Sa position était devenue intenable. Le nul concédé contre Toulouse (1-1), vendredi, ponctuant une série de cinq matchs sans victoire, a été fatal à Peter Bosz. L’entraîneur lyonnais a été démis de ses fonctions, dimanche 9 octobre, remplacé par Laurent Blanc. Son départ du banc d’un OL huitième, à neuf points du podium, met en lumière les nombreux dysfonctionnements dont souffrent les Gones, et que le technicien français va devoir réparer.
Zéro pointé contre les gros, un jeu peu probant
Une équipe quelconque du ventre mou. Voilà ce qu’est devenu, à peu de choses près, l’Olympique lyonnais. Souverain contre des équipes de moindre envergure (Ajaccio, Angers, Auxerre, Troyes), les Gones sont incapables de hausser le curseur dès lors que l’adversité se corse. Lorient, Monaco, Paris et Lens ont tous battu l’OL, sans qu’il n’y ait grand chose à redire. Septième attaque et sixième défense de Ligue 1, Lyon n’a pas l’étoffe d’une équipe qui vise, selon son président Jean-Michel Aulas, « le podium ».
Pis, le jeu produit par les Rhôdaniens a aussi largement déçu. Souvent stéréotypés, parfois même sans idées – comme contre Toulouse vendredi dernier -, les Lyonnais ont livré des copies à des années-lumières d’un « beau jeu » martelé par Peter Bosz lors de sa nomination. Les dirigeants lyonnais ont été patients, malgré l’absence de progrès notoires en seize mois et une piteuse huitième place finale lors de l’exercice précédent. Bosz lui-même confessait qu’il « aurait dû être viré » dès la saison dernière. Il n’a pas survécu à ce début de saison morose.
Un effectif déséquilibré par un mercato inachevé
La séquence est devenue, après coups, virale. On y voit Bruno Cheyrou, responsable du recrutement, arguer que d’autres clubs sont « jaloux » du mercato lyonnais. Nous sommes alors début juillet, et l’OL vient de rapatrier Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso. Le début d’une nouvelle ère ? Que nenni, les deux mois estivaux voient l’effectif seulement retouché à la marge. L’arrière gauche Nicolas Tagliafico et le jeune milieu Johann Lepenant sont certes satisfaisants, mais le rendu d’ensemble est trop maigre. L’OL n’a pas, non plus, dégraissé comme il le souhaitait. Des joueurs en instance de départ comme Houssem Aouar, Jerome Boateng ou Moussa Dembélé sont finalement restés.
« Il y a peut-être des coachs dans d’autres clubs de Ligue 1 qui sont en train de vouloir partir parce qu’ils sont jaloux du recrutement qu’on est en train de faire… »
La pique à peine déguisée de Bruno Cheyrou à Sampaoli et l’OM. pic.twitter.com/CgMpm2qIat
— RMC Sport (@RMCsport) July 1, 2022
Jugé « déséquilibré » par Peter Bosz lors de son intronisation, l’effectif donne la même impression seize mois plus tard. Pour preuve, Peter Bosz a été contraint de bricoler avec Thiago Mendes en défense centrale. Le Brésilien, milieu de formation, fait ce qu’il peut, mais ses lacunes sont criantes. Le prometteur Castello Lukeba a été promu titulaire à ses côtés, sans réelle alternative en cas de coup de mou.
Offensivement, l’OL a vendu son artiste Lucas Paqueta… sans réinvestir les 60 millions d’euros générés par ce transgert pour le remplacer. Les retours de Tolisso et Lacazette, sans être de réels « échecs », ne tirent pas, pour l’instant, le groupe vers le haut. Les dirigeants, parmi lesquels le directeur du football Vincent Ponsot, ont d’ailleurs récemment été critiqués par les anciens joueurs Juninho ou Sidney Govou.
Une vente qui s’éternise
Peter Bosz sera-t-il le seul à quitter la capitale des Gaules ces prochaines semaines ? La vente de 90% des parts de l’OL à John Textor – via sa holding Eagle Football – fixée au 21 octobre pourrait redistribuer les cartes. Le processus se révèle beaucoup plus long qu’annoncé, quatre mois après l’annonce officielle d’une ouverture des négociations.
Initialement fixé au 30 septembre, le délai a été rallongé de trois semaines pour « finaliser la documentation juridique et les dernières étapes préalables à la réalisation de l’opération », a expliqué OL Groupe dans un communiqué. Ces complications empêchent inéluctablement le club de se projeter, même à court terme.
L’inconnue Blanc, après six ans d’absence sur un banc de club important
Le calibre du « Président », ancien sélectionneur des Bleus, champion avec Bordeaux et Paris, n’est plus à prouver. Mais depuis son départ du PSG, six ans se sont écoulés. Blanc a certes entraîné le Al Rayyan SC, dans le championnat qatari, entre décembre 2020 et février 2022, mais cette expérience est difficilement comparable au chantier qui l’attend à Lyon. Accompagné de Franck Passi, il devra gérer les états d’âmes d’un vestiaire qui ne respire pas la sérénité.
Alexandre Lacazette ne s’était d’ailleurs pas privé de fustiger son coach néerlandais sur Prime Video, au sortir du nul contre Toulouse. C’est peu dire que les attentes autour de l’ancien libéro des Bleus sont grandes. Un changement d’entraîneur en plein milieu de saison n’est jamais anodin à l’OL. En trente-cinq ans de règne, Jean-Michel Aulas ne s’y est résolu qu’à trois reprises : en 1997 il se séparait de Guy Stéphan, en 2015 de Hubert Fournier , et en 2019 de Sylvinho.
Dans ce marasme, Laurent Blanc a au moins un avantage : la saison va s’arrêter pendant deux mois, pour cause de Coupe du monde. Les internationaux se comptant sur les doigts d’une main (Lopes, Tagliafico, Toko Ekambi), cette trêve promet d’être studieuse à Lyon.
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