Les plongeurs sautent le pas et se lancent à corps perdu dans le ciel de Rome pendant près d’une semaine, à partir du lundi 15 août. Sous la canicule, six Français sont en lice (Gary Hunt, Naïs et Jade Gillet, Robin Georges, Jules Bouyer et Gwendal Bisch) sur les différentes épreuves au programme des championnats d’Europe de natation.
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Discipline méconnue et souvent réservée aux spécialistes du genre, le plongeon ne bénéficie pas d’une aura importante auprès du grand public français. Il reste souvent compliqué d’en comprendre les rouages. Le Français d’origine chilienne Daniel Azorin est le seul juge international français présent à Rome. Celui qui officie depuis plus de 30 ans dans les compétitions internationales lève le voile pour franceinfo: sport sur la façon dont sont notés les plongeurs.
Quatre épreuves sont au programme en individuel (plongeon et haut plongeon), sur le tremplin à 1 et 3 mètres puis sur la plateforme à 10 mètres. Pour le haut plongeon, les hommes s’élanceront d’une hauteur de 27 mètres contre 20 mètres pour les femmes. Pour le concours synchronisé (deux plongeurs sautent en même temps), deux épreuves sont jugées, à 3 et 10 mètres. Tous les athlètes passent par des éliminatoires au terme desquels seuls 12 d’entre eux pourront se qualifier en finale, sauf pour le Team Event, dont l’épreuve se dispute uniquement sur une phase.
Durant la compétition, en individuel, « les plongeurs sont évalués par sept juges pour chacun de leur plongeon et vont recevoir ensuite une note sur dix. Les filles en font cinq et les garçons vont s’élancer six fois« , explique Azorin.
Pour les épreuves en duo, ce n’est plus seulement l’exécution qui est jugée, mais aussi la synchronisation entre les deux plongeurs durant leur envol. Onze juges sont alors présents pour donner leur évaluation. « Il y a trois juges de chaque côté de la piscine qui vont noter l’exécution des deux plongeurs et cinq autres qui vont, eux, juger la synchronisation du duo« , continue le Français.
« On ne doit voir qu’une seule personne si on regarde de côté, ajoute-t-il. Et puis cela évolue au fil du saut. Un des deux peut sauter plus haut au départ. Là on commence à déduire. De 0,5 à deux points. Si dans la trajectoire, ils ne sont pas ensemble, même conséquence et la note peut baisser très rapidement.«
« Les plongeurs sont évalués sur une note allant de 0 à 10. Sur l’individuel, on enlève les deux meilleures et les deux moins bonnes pour chaque plongeon. Sur les épreuves synchronisées, on enlève la note la plus basse et la plus haute des juges qui évaluent l’exécution. On opère le même procédé pour les ceux qui notent la synchronisation », poursuit Daniel Azorin.
C’est là qu’il faut sortir la calculette. Toutes les notes restantes sont additionnées puis multipliées par le fameux coefficient de difficulté pour le plongeon en question. Les évaluations des différents sauts sont ensuite additionnées et la meilleure note l’emporte.
Sur les cinq ou six plongeons, le coefficient peut ainsi varier sur l’individuel. « Un plongeur doit remplir une feuille de route avant l’épreuve où il annonce ce qu’il va faire durant ses différents plongeons. Combien de figures, le nombre de vrilles, la position de départ, etc. Tout est évalué et on en tire un niveau de difficulté allant de 1,2 à 4,2« , détaille Azorin.
Respecter sa feuille de route est essentiel. « Je juge personnellement la technique. L’idéal pour un juge, c’est d’avoir plongé auparavant. Le départ, la hauteur, la rotation, tout compte. Un bon plongeur va sauter très haut dès le départ. Quelqu’un qui a une bonne technique va terminer son plongeon plus haut. L’entrée dans l’eau, c’est un critère de notation important, mais pas le plus crucial », explique le juge international.
Les figures, elles, sont scrutées à la loupe. Chaque détail compte. « Quand on parle de la position carpée [il se plie], un bon plongeur ne va pas plier les genoux, les autres si. Dans la rotation groupée, il y a ceux qui vont bien serrer les deux jambes et d’autres qui vont les écarter pour accélérer la rotation, mais ça va leur faire perdre des points. La pointe des pieds est aussi essentielle. Elle doit toujours être tendue. Enfin, la distance du plongeoir ne doit pas dépasser un mètre durant le saut. »
Si le zéro pointé reste rare, il peut arriver au très haut niveau. Les Russes en ont fait l’amère expérience aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021. En finale du plongeon synchronisé à 3 mètres, Nikita Shleikher a complètement raté son sixième et dernier plongeon, terminant par un plat qui a aussi pénalisé son coéquipier, Evgenii Kuznetsov.
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