Les recruteurs américains s’entraînent déjà à prononcer son nom. A 18 ans, Victor Wembanyama, qui vient de quitter l’Asvel pour s’engager lundi 4 juillet avec les Metropolitans 92 de Boulogne-Levallois, est attendu comme la nouvelle pépite du basket tricolore. S’il n’est pas encore connu du grand public, le prodige de 2,19 m risque très vite de voir sa notoriété dépasser les frontières françaises, tant la plupart des observateurs lui promettent à un avenir glorieux en NBA.
« Il faisait ma taille, 1,70 m, vers 8 ans. Et quand il avait 5 ans, tout le monde pensait qu’il en avait 10 », sourit à l’AFP Emmanuel Saravas, son ancien coach en poussin à l’Entente Le Chesnay-Versailles, son premier club. C’est dans cette commune des Yvelines que le petit Victor commence à manier la balle orange. « On se doutait qu’il allait avoir un corps pour jouer au basket de haut niveau : sa maman fait 1,91 m, le papa fait 2,05 m », poursuit son premier entraîneur. Surtout, au-delà de la taille, les deux parents sont passionnés de basket et de sport. La mère fut joueuse, entraîne au Chesnay-Versailles et surveille de près les débuts de son fils, tandis que le père, ancien athlète de saut en longueur, est préparateur physique. Un cadre familial qui n’est pas sans rappeler les Parker, Diaw ou Batum.
Wembanyama est du genre précoce. A 10 ans, le jeune Victor rejoint les Hauts-de-Seine et le Nanterre 92, avant d’en intégrer le centre de formation quatre années plus tard. Là, il franchit rapidement les échelons, toujours surclassé, au point de faire ses débuts en pro, en coupe d’Europe, à 15 ans. La même année, il est mentionné dans un article du puissant média américain ESPN qui le qualifie de « licorne en développement ». Une référence à ses mensurations inédites, couplées à son bagage technique au-dessus de la moyenne.
L’été dernier, Wembanyama gagne un peu plus en notoriété lors du championnat du monde U19, où la France finit avec la médaille d’argent, battue de seulement deux points par les Etats-Unis en finale. Le jeune talent est retenu parmi les cinq meilleurs joueurs de la compétition, seulement quelques jours après avoir obtenu son bac avec mention et… un an d’avance.
Chez les professionnels, le phénomène continue de faire tout plus vite que les autres. Après deux saisons en Betclic Elite (1ère division), une à Nanterre puis une à l’Asvel, Wembanyama rafle deux fois d’affilée le trophée de meilleur jeune du championnat. Ces vingt dernières années, trois joueurs avaient été distingués de la sorte (Nicolas Batum, Evan Fournier et Frank Ntilikina) et ils ont tous fait carrière en NBA. « J’ai confirmé que je pouvais dominer en Betclic Elite et en Euroligue », affirme l’intéressé au micro de Bein Sport, sûr de son talent.
L’histoire du basketball est émaillée de jeunes espoirs aux mensurations gigantesques mais qui manquent, au choix, de finesse technique ou de capacité à répéter les efforts physiques. Si Victor Wembanyama est l’objet de toutes les convoitises, c’est parce qu’il a le potentiel pour cocher toutes ces cases. Au cours de ses deux saisons dans le monde professionnel, il a montré des qualités de marqueur, de passeur et de défenseur redoutable, le tout avec un jeu de jambes coordonné, une mécanique de tir propre et une capacité à multiplier les aller-retours sur le terrain. Cerise sur le gâteau, le colosse est plutôt adroit aux lancers francs, l’habituel pêché mignon des joueurs au grand gabarit. En moyenne, il a fini avec 70% de réussite dans cet exercice cette saison à l’Asvel.
Les recruteurs américains ont une expression consacrée pour définir le potentiel de Victor Wembanyama : ils parlent de « talent générationnel ». A l’image des Tony Parker en France, Lebron James ou récemment Luka Doncic, il fait partie de ces joueurs qui n’apparaîtraient qu’une fois par génération. Pas étonnant qu’il caracole déjà en tête de la listes des talents qui devraient intégrer la NBA en 2023.
Allez on commence, le 2vs2 à commencé comme ça … @rudygobert27 @viinze_17P #WeAreJSF pic.twitter.com/cRMaQzLKRT
— Nanterre 92 (@Nanterre92) October 17, 2020
Son match d’entraînement en « deux contre deux » face à deux joueurs français de NBA, l’ex star du Utah Jazz Rudy Gobert et Vincent Poirier (à l’époque au Boston Celtics), n’a fait qu’augmenter les attentes autour de lui. La vidéo, publiée sur Twitter en 2020, a été regardée plus d’un million de fois.
Seule ombre au tableau : le physique. Wembanyama reste frêle, même s’il a énormément progressé sur cet aspect à Nanterre puis à l’Asvel. En 2020, Philippe Da Silva, qui l’a entraîné lors de son passage à Nanterre, signalait dans les colonnes de Ouest-France qu’il manquait encore quelques kilos au géant pour pouvoir rivaliser avec les gros gabarits d’Euroligue puis de NBA. « Depuis deux ans, avec le travail du préparateur physique, Victor a gagné 23 kg ! Il pesait 72 kg au moment où il intègre le centre de formation et là, il en pèse 95 », révélait l’assistant de Pascal Donnadieu à Nanterre.
Autre point faible, il est sujet aux blessures. A Nanterre, une fissure du péroné l’a écarté des terrains pendant huit semaines en 2020. Cette saison à l’Asvel, Victor Wembanyama a connu trois complications : une contusion osseuse à l’épaule droite, une fracture au doigt, et une blessure musculaire au psoas qui l’a empêché de participer aux finales du championnat de France. Même si cela pourrait refroidir l’intérêt de certains recruteurs en NBA, rares seront les écuries nord-américaines qui ne prendront pas le pari de miser sur lui. Et ceci dès 2023, l’année à partir de laquelle il sera éligible pour être recruter dans la grande ligue.
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