le modèle FDJ-Suez-Futuroscope, une équipe familiale devenue l'une des meilleures formations au monde

La première édition du Tour de France femmes, qui s’élance de Paris dimanche 24 juillet, va permettre au grand public de découvrir les figures et les équipes qui composent le peloton international. Parmi les têtes d’affiche figure la formation française FDJ-Suez-Futuroscope. Cette dernière s’est révélée cette saison comme l’une des meilleures au monde. Elle arrive sur la Grande Boucle avec l’ambition de gratter une place sur le podium au général.

Personne ne s’attendait pourtant à ce que l’équipe de Stephen Delcourt connaisse pareil succès, avec 10 victoires en 2022, soit autant que lors des quatre saisons précédentes cumulées. Surtout, ces performances n’ont pas été réalisées n’importe où. En l’espace de dix jours, au cœur du mois d’avril, l’Italienne Marta Cavalli a raflé l’Amstel Gold Race puis La Flèche wallonne, un monument du cyclisme. Quel symbole plus fort que de voir la native de Crémone montrer les muscles en haut du mur de Huy, pendant que la reine du peloton Annemiek van Vleuten se battait en vain sur sa monture ?

« Marta a tout déclenché, retrace sa coéquipière Marie Le Net. Elle a débloqué l’équipe. L’année dernière, il y avait déjà cette atmosphère et cette mentalité, mais on n’avait pas le succès au bout. Tout le monde s’est mis en tête de continuer. Les victoires, on en a et on en veut encore. On devient beaucoup plus ambitieuses parce que des filles de l’équipe l’ont déjà fait« . Au total, six coureuses ont levé les bras en 2022. La dynamique est telle que l’équipe aborde le Tour de France femmes en pointant au 3e rang du classement UCI, derrière la Team SD Worx et la Trek-Segafredo.

Ce bond vertigineux fait sourire Stephen Delcourt lorsqu’il regarde deux ans en arrière, en 2020, année de l’accession de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope au World Tour, la plus haute division mondiale. « On est entrés par la petite porte« , se souvient-il. Terminant seulement 16e du classement en 2019, la formation a pourtant obtenu la dernière des huit licences attribuées par l’UCI en s’engageant à respecter les critères d’adhésion au World Tour (notamment en matière de salaires).

« On aurait dû mourir dix fois. Parfois, je me demande comment on est encore en vie« , en rigole aujourd’hui celui qui est arrivé dans l’équipe en 2008 pour jouer les comptables. Il avait été réquisitionné par son beau-père, Gatien Merlot, qui avait monté l’équipe deux ans plus tôt pour permettre à sa fille, Emmanuelle Merlot (actuelle présidente de l’équipe et épouse de Stephen Delcourt), de s’épanouir dans la pratique de son sport.

Les ambitions ont bien grandi depuis l’époque de Vienne-Futuroscope. Des sponsors très importants sont entrés dans la danse. En 2017, l’arrivée du groupe FDJ (présent chez les hommes sans discontinuer depuis 1997) a permis de trouver la stabilité. « Nous avions deux salariés sur une structure de 17-18 personnes, et nous sommes passés à sept. A l’époque, notre masse salariale était de 210 000 euros, elle sera de 1 200 000 euros fin 2022. L’arrivée de FDJ nous a permis de grandir petit à petit et de nous structurer« , explique Stephen Delcourt sur le site de l’équipe.

En 2020, un deuxième pas a été fait avec le recrutement de la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig, l’une des coureuses les plus prometteuses du peloton. Dans un milieu où il est communément admis que pour progresser, partir à l’étranger est la meilleure option, la formation française a frappé un grand coup. La réussite de la coureuse, 5e mondiale l’an dernier d’après le classement World Tour, a même permis de faire de la France un lieu attractif pour les coureuses étrangères.

Il y a fort à parier que l’arrivée de l’Australienne Grace Brown en début d’année en découle. « A chaque briefing, c’est la coureuse dont les directeurs sportifs avaient peur. (…) Tout le monde la voulait et elle nous a choisis », se réjouissait en février Stephen Delcourt dans les colonnes de La Nouvelle République. Deuxième de Liège-Bastogne-Liège, ainsi qu’u classement général du Tour de Grande-Bretagne, où elle a décroché une victoire d’étape, Brown a largement contribué au changement de dimension de l’équipe en 2022.

« C’est une bonne équipe, elle prend soin de vous. Vous n’êtes pas traitée comme un robot. Les gens ont du cœur ici. Ils voient que vous avez des émotions et c’est ce qui m’a plu« , explique la très expressive Cecilie Uttrup Ludwig, dont la prolongation jusqu’en 2024 a été annoncée lundi. Marie Le Net, qui l’accompagnera sur la route du Tour, la rejoint : « Aujourd’hui, je me dis que je ne trouverais pas mieux ailleurs.« 

L’avenir s’annonce radieux pour la formation française, qui vient de recevoir le renfort du géant mondial de la gestion de l’eau et des déchets Suez. Le groupe s’est engagé à sponsoriser l’équipe jusqu’en 2025, au même titre que La Française des jeux. « On veut s’installer dans le temps« , insiste Stephen Delcourt, lequel ne s’interdit pas de continuer de viser encore plus haut. 

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