Les saisons se suivent et se ressemblent souvent pour Tessa Worley. Alors que la Française a fêté ses 33 ans le 4 octobre, elle s’avance comme l’une des grandes favorites à sa propre succession pour le titre suprême du géant en Coupe du monde de ski alpin. La double championne du monde de la spécialité (2013 et 2017) accueille la reprise de la saison, samedi 22 octobre à Sölden (Autriche), pleine de confiance.
Sûre de ses capacités à pouvoir jouer la gagne face aux deux meilleures skieuses de la planète que sont Mikaela Shiffrin et Petra Vlhova, Tessa Worley a digéré son échec aux Jeux de Pékin [abandon sur le géant et 19e en super-G]. Elle a su rebondir après cette « très grosse déception« , ce qui lui permet d’appréhender cette nouvelle saison avec sérénité, comme elle l’a confié à franceinfo: sport.
Franceinfo: sport : Vous restez sur une saison à deux visages entre l’immense joie d’avoir arraché in extremis votre second globe en géant et la déception d’avoir raté vos derniers Jeux olympiques… Avec le recul, que retenez-vous ?
Tessa Worley : Je préfère garder un regard très positif. Grâce à la fin de saison et aux derniers succès lors des finales, ça s’est vraiment terminé sur une excellente note, malgré, en effet, une bonne désillusion aux Jeux. C’était une très grosse déception, mais je crois que j’ai réussi à y faire face. J’étais convaincue d’être arrivée à Pékin avec la bonne préparation, je n’ai eu aucun regret sur la façon d’aborder mes Jeux. Il fallait juste accepter que ce fut une course qui n’avait pas fonctionné pour moi.
C’était d’autant plus une vraie déception qu’il s’agissait de mes derniers JO. C’est un rêve, un bel objectif de carrière qui s’est envolé. Mais ça n’a pas changé l’athlète que je suis. Donc j’ai accepté le fait que je ne serai jamais médaillée olympique.
Vous venez de boucler votre septième saison parmi les trois meilleures géantistes de la planète, qui plus est avec un second globe à la fin. On a l’impression que le poids des années ne vous atteint pas. Quel est votre secret ?
Je ne sais pas quelle est la bonne formule. Je crois déjà que je me fais vraiment plaisir au quotidien, dans mes entraînements, ma préparation et aussi dans le fait de pouvoir encore progresser physiquement et techniquement. C’est quelque chose qui m’anime. Tous les jours, on travaille dur. Je pense que ça aide à avoir de la longévité. Après, honnêtement, peut-être que de l’extérieur on a l’impression que rien n’a changé, mais quand même ! (rires)
« Au fil des années, il y a eu quelques changements et adaptations, notamment à cause du physique. »
Tessa Worley, double championne du monde du géantà franceinfo: sport
Je ne fais plus le même volume d’entraînement qu’il y a quelques années. Je me préserve un petit peu, bien que ce soit difficile car j’ai tendance à vouloir en faire le plus possible. C’est un exercice intéressant, savoir se faire davantage confiance et être convaincue que nous avons besoin de moins d’heures d’entraînement. Il faut surtout avoir de la fraîcheur et de l’envie.
Qu’est-ce qui est le plus dur, au quotidien, depuis que vous avez fait évoluer votre préparation et votre appréhension des entraînements ?
Ne pas douter et avoir suffisamment confiance en moi pour suivre cette programmation. Heureusement, mes entraîneurs, mon technicien ou encore mon préparateur physique ont vraiment compris ce besoin de sérénité et ils sont dans la même optique que moi. Ils ont un bon discours pour que j’arrive à rester confiante. Mais ce n’est pas forcément évident. L’entraînement reste une façon de se rassurer, sauf qu’à un moment donné, on ne peut plus passer par-là, car on est moins performant physiquement.
En outre, il faut beaucoup de fraîcheur mentale. On choisira plutôt d’enlever une à deux séances d’entraînement avant une course afin d’essayer d’être la plus sereine possible et y arriver avec le plein d’énergie. C’est quelque chose que j’arrive à mettre en place de temps en temps, mais pas à chaque fois.
Entre les Mondiaux à la maison [à Courchevel-Méribel du 6 au 19 février 2023] et la défense de votre globe en géant, comment appréhendez-vous cette nouvelle saison ?
Il faudra, déjà, que je sois la plus sereine possible tout au long de la saison pour ne pas avoir de gros coups de fatigue, et surtout que je vive les courses les unes après les autres. Mais j’ai un objectif très important, à savoir les championnats du monde en février. J’ai envie d’arriver avec mon pic de forme à ce moment-là. Le début de l’hiver va donc être très orienté par rapport à ça.
Ce sera aussi un sacré moment de bonheur parce que des championnats en France, c’est une grande chance. J’ai envie d’y arriver avec toutes les armes possibles pour jouer un titre ou des médailles. Je sais qu’il faut se construire solidement tout au long de la première partie de saison.
Comme lors de l’exercice précédent, entre Mikaela Shiffrin, Petra Vlhova, Sara Hector et les Italiennes, la concurrence s’annonce très élevée… En quoi cette densité en géant vous permet-elle d’être meilleure ?
Le niveau actuel en géant, et même depuis quelques années déjà, est une réelle motivation et une façon de repousser nos limites. Pour chacune d’entre nous. Cela nous pousse à aller chercher des évolutions techniques qui nous permettent d’aller plus vite que les autres.
« Il y a en effet une densité super importante, donc ça crée aussi une vraie excitation, un vrai suspense autour de cette discipline. C’est l’idéal. »
Tessa Worleyà franceinfo: sport
C’est un grand plaisir de faire partie des filles qui peuvent jouer les premières places, les classements. C’est tellement ouvert. Et en plus, on n’est pas à l’abri de voir aussi de nouvelles arrivantes.
Vous êtes aussi, en géant, à quatre succès du record absolu de victoires en Coupe du monde [16 courses remportées en carrière, deuxième de l’histoire à quatre unités de la Suissesse Vreni Schneider]. Est-ce que vous y pensez ?
Non, je n’y pense pas. Les records, je les constate quand des étapes sont franchies. C’est plutôt mon entourage qui me le fait réaliser. J’ai conscience qu’il me reste quatre victoires pour aller chercher le record en géant. C’est possible mathématiquement, mais quatre victoires, c’est beaucoup : il y a déjà pas mal d’étapes à franchir. Si j’y parviens, ça pourrait être quelque chose vers laquelle je me tournerais avec fierté.
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