La nageuse Federica Pellegrini, porte-drapeau de l'équipe italienne lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Rio (Brésil), le 5 août 2016. (FRANCK FIFE / AFP)

Quand elle apparaît sur l’écran géant du Stade nautique olympique de Rome, samedi 13 août, la piscine principale cesse d’être au centre de l’intérêt des milliers de spectateurs présents. Des « Fede, Fede, Fede » s’élèvent alors des tribunes, en l’honneur de la légende Federica Pellegrini.

L’Italienne de 34 ans, retraitée depuis décembre 2021, est la marraine de ces championnats d’Europe. La Ville éternelle occupe une place importante dans sa carrière : elle y a triomphé voilà 13 ans, avec deux médailles d’or (sur 400 et 200 m nage libre) et un record du monde à la clé.

La native de Mirano, près de Venise, est devenue une icône dans un pays qui vénère habituellement ses footballeurs et la Scuderia Ferrari. Partout où Pellegrini passe, des bains de foule se créent afin de prendre un selfie avec la championne, lui glisser un mot ou seulement avoir un sourire. Quand les rencontres sont organisées, comme dimanche au Foro Italico, la séance d’autographes tourne parfois à la démesure. La queue peut s’étaler sur des dizaines de mètres.

Certes, d’autres nageurs italiens ont marqué l’histoire. Domenico Fioravanti (double champion olympique en 2000 sur le 100 et le 200 m brasse), Massimiliano Rosolino (champion olympique en 2000 sur le 200 m 4 nages) ou encore Novella Calligaris (championne du monde en 1973 sur 800 m) font partie du « Walk of Fame » et ont ainsi leur nom inscrit sur des plaques au sol avant l’entrée du Foro Italico. Mais aucun n’a explosé les frontières du bassin de natation comme « Fede » l’a fait. 

Son palmarès y est pour beaucoup. Arrivée à 14 ans dans les bassins internationaux, l’Italienne a décroché six titres mondiaux (onze médailles au total), deux breloques olympiques, dont une en or, ou encore sept sacres européens en grand bassin. Elle détient aujourd’hui encore le record du monde sur 200 mètres nage libre

Mais au-delà de l’aspect sportif, Valerio Piccioni, journaliste à la Gazzetta dello Sport, met surtout en avant la résilience de la porte-drapeau de la sélection italienne lors des JO 2016 à Rio. « Elle n’a pas toujours gagné dans sa vie, comme sportive et comme femme. C’est une championne humaine avec ses forces et ses faiblesses. Elle a débuté très tôt. Le public l’a vue grandir, gagner et perdre. Le peuple l’a vue aussi rester debout malgré tout. »

« Federica Pellegrini, c’est un peu l’amie des familles italiennes. »

Valerio Piccioni, journaliste à la « Gazzetta dello Sport »

à franceinfo: sport

Côté privé, ses histoires d’amour tumultueuses avec les nageurs Luca Marin et Filippo Magnini ont ainsi fait la une des médias…  Côté bassins, d’abord abonnée aux deuxièmes et troisièmes places, barrée notamment par Laure Manaudou, Pellegrini a réussi à décrocher son premier titre en grand bassin en 2008 aux championnats d’Europe d’Eindhoven. Pendant trois ans, elle a ensuite régné sur la natation mondiale, avec notamment le titre aux Jeux olympiques de Pékin sur 200 m nage libre. Moins souveraine à partir de 2012, elle a perdu ses titres mondiaux et olympique avant de retrouver son rang de numéro 1 en 2017 sur le 200 m nage libre (Budapest), exploit réitéré en 2019 à Gwangju, son dernier titre mondial. 

« Je pars en paix après avoir vécu tant de moments incroyables. C’était un beau voyage que j’ai aimé du début à la fin », déclarait-elle au moment de sa dernière finale olympique, à Tokyo, en juillet 2021. De fait, celle qui est juge dans l’émission télé « Italia’s Got Talent » depuis 2018 a ouvert les portes de la natation au grand public. Aujourd’hui encore, si les performances de l’Italie sont scrutées, un coup d’œil à l’ensemble des quotidiens sportifs et d’information générale du pays suffit pour constater que l’actualité de celle qui est surnommée « la Divina » (« la divine ») reste suivie de très près. 

Neuf mois après son retrait des bassins, l’ancienne protégée de Philippe Lucas a ouvert une brèche et doit transmettre le flambeau. Les prétendants sont nombreux pour la remplacer. Si la star italienne Gregorio Paltrinieri possède le palmarès et le charisme pour lui succéder, les pancartes n’avaient qu’un nom affiché durant cette semaine romaine : celui de Benedetta Pilato.

Du haut de ses 17 ans, sa bouille d’adolescente cache un caractère bien trempé qui n’est pas sans rappeler celui de Federica Pellegrini. Sans compter un palmarès déjà bien fourni. Championne du monde et d’Europe en titre sur 100 m brasse, elle détient le record du monde sur 50 m brasse. 

Si le Stade nautique olympique s’apparente à un chaudron prêt à exploser à chaque passage des Italiens, la jeune femme de Tarente (Pouilles) fait monter les décibels à des niveaux particulièrement élevés. Pour autant, même en ce début d' »ère Benedetta », ils n’oublient pas pour autant la reine « Fede ».

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