Gabby Williams lors de la rencontre de Coupe du monde face au Mali, à Sydney (Australie), le 25 septembre 2022. (ANDY CHEUNG / AFP)

Vendredi 23 septembre, au Netball Centre de Sydney (Australie), le portable de Gabby Williams ne cesse de sonner pendant l’entraînement de l’équipe de France. « C’est une star », rigole Marine Johannès, missionnée pour l’éteindre, dans une vidéo de la Fédération française de basket-ball (FFBB). La veille, l’ailière de 26 ans a crevé l’écran lors de la victoire face à l’Australie (70-57) en ouverture de la Coupe du monde, battant son record de points en sélection (23 points). Des performances qu’elle a ensuite confirmées et qu’elle devra reitérer face à la Chine en quarts de finale, jeudi (à 10 heures sur France 4 et france.tv).

Pour sa troisième compétition internationale avec les Bleues, Gabby Williams a pris une nouvelle dimension. « Je savais que sans Marine [Johannès], il fallait que je prenne plus de responsabilités pour marquer », glissait-elle après le succès inaugural. Meilleure marqueuse tricolore du Mondial (15,6 points par match), elle remplit sa nouvelle mission à merveille en l’absence de quatre des cinq meilleures scoreuses des Jeux olympiques.

Réputée pour ses qualités défensives, la joueuse du Seattle Storm (WNBA) est aussi importante de l’autre côté du parquet grâce à son agressivité. « La première fois que je l’ai rencontrée, sa présence athlétique et sa capacité à faire beaucoup de choses sur le terrain m’ont marqué », loue Yoann Cabioc’h, coordinateur vidéo au Chicago Sky, la franchise WNBA qui a sélectionné Williams à la 4e place de la draft 2018. Les chiffres le confirment : avec 5,2 prises en moyenne par match, elle est la meilleure rebondeuse tricolore aux côtés d’Iliana Rupert.

Son histoire avec l’équipe de France a commencé l’année dernière. En avril 2021, l’ex-sélectionneuse Valérie Garnier la convoque pour l’Eurobasket et les Jeux olympiques, provoquant indirectement la suspension de son contrat par son club de Chicago Sky, toujours engagé dans la saison de WNBA. Une sélection accueillie avec émotion par Gabby Williams, qui tient sa nationalité française de sa maman et de sa grand-mère, née à Paris.

« Je suis trop contente d’être ici. J’ai la chair de poule quand je vois ma valise avec la dotation. »

Gabby Williams

sur le site de la FFBB

« Ma famille a pleuré quand on a su que j’allais rejoindre l’équipe de France. Ca a toujours été mon rêve, un objectif de ma carrière. Je suis fière de moi », confiait-elle, en mai 2021, sur le site de la FFBB.

Née à Sparks, dans le Nevada, Gabby Williams a toujours été attachée à la France et à Paris, où vit toujours une partie de sa famille. « Je suis née aux Etats-Unis mais je me sens française », assurait sur Sport en France cette grande supportrice du PSG. A 14 ans, elle se tatoue dans la langue de Molière « Rien ne peut briser notre lien » sur l’épaule gauche, en hommage à sa famille française.

« Son envie de vraiment s’imprégner de la culture m’a marquée. C’est fou, on sent vraiment cet héritage. Il n’est pas apparu à son arrivée en équipe de France. Il était là avant », se souvient Diandra Tchatchouang, coéquipière en 2019 de Gabby Williams à son arrivée à Montpellier, après une première saison en Europe partagée entre Venise (Italie) et Gérone (Espagne).

Les deux amies se sont ensuite retrouvées sous le maillot bleu. « Nerveuse et stressée », selon ses propres mots, « Spooky » (« L’effrayante », son surnom tiré de sa passion des animés) se fond facilement dans le groupe tricolore grâce à son humilité louée de tous. « Sa personnalité est très attachante, elle fait l’unanimité au sein de l’équipe, confirmait Valérie Garnier avant l’Euro 2021. Humainement, l’intégration s’est très bien passée. » Les taquineries sur son « français de mamie » (selon l’intéressée) et son accent américain en témoignent. « On devait la mettre à la page des expressions tendances », rigole Diandra Tchatchouang.

Ses larmes, après la médaille de bronze décrochée aux Jeux olympiques de Tokyo, avaient souligné cet attachement fort au maillot tricolore. Des JO qu’elle aurait d’ailleurs pu connaître… en saut en hauteur. A 15 ans, elle avait participé aux sélections américaines pour les Jeux de Londres 2012. Malgré une performance à 1,89 m (en comparaison, le record de France est à 1,97 m), Gabby Williams s’était classée cinquième. Seules les trois premières avaient validé leur billet.

Inscrite dans le réputé programme basket de l’université du Connecticut (UConn), le destin s’occupe du reste. « Je me suis rompue deux fois les ligaments croisés du même genou en deux ans, car mon corps avait rejeté la première opération, a-t-elle expliqué dans L’Equipe. Il paraît que ça n’arrive qu’une fois sur mille, c’est tombé sur moi. Je n’ai pas vraiment eu à choisir. »

Ses qualités athlétiques lui permettent de peser sur les rencontres : « Elle va plus vite et plus haut que les autres », salue Yoann Cabioc’h, désormais entraîneur assistant de l’Asvel, que Gabby Williams a rejoint cet été. « Elle avait clairement envie de retrouver la France », ajoute-t-il au sujet de la joueuse préférée de Gianna Bryant, décédée dans un accident d’hélicoptère comme son père Kobe Bryant – avec lequel elle s’est entraînée plusieurs fois. « C’est l’une des meilleures joueuses en Europe, affirme Diandra Tchatchouang. Il est de plus en plus difficile de défendre sur elle. »

Malgré ses progrès en la matière, la faiblesse identifiée de son jeu réside toujours dans le tir extérieur. Depuis ses trois paniers primés contre l’Australie, elle n’en a plus rentré un seul depuis. Elle tourne à un maigre 20% de réussite derrière la ligne dans le Mondial, non loin de ses standards assez faibles en WNBA (7,5 points à 26% cette saison).

Pour passer l’écueil chinois, l’adresse retrouvée de Gabby Williams serait la bienvenue. Une troisième médaille internationale consécutive est à ce prix pour la Franco-américaine. En attendant, elle a reçu, mardi 27 septembre, l’Ordre national du mérite, comme tous les médaillés olympiques tricolores. Un symbole supplémentaire de son attachement à l’Hexagone.

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