courbe d’apprentissage est assez facile et il suffit de passer quelques heures avec l’outil pour lui faire exécuter quelques tâches complexes. Il y a une certaine satisfaction à prendre du temps à construire des requêtes assez complexes, en prenant en compte tous les paramètres. On peut facilement y passer plusieurs soirs d’affilée.

Bien entendu, il se trompe beaucoup et souvent. Il faut l’utiliser au quotidien pour comprendre ce qu’il sait faire et ce qu’il ne sait pas faire. Pour des scripts, il lui arrive de tourner en rond. Pour du texte, il a des difficultés à « lire ». Certains mots sont « interdits » et génèrent des réponses automatiques. Mais, pour 20 $ par mois, on peut considérer qu’on en a pour notre argent. C’est un très bon assistant virtuel et il lui arrive d’être plus efficace que Google sur certaines requêtes. On n’abordera pas la partie SEO : il est extrêmement performant, au point que ça devient presque vexant.

Va-t-il ou plutôt l’intelligence artificielle va-t-elle révolutionner en profondeur la société, comme le trompettent certaines personnes sur les plateaux de télévision ? On est encore très loin de Skynet et non, les métiers actuels ne vont pas disparaître. Certains vont tout simplement évoluer vers quelque chose d’autre. Il ne faut pas se figurer qu’il s’agit d’un outil magique. C’est un simple outil, très évolué, mais qui a encore des lacunes, dont sont parfaitement conscients les concepteurs et les utilisateurs très réguliers.

Surveillance d’État : 404 de la CNIL

Là où on s’interroge, c’est sur le prétexte de l’utilisation des données personnelles. Si vous avez suivi l’actualité parlementaire, il ne vous a pas échappé que dans le cadre des Jeux olympiques, une expérimentation à base de vidéosurveillance algorithmique va être mise en place. Ce sujet a fait couler moins d’encre que ChatGPT et pourtant, sur le plan de la vie privée, il est tout de même plus grave.

Tous les jours, nos données personnelles et notre vie privée sont quasiment en open-dada par les services de l’État. Presque n’importe qui peut accéder à des fichiers de police. Nous sommes forcés de donner des documents d’identité en ligne pour accéder à nos droits. Avec cette crainte que cela puisse se retrouver sur la place publique. Sans parler des banques et des agences immobilières. Une banque peut vous demander en toute tranquillité votre dernier avis d’imposition et une foule de documents personnels, sur la base de justifications vaseuses. À aucun moment, vous ne savez ce qu’ils en font, qui va les consulter et comment ça sera stocké. Même chose pour les agences immobilières : on vous demande énormément de documents personnels.

La différence avec ChatGPT ? Personne ne vous oblige à utiliser ChatGPT alors que vous êtes obligé d’avoir un compte en banque, un hébergement et que l’État stocke énormément d’informations sur les citoyens. Pendant ce temps-là, la CNIL est aux abonnés absents. C’est peu dire qu’on a fait un cinéma hors norme pour vanter les bienfaits du RGPD. On aimerait bien que le texte serve aussi à encadrer l’État et pas uniquement trois marketeux. En France, l’intégralité de notre vie est en accès libre pour les agents de l’État et assimilés (et surtout, de plus en plus de contractuels).

Un agent Pôle Emploi peut vous demander vos relevés de comptes bancaires pour être sûr que votre tante ne vous a pas légué un peu d’argent. Un agent d’État civil peut décider que non, vous ne vous appelez pas comme vous vous appelez. Les collectivités territoriales peuvent fleurir les rues avec des caméras de surveillance à tous les coins de rue et entre les coins. Si votre nom arrive sur la place médiatique, vos arrestations, vos contraventions, vos hospitalisations seront doctement racontées. Si vous en doutez, regardez le cas de Pierre Palmade.

Images trompeuses

On ne peut pas dire qu’il n’existe pas de graves violations de vie privée, bien au contraire. Mais, on s’attaque à ChatGPT avec un bazooka alors qu’il est un moustique par rapport à tout ce que les citoyens doivent subir de la part de l’État. Le seul réel « danger » à court terme concernant ChatGPT et consorts est la génération d’images.

Des petits malins ont utilisé l’intelligence artificielle pour générer des images d’actualité, qui ont beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Problème : ce n’était pas annoncé comme étant des images générées par intelligence artificielle. Sur ce point, il y a un risque pour l’information. Néanmoins, cela peut être une opportunité pour les médias. En effet, cela devrait les pousser à n’embaucher que des photos-reporters et à mettre en avant la véracité de leurs images. Ils devraient aussi prendre le pli de créditer systématiquement les photos qu’ils utilisent, directement sur les photos, comme le fait l’AFP ou Alamy.

Sur le plan technique, il y a des progrès à faire pour détecter « à coup sûr » une image générée par intelligence artificielle. Certains outils, accessibles au grand public, existent déjà sous la forme d’extension de navigateur, mais, il faut apprendre « à lire » une photo et même comme cela, on n’est absolument pas certain que l’image ne soit pas truquée ou modifiée ou générée par intelligence artificielle.

En réalité, en dehors de la question des photos, qui est assez spécifique et qui peut se régler par l’adoption de bonnes pratiques au sein des rédactions, il n’y a pas de « sujet » ChatGPT ou intelligence artificielle à ce stade. Peut-être qu’on assiste simplement à une réaction de rejet de la part de gens bien établis, qui craignent d’abord pour leurs propres positions sociales et professionnelles, sous couvert de s’inquiéter du bien-être des individus.     

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