« Le plus grand prospect de l’histoire de la NBA. » Pour son acte de naissance aux Etats-Unis, Victor Wembanyama a transformé son séjour de quelques jours en un plébiscite renversant. Début octobre, le basketteur français a pris part avec son équipe des Metropolitans 92 à deux matchs à Las Vegas contre le G-League Ignite, une équipe composée de joueurs parmi les talents les plus prometteurs de leur génération. Deux rencontres qu’il a survolées (37 puis 36 points notamment) au point de devenir le principal sujet de conversation du microcosme basket à l’heure de la reprise de la saison NBA.
37 POINTS (11-20 FG)
7x 3 points
4 REB
5 BLKLes images de son match face à G League Ignite @Metropolitans92 x @vicw_32 pic.twitter.com/9Aa8RKTOe1
— NBA France (@NBAFRANCE) October 5, 2022
La ligue nord-américaine lui tend les bras dans quelques mois. Mais avant cela, Victor Wembanyama a une dernière saison à jouer en France, à Levallois, et d’abord un match contre Blois, vendredi 21 octobre. L’y attend un raz de marée unique de sollicitations et d’attention, qui a déjà son nom : la « Wembamania ». Avec une traduction très directe : « On a mis en vente les places pour le match de Blois le jeudi 13 octobre, on était à guichets fermés deux heures après, nous explique Alain Weisz, président des opérations basket du club. Quand on est « sold out » habituellement, on le valide l’après-midi du match, pas dix jours avant.«
Pour qui suit de près la balle orange, le joueur de 18 ans est tout sauf une découverte tant l’alliance entre son profil physique (2,21 m, 2,43 m d’envergure) et ses qualités techniques – vivacité, agilité, dribbles, tir extérieur – détonne. Mais la première détonation à l’échelle internationale a bien eu lieu à Las Vegas il y a quinze jours. L’onde de choc est désormais en train se propager dans la France entière, au rythme des journées de la Betclic Elite, le championnat national.
A peine revenus du Nevada, les Metropolitans 92 effectuaient leur premier arrêt par Le Mans, samedi 15 octobre. Pour assister au nouveau festival de l’intérieur (24 points, 9 rebonds et 2 contres avec à la clé une victoire en prolongation), la salle d’Antarès était à guichets fermés, une première cette saison pour le MSB. Un sort habituellement réservé aux matchs contre les deux cadors du championnat, Monaco et l’ASVEL, pour les derbies contre Cholet, ou éventuellement pour les matchs de Noël avec son public familial. Jamais pour les « Mets ». Il n’y avait, le vendredi matin, plus un seul des 6 000 billets à vendre. « En extrapolant, on peut imaginer qu’on aurait pu probablement remplir jusqu’à 8 000 places » nous glisse le club sarthois.
Levallois se frotte les mains. Le club des Hauts-de-Seine tient en ses rangs un talent exceptionnel, le genre à braquer soudainement tous les projecteurs sur lui.
Le phénomène Victor Wembanyama, déjà qualifié d’« alien » par la superstar LeBron James, éblouit aux abords de la capitale. « C’est inouï ce que fait ce garçon, être présent et le voir faire ça à Las Vegas m’a procuré une grande émotion« , nous assure Alain Weisz, qui en a pourtant vu d’autres, lui, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France qui avait notamment lancé un certain Tony Parker chez les Bleus.
Surtout, Victor Wembanyama transcende bien au-delà du petit monde du basket français, qui peine parfois à voir le jour, surtout en région parisienne. « Ce n’est pas seulement la jeunesse d’ici ou les rappeurs qui s’identifient à Victor. Lionel Jospin m’a appelé pour avoir une place, c’est quand même un ancien Premier ministre, poursuit Alain Weisz. On parle de tous les milieux. Ce qui s’est passé aux Etats-Unis a créé un intérêt qui n’était pas imaginable une semaine auparavant.«
Une situation que confirme le club : « Nous constatons une ruée vers les prochains matchs, avec une panique des supporters qui n’arrivent pas à acheter des places parce que la billetterie n’est pas encore ouverte. Nous sommes maintenant obligés de refuser des journalistes pour respecter les normes de sécurité. » Après un gros mois de compétition, les Metropolitans 92 ont déjà vendu près du double de maillots par rapport à toute la saison 2021-2022. 85% sont floqués du nom de Wembanyama !
Les tribunes de la salle Marcel-Cerdan de Levallois, et de toutes les salles du championnat de France, seront aussi remplies d’observateurs avisés. Victor Wembanyama est promis à la première place de la Draft 2023, la sélection en NBA des meilleurs jeunes basketteurs du monde entier, ce qu’aucun Français n’a encore jamais réalisé jusqu’ici. Les franchises de la puissante ligue nord-américaine vont désormais dépêcher leur personnel pour venir analyser en personne le prodige tricolore. « Ce ne sont plus les scouts qui vont venir à Cerdan, ce sont les dirigeants, parfois les présidents des franchises, décrypte Alain Weisz. Des recruteurs, on en a habituellement quatre par saison dans les tribunes. Là, c’est six par match.«
Avec les regards braqués sur son joyau de 18 ans, c’est tout le basket français qui se retrouve dans l’œil des plus fins limiers de la planète. « Un représentant des Sacramento Kings est venu deux jours à l’entraînement observer Victor, et il nous a rejoints au Mans. Cela permet aussi qu’il voit le match des équipes Espoirs et tous les jeunes. »
Pour le néo-international tricolore, cet engouement devrait se poursuivre jusqu’en juin, sauf énorme coup de théâtre. A Las Vegas, Victor Wembanyama a prouvé qu’il ne craignait en rien d’être le centre de l’attention. Bien au contraire : « C’est encore un adolescent, et à 18 ans, on a aussi besoin du regard des autres pour se construire. Lui, pas beaucoup, s’étonne encore Alain Weisz. Il vit comme les autres joueurs, indépendamment de tout ce qui se dit de lui depuis plus d’une semaine. Il l’a déjà en lui, il donne l’impression de ne rien découvrir dans cette ascension irrésistible. Moi qui ai vu beaucoup de joueurs, Victor a vraiment une détermination hors du commun. Elle ressemble beaucoup à celle de Tony Parker.«
« Je suppose qu’il a des failles ce garçon, on en a tous. Mais je n’en ai pas vues jusqu’à présent. »
Alain Weisz, président des opérations basket des Metropolitans 92 et ancien sélectionneur de l’équipe de Franceà franceinfo: sport
« Ses qualités de basketteur, je les admire, mais ce n’est pas ça qui me fascine chez lui, c’est son tempérament et son intelligence, enchaîne Alain Weisz. J’ai toujours été un entraîneur éducateur, j’ai toujours fait attention au développement de mes joueurs. Je suis sidéré de tant de qualités et sang-froid réunis. » Si tant est que ses failles se manifestent un jour, son potentiel sans limite va pouvoir s’exprimer encore pour quelques mois sur nos parquets. L’Hexagone n’a pas fini d’entendre parler de la Wembamania.
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