23 médailles d’or en quatre Jeux olympiques, entre 2004 et 2016, dont 13 en individuel. Il suffit de regarder son palmarès aux Jeux pour prendre la mesure de la carrière hors du commun du nageur américain Michael Phelps. Celui qui a régné en maître sur la natation mondiale pendant 15 ans — et qui a même fait mieux que Leonidas de Rhodes, 12 médailles olympiques au IIe siècle avant J-C — est à la Maison de la Radio et de la Musique, ce jeudi 22 septembre, pour partager ses réflexions sur l’avenir du sport.
Il reviendra aussi sur son incroyable carrière pavée d’or, qui s’est achevée dans le bassin de Rio de Janeiro, aux Jeux olympiques 2016, le 13 août.
Ce jour-là, pour la dernière course de sa carrière, Michael Phelps s’envole en papillon et remporte sa 28e médaille olympique, la 23e en or, en s’imposant avec l’équipe américaine au relais 4 x 100 m 4 nages.
S’il y a une année à retenir dans la carrière de Michael Phelps, c’est bien 2008. Aux Jeux olympiques de Pékin, en Chine, le nageur américain réalise une performance historique, en remportant toutes les courses dans lesquelles il était aligné. Il ramène avec lui huit médailles d’or, et dépasse ainsi le record de Mark Spitz, un autre nageur américain, qui avait remporté sept médailles d’or aux Jeux olympiques de Munich en 1972.
En 2008, le nageur français Alain Bernard, champion olympique du 100 m nage libre, était lui aussi aligné aux Jeux de Pékin, et il reste marqué par la rigueur de la « machine » Phelps. « Il enchaîne les courses à un rythme effréné, à un niveau indescriptible. Il était conditionné pour ça, un peu en mode machine. Tous ses protocoles de récupération, ses passages en zone mixte devant la presse, tout était régulé, tout était calé. Il n’y avait presque pas d’émotion finalement« , se souvient-il.
« Je garde le souvenir de la machine à gagner. Aujourd’hui, on n’envisage pas quelqu’un qui puisse remporter huit médailles d’or lors d’une même olympiade. »
Alain Bernard, nageur françaisà franceinfo
Même depuis qu’il a pris sa retraite il y a six ans, Michael Phelps reste la référence pour de nombreux nageurs aujourd’hui. Il fait figure de modèle indépassable, il est celui qui a fait rêver, qui a inspiré par ses performances. C’est aussi un nageur qui a révolutionné son sport par sa technique. « Les parties non nagées, c’est lui qui a été le précurseur, en tout cas à des vitesses élevées« , confie par exemple Yohann Ndoye-Brouard, jeune nageur français qui vise une médaille à Paris 2024.
« Il était vraiment aquatique, il a changé le monde de la natation », poursuit le jeune Français, pour qui Michael Phelps a un « physique type du nageur : un grand buste, des jambes un peu plus petites. » « Il est formé un peu comme un bateau, avec une grande cage thoracique« , résume-t-il. Pas le plus grand des nageurs par la taille, mais le plus grand de toute l’histoire.
Il y a les podiums, les victoires et les flashs des photographes, mais derrière la lumière, il y avait aussi un homme en souffrance. Michael Phelps a été l’un des premiers à parler ouvertement de santé mentale et de dépression. Cette question est aujourd’hui timidement abordée, mais elle est survenue à plusieurs reprises l’année dernière, notamment quand la gymnaste américaine Simone Biles ou la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka, ont ouvertement évoqué leur mauvaise santé mentale.
À l’époque de Michael Phelps, la question était encore complètement taboue. Le nageur a pourtant sombré après le faste de ses nombreux succès : cannabis, alcool et idées noires. Il s’était confié il y a deux ans dans le documentaire Le poids de l’or, qu’il avait produit pour HBO, et dans lequel lui et plusieurs athlètes racontaient leurs problèmes de santé mentale.
« La police m’a arrêté, j’étais une épave, une épave. J’étais assis dans cette pièce, je ne buvais rien, je ne mangeais rien, j’étais juste assis, et je pleurais« , relate-t-il, face caméra. « Je me suis dit : tout se termine devant mes yeux. Et là, j’ai pensé : et si je mettais un terme à tout ça ?« , ajoute le nageur, très ému.
Devenir un champion de haut-niveau tel Michael Phelps, ce sont des sacrifices. Toute la vie d’un athlète de cette envergure est tournée vers la performance. Il faut sublimer le corps jusqu’à se mettre en danger, jusqu’à oublier qu’on peut aussi être mal dans sa peau. Pourtant, le besoin de parler est essentiel à ce niveau.
« Il fallait beaucoup de courage pour qu’une star évoque sa dépression de manière aussi fluide et transparente« , se souvient Meriem Salmi, psychologue qui a accompagné de nombreux athlètes. « Ça a été un coup de tonnerre, même dans le monde sportif, personne ne s’y attendait. Ça a permis, en tout cas, que les gens s’interrogent« , se félicite-t-elle aujourd’hui.
« Cette question de la dépression était inentendable dans ce monde-là, parce qu’on assimile la performance à la puissance et qu’on enlève l’aspect humain. Il ne faut jamais oublier que ce sont des humains. »
Meriem Salmi, psychologueà franceinfo
Aujourd’hui, Michael Phelps va mieux et il est reparti de l’avant. À 37 ans, il est marié, père de trois enfants. Et il s’est donné une mission, loin des bassins : alerter inlassablement sur la santé mentale des athlètes.
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