Quand la Brabançonne a retenti sur le podium de Wollongong (Australie), les larmes ont envahi le visage poupon de Remco Evenepoel. Elles succédaient au doigt posé sur sa bouche, quelques minutes plus tôt lors de son passage de la ligne, pour célébrer son premier titre de champion du monde, dimanche 25 septembre. Un geste comme pour répondre aux critiques qui se sont souvent abattues sur l’impétueux belge. Mais celles-ci n’ont plus vraiment voix au chapitre tant son sacre mondial finit d’asseoir sa domination.
« Je suis super heureux. je rêvais d’être champion du monde. Un Monument, une classique, un grand tour, le Mondial : j’ai tout gagné cette année, c’est incroyable », n’en revenait pas le nouveau détenteur du maillot arc-en-ciel après sa victoire. Grâce à ce titre, celui qui n’a troqué le football pour le cyclisme qu’en 2017 devient d’ailleurs le premier vainqueur d’un Monument (les cinq plus grandes classiques cyclistes), d’un grand tour et du Mondial depuis Bernard Hinault en 1980. Alfredo Binda (1927) et Eddy Merckx (1971) étant les deux autres coureurs à avoir réalisé cette prouesse.
Ce succès couronne surtout une saison exceptionnelle et son retour au premier plan. « Ce n’est pas un hasard si c’est Remco (Evenepoel) qui gagne. Il a été très fort et pas qu’aujourd’hui. Il a fait une saison extraordinaire », a même salué le double champion du monde sortant Julian Alaphilippe, au micro de France Télévisions.
Deux ans après sa chute gravissime dans un ravin sur le Tour de Lombardie et plus d’un an après sa reprise de la compétition, Remco Evenepoel a confirmé son retour au premier plan. Voire au-delà puisqu’il a prouvé qu’il pouvait gagner sur presque tous les terrains.
Son premier coup d’éclat a lieu chez lui, en Belgique. Fin avril, le Flamand s’impose sur Liège-Bastogne-Liège. En accrochant la doyenne des classiques devant ses compatriotes Quinten Hermans et Wout van Aert, l’enfant de Schepdaal est entré dans une autre dimension, celle des vainqueurs de Monument. « Je peux dire aujourd’hui que je suis revenu à mon meilleur niveau et que je suis parmi les meilleurs du monde », clamait-il après sa victoire remportée dans un scénario similaire à celui de son sacre mondial, avec une attaque surpuissante à moins de 30 kilomètres de l’arrivée.
Sur Liège-Bastogne-Liège, il succédait déjà à Philippe Gilbert, dernier Belge à lever les bras dans La Cité ardente (2011). Il a reitéré la performance sur les Mondiaux, dix ans après son ainé. « Je ne pouvais pas rêver avoir un plus beau successeur au titre mondial », a justement commenté le futur retraité sur son compte Twitter.
Proficiat @EvenepoelRemco ! Je ne pouvais pas rêver avoir un plus beau successeur au titre mondial! #belgium #championdumonde pic.twitter.com/Ebsei7PJmH
— Philippe Gilbert (@PhilippeGilbert) September 25, 2022
Après une deuxième victoire consécutive sur la Classique de Saint-Sébastien (Espagne), fin juillet, avec une facilité déconcertante, Remco Evenepoel s’est ensuite présenté au départ de la Vuelta. Il arrivait plein d’ambition pour sa deuxième expérience sur un grand tour, plus d’un an après un Giro compliqué qu’il avait fini par abandonner. C’était alors son retour à la compétition, neuf mois après sa violente chute sur le Tour de Lombardie.
« Le petit cannibale » était donc particulièrement scruté sur les routes ibériques. Il s’est montré à la hauteur des attentes en dominant le Tour d’Espagne de la tête et des épaules. Quinze jours avec le maillot rouge de leader au général et deux victoires d’étape dans la musette pour devenir le premier Belge à remporter un grand tour depuis Johan De Muynck en 1978.
Les doutes qui l’escortaient sur sa capacité à briller sur trois semaines ont volé en éclat. Le champ des possibles s’est encore aggrandi pour le fils de Patrick Evenepoel, cycliste professionnel dans les années 1990.
Deux semaines plus tard, le clou d’une saison royale a été planté à Wollongong (Australie). Sa troisième place, dimanche dernier, sur le contre-la-montre avait engendré des interrogations sur la forme du coureur de l’équipe Quick-Step Alpha Vinyl. Sur le parcours de la course en ligne dessiné au sud de Sydney, Remco Evenepoel y a répondu de la meilleure des manières.
Les Championnats du monde n’étaient pourtant pas un bon souvenir pour le prodige. L’année dernière, lors des Mondiaux disputés à domicile, à Louvain (Belgique), il avait mis le feu aux poudres de l’équipe belge pour ne pas avoir respecté la tactique articulée autour de Wout van Aert. Cette année, ils étaient tous les deux leaders de l’équipe et la performance audacieuse du rouleur a payé.
« On a couru en équipe aujourd’hui, on voulait ramener le maillot en Belgique, a commenté le nouveau champion du monde sur France Télévisions. Que ce soit Wout (van Aert) ou moi c’était pareil. Lui avait comme consigne d’attendre et moi d’attaquer plus tôt, c’est ce que j’ai fait. »
La pression légitime d’un tel événement n’a eu aucune influence négative sur le Flamand. Celle imposée à chaque sortie par le maillot irisé est évidemment différente mais rien ne semble entraver l’ascension délirante de Remco Evenepoel. La prochaine étape doit le mener inévitablement vers le Tour de France. En espérant que le champion du monde y soit présent dès 2023…
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