Après neuf étapes, le Tour de France 2022 n’est pas encore à mi-course mais a déjà livré de nombreux enseignements. Tadej Pogacar a déjà fait main basse sur ce qui est sa propriété depuis maintenant deux ans, le maillot jaune. Primoz Roglic continue son histoire contrariée avec la Grande Boucle, alors que les Français, s’ils n’ont toujours pas gagné, ont encore beaucoup de choses à jouer d’ici Paris. Voici le bilan de la première semaine de cette 109e édition.
Les gagnants : Tadej Pogacar et Wout van Aert monopolisent l’attention
Le consultant France Télévisions Thomas Voeckler l’affirme : « Wout van Aert est le grand bonhomme de la première semaine. » Trois fois deuxième sur les étapes au Danemark, vainqueur à Calais puis à Lausanne, Wout van Aert a porté le maillot jaune avec panache avant de revêtir la tunique verte. Au classement par points, il compte près du double d’unités sur son poursuivant, Fabio Jakobsen. « Ce qu’il a fait à Calais est exceptionnel et il a animé chaque étape », souligne Thomas Voeckler.
Le maillot jaune, Tadej Pogacar, est bien sûr l’autre grand gagnant après neuf étapes. Double vainqueur d’étape, à Longwy et à la Super Planche des Belles Filles, le Slovène a déjà marqué les esprits, avec une équipe bien organisée autour de lui pour contrôler la course. Pour autant, selon Thomas Voeckler, le suspense n’est pas encore tué. « Il n’a pas encore gagné le Tour, il n’a pas assommé la concurrence comme l’an dernier. Puis Jonas Vingegaard est encore plus fort qu’en 2021 et a désormais toute son équipe pour lui. Il sera le seul à pouvoir concurrencer Pogacar. »
Enfin, Magnus Cort Nielsen, qui a porté le maillot à pois jusqu’à dimanche, a été l’un des principaux animateurs de ce début de Tour, notamment sur ses terres, au Danemark. « Il a passé beaucoup de temps en échappée, a fait honneur à son maillot à pois et a gagné en popularité », résume Thomas Voeckler.
Les perdants : Primoz Roglic va devoir épauler Jonas Vingegaard
Annoncé comme l’un des favoris pour la victoire finale, Primoz Roglic accuse déjà un retard de près de trois minutes sur Tadej Pogacar. « C’est le grand perdant de ce début de Tour, loin devant les autres, estime Thomas Voeckler. Ce n’est pas de sa faute, parce qu’il a chuté sur l’étape des pavés et n’a rien pu faire, il joue de malchance. » Quel rôle va-t-il désormais occuper au sein de son équipe, Jumbo-Visma, alors que Jonas Vingegaard semble en devenir l’unique leader ? « Je pense qu’ils vont se servir de lui pour déstabiliser Pogacar, parce qu’il n’est pas non plus à la rue. Ils vont l’utiliser autrement, parce qu’ils doivent aller chercher le maillot jaune », répond le consultant France Télévisions.
Ben O’Connor, le leader d’AG2R Citroën, quatrième au classement général l’année dernière, a, lui, totalement raté sa première semaine, avec 50 minutes de retard au classement général. « Il a chuté lui aussi, au Danemark, et ne s’en remet pas. On voit bien qu’il a du mal à pédaler », observe Thomas Voeckler. Le sprinteur de la Lotto-Soudal, Caleb Ewan, a lui aussi manqué de belles occasions de briller. « Il y avait plusieurs arrivées au sprint sur les premières étapes, alors qu’il n’y en aura plus beaucoup jusqu’à Paris, et il n’y a pas bien figuré », explique l’ancien coureur.
Les interrogations : Mathieu van der Poel retrouvera-t-il ses jambes ?
Qu’arrive-t-il à Mathieu van der Poel ? Habitué à dynamiter la course sur les profils plats ou vallonnés, le Néerlandais, a traversé la première semaine comme un fantôme, laissant le champ libre à un Wout van Aert qui n’en demandait pas tant.
Visiblement fatigué, Van der Poel semble trop juste et apparaît lâché dès qu’on l’imagine jouer la gagne. « Il est mieux, mais normalement il est capable de tenir la dragée haute à Wout van Aert. Il y a un regret de ne pas les avoir vus se confronter. On est tellement habitués depuis leurs jeunes années à ce qu’ils soient dans le même registre. Avec le vrai Mathieu van der Poel, on aurait eu un spectacle encore plus magnifique », constate Thomas Voeckler. Le 101e au classement général dispute seulement son troisième Grand Tour, et découvre l’enchaînement Giro-Tour si difficile à gérer.
L’autre grande interrogation concerne le haut du classement. Avec trois hommes dans le top 10 (quatre samedi avant la défaillance de Daniel Martinez), Ineos Grenadiers s’avance en position de force pour bousculer Tadej Pogacar. Avec Geraint Thomas 3e (à 1’17), Adam Yates 4e (à 1’25) et Thomas Pidcock 7e (à 1’46), les Britanniques semblent les mieux armés pour prendre en étau le prodige slovène, mais ils n’ont encore dévoilé aucune carte. « Je ne sais pas ce qu’ils préparent. Ils sont conscients que Pogacar est plus fort à la pédale. Il faut rivaliser d’imagination pour déstabiliser UAE, et on ne sait pas lequel des trois est le plus en forme parce que la montagne vient de commencer », précise le consultant de France Télévisions.
Les Français : Gaudu et Bardet au rendez-vous, Pinot vise un coup
Il n’y a pas eu de victoire française lors de ces neuf premières étapes, mais le bilan est pourtant plutôt convaincant. David Gaudu (5e) et Romain Bardet (6e) se suivent au classement, en embuscade derrière les favoris. Tous les deux ont évité les pièges de la redoutable première semaine, tout comme le régulier Aurélien Paret-Peintre, 13e et troisième Français. « Ils sont là où ils ont les moyens d’être. Ils sont idéalement placés, donc mention très bien », se réjouit Thomas Voeckler. D’autres coureurs moins connus se sont aussi placés en début de Tour : Jérémy Lecroq, Hugo Hofstetter, Benjamin Thomas et Christophe Laporte ont chacun figuré dans le top 10 lors d’au moins une étape.
Les coureurs tricolores ont encore tout à jouer. Thibaut Pinot, qui a vécu une journée galère la veille, en a donné un aperçu dimanche. « Pour les autres Français, ils n’avaient pas le profil pour les étapes. Sur les sprints, les meilleurs sprinteurs tricolores sont absents, et ensuite ils n’ont pas brillé sur les étapes parce qu’ils ont dû travailler auprès de leurs leaders. Ils n’ont pas pu exprimer tout leur potentiel, et la preuve c’est que quand Thibaut Pinot a un bon de sortie, il répond présent », conclut Voeckler. Il s’agit notamment de perpétuer une tradition : depuis 1999, un coureur tricolore l’a toujours emporté au moins une fois durant le Tour de France.
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