Plusieurs milliers de supporters des Girondins ont manifesté dans le centre-ville de Bordeaux, le 9 juillet 2022, peu après la confirmation en appel de la relégation du club en National 1. (MAXPPP)

Dix des dix-huit parlementaires de Gironde ont adressé une lettre à Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, afin qu’elle reçoive une délégation des Girondins de Bordeaux. Cette réunion doit avoir lieu mercredi. Relégué en National 1 par la commission d’appel de la DNCG, le club sera entendu par le CNOSF jeudi 21 juillet, dans un ultime recours pour sauver sa peau en Ligue 2. Si cette décision est confirmée, elle devrait s’accompagner d’un dépôt de bilan, condamnant le club à évoluer en National 3, la cinquième division.

Plusieurs points ont été soulevés pour motiver la rétrogradation des Girondins le 5 juillet, à commencer par une dette très importante, même si le président Gérard Lopez a annoncé un accord avec les créanciers américains pour la réduire. De son côté, Nathalie Delattre (Parti radical), vice-présidente du Sénat, sénatrice de la Gironde et élue au conseil municipal de Bordeaux, a partagé la lettre envoyée à la ministre sur les réseaux sociaux. Elle en détaille les contours, et les raisons qui l’amènent à s’investir pour sauver le club d’une dégringolade historique.

Franceinfo: sport : Cette mobilisation des parlementaires locaux peut-elle avoir une réelle influence sur la décision finale de la DNCG ?

Nathalie Delattre : Je le pense. De toute manière, saisir les tribunaux sera trop tard, puisque la Ligue 2 reprendra dix jours plus tard. Tout repose sur la compréhension des pièces comptables par le CNOSF, une délégation de service public consultative, et l’avis que peut se faire la ministre. Elle a d’abord dit qu’elle ne voudrait pas rentrer dans la décision, et là, elle accepte de recevoir le club. On apporte notre pierre à l’édifice. Si les Girondins sont relégués, l’équipe féminine sera touchée, 300 emplois seront menacés…

Est-il du ressort du politique d’exercer cette sorte de « pression » auprès de la ministre pour un club de sport ?

Il y a le côté affectif, on reçoit des messages de soutien. Mais ce club est aussi une unité économique importante. Je me bats pour des entreprises. On s’est mobilisés pour le site de Ford à Blanquefort, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas pour un club sportif qui a un impact sur la vie de Gironde. Je trouve normal de répondre aux interpellations que l’on reçoit de la part du club, des supporters ou des partenaires.

Vous parlez des emplois, mais un plan social est déjà prévu par Gérard Lopez après la relégation en Ligue 2…

Oui, c’est évident. On peut entendre de la part de la DNCG qu’il ne s’agit pas ici de n’importe quel management. Mais aujourd’hui, il n’y a pas d’autre solution. Bien évidemment, si le CNOSF ouvre un dialogue, tout cela sera regardé par la suite.

Pensez-vous, comme lui peut l’affirmer, que cette décision est diligentée contre Lopez plus que contre le club ?

C’est un sentiment. Les relégations [administratives] sont, en grande majorité, la conséquence de cessation de paiement des clubs. Là, ce n’est pas le cas. Les attendus sont parfois mal compris, toutes les hypothèses peuvent s’ouvrir. Vous le voyez sur les réseaux sociaux, il y a des interrogations. On ne peut pas faire l’économie de se poser la question.

Plusieurs milliers de supporters des Girondins ont manifesté dans le centre-ville de Bordeaux, le 9 juillet 2022, peu après la confirmation en appel de la relégation du club en National 1. (MAXPPP)

Il s’agit tout de même d’un dirigeant qui préfère rajouter une ligne de crédit lorsque la DNCG lui demande d’ajouter des fonds propres. La question se pose-t-elle, pour les pouvoirs publics, de continuer sans lui ?

Je ne prends pas la défense de monsieur Lopez ! On est saisis car le club est dans une situation catastrophique. Je ne pense pas qu’aller à la liquidation judiciaire soit une solution. Ce qui est intéressant, c’est que la ministre puisse parler de cela avec le dirigeant, et que lui-même se pose les bonnes questions. Il faut initier ce dialogue.

Le sentiment est que les réactions politiques arrivent tard. Les arrivées du fonds d’investissement GACP (en 2018) puis de Gérard Lopez (en 2021) avaient été accueillies positivement. Vu l’état du club depuis, cela peut interpeller…

Oui, cela peut interpeller. Mais quand on est face à un club confronté au départ de M6 (propriétaire de 1999 à 2008) et qu’une solution s’offre à vous… On peut aussi se dire qu’avec les partenaires locaux, les choses pouvaient être différentes et donner une chance au fait que cela fonctionne. Quand je parlais avec les Ultramarines (principal groupe ultra des Girondins), j’avais des retours positifs de leur part sur la direction. A un moment donné, les langues ne se délient pas toujours facilement. Quand ça se complique, oui, on en parle aux politiques et on prend part au dossier.

« Je suis allée quelques fois au stade, j’avais des retours négatifs sur les résultats, mais pas forcément sur le reste. »

Nathalie Delattre, vice-présidente du Sénat

à franceinfo: sport

A posteriori, regrettez-vous d’avoir émis des avis favorables concernant les différents rachats depuis 2018 ?

Il ne faut pas vivre dans les regrets ou les remords. Il faut essayer de voir comment avancer sur le dossier pour éviter la liquidation judiciaire. Je préfère être dans le pragmatisme et tirer les leçons de cela. Mais si cela arrive, on sera plusieurs à être très vigilants par la suite.

Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.

Laisser un commentaire