Jean-Pierre Rivère, Christophe Galtier et Julien Fournier en conférence de presse, le 29 juin 2021. (VALERY HACHE / AFP)

Retrouvailles sous haute tension. Le technicien français a changé de banc et s’apprête à retrouver le Gym, samedi 1er octobre, au Parc des Princes, dans un contexte moins joyeux pour la formation niçoise. Il y a six mois, Andy Delort crucifiait Keylor Navas à l’Allianz Riviera, offrant à Christophe Galtier et à l’OGC Nice une victoire de prestige contre le Paris Saint-Germain (1-0). Depuis, les situations ont beaucoup évolué de part et d’autre. L’occasion pour franceinfo: sport de partir sur les traces du court passage de Christophe Galtier sur la Côte d’Azur. 

Sur le papier, une bonne saison

Quand Christophe Galtier s’engage à l’OGC Nice, le 28 juin 2021, le président Jean-Pierre Rivère et les dirigeants niçois sont persuadés d’avoir réalisé un gros coup. Champion de France avec Lille et élu meilleur entraîneur de Ligue 1 pour la troisième fois, le successeur d’Adrian Ursea doit faire passer le Gym dans une autre dimension. Avec une deuxième place à la trêve, l' »effet Galtier » se fait sentir et les supporters niçois rêvent d’une qualification en Ligue des champions. Néanmoins, la machine s’essouffle en seconde partie de saison. Les Aiglons échouent en finale de Coupe de France face à Nantes (1-0), et arrachent tout de même une cinquième place en championnat, synonyme de Ligue Europa conférence. 

« Je suis persuadé qu’on aurait pu, qu’on aurait dû, faire une meilleure saison », constatait Julien Fournier dans les colonnes de L’Equipe, le 2 juillet 2022, avant de nuancer. « Mais quand j’entends les gens, j’ai l’impression qu’on est sorti d’une saison presque cataclysmique ». Sur le plan des seuls résultats, il est impossible de donner tort à l’ancien directeur du football niçois. Sous Christophe Galtier, Nice a atteint son meilleur classement depuis Lucien Favre (3e, 2016-2017), et a frôlé un premier titre depuis 1997 (Coupe de France). Dès lors, comment expliquer ce goût d’inachevé ? 

« Les Niçois sont très impatients », explique Eric Roy, consultant pour franceinfo: sport et pour qui la chute de la deuxième à la cinquième place explique la déception des supporters. « La défaite en finale de Coupe de France a laissé aussi beaucoup de traces », précise l’ancien entraîneur et directeur sportif de Nice.

Des tops mais aussi des flops

Propriétaire de l’OGC Nice depuis août 2019, le richissime groupe anglais Ineos avait investi pour offrir des garanties sportives à Christophe Galtier. Si les transferts d’Andy Delort, Jean-Clair Todibo ou Pablo Rosario ont été des réussites, d’autres opérations ont été moins fructueuses. Acheté à prix d’or en provenance de l’AZ Alkmaar, l’ailier hollandais Calvin Stengs n’a jamais apporté satisfaction, entraînant  son prêt au Royal Antwerp cet été. Même constat pour son compatriote Justin Kluivert, prêté une saison par l’AS Roma. Des flops qui sont autant imputables à Galtier qu’à la direction sportive pour Eric Roy: « Ce sont des prototypes de joueurs qui passent pour des futurs stars mais qui ont du mal à confirmer leurs qualités et ce qu’on espérait d’eux ». 

Outre les recrues, certains jeunes ont tiré leur épingle du jeu, à l’image de Khéphren Thuram et Amine Gouiri, qui ont été les deux joueurs les plus utilisés par Christophe Galtier. Mais cette jeunesse a parfois été inconstante, à l’image de Gouiri, muet de janvier à mai. « Christophe voulait lui inculquer une exigence supplémentaire et il a eu du mal à répondre aux attentes », analyse Eric Roy. « Quand on est un jeune joueur, il faut comprendre que ce n’est pas parce qu’on a fait quelques bons mois que c’est gagné. Sa disette coïncide avec la deuxième partie de saison bien moins bonne de Nice »

Une cassure avec Julien Fournier et le vestiaire

La perspective du match de samedi entre le PSG et Nice a été l’occasion d’une vraie passe d’armes entre Christophe Galtier et Julien Fournier. « Très honnêtement, si j’explique les vraies raisons pour lesquelles on s’est disputé, parce que c’est vraiment le mot, Christophe n’entrera plus dans un vestiaire, ni en France ni en Europe », a lâché Julien Fournier, au micro de RMC mardi soir. « Je ne suis pas surpris de la manière connaissant l’homme », lui a répondu l’entraîneur, en conférence de presse le lendemain.

Ces frictions ne datent pas d’hier. Une première mèche avait été allumée par Julien Fournier dans L’Equipe en juillet. « On ne connaît jamais une personne tant qu’on n’a pas travaillé avec », avait assené le nouveau directeur du football de Parme, après avoir publiquement critiqué la tactique de Galtier lors de la finale de la Coupe de France.

Ces mauvaises relations auraient même déteint sur le vestiaire. « Honnêtement, je pense que c’est une bonne chose qu’il [Galtier] parte. Pour avoir eu deux-trois échos avec des joueurs niçois, il y a eu une grosse cassure avec le vestiaire, pas mal de problèmes »avait révélé Yoan Cardinal au micro de RMC, le 29 juin dernier. « Le coach s’est mis le vestiaire à dos pour mieux se faire entendre. Il a fait de la politique », avait ajouté l’ancien gardien de but des Aiglons (2015-2021).

Une thèse non recevable pour Eric Roy. « Un vestiaire, c’est toujours pareil, affime-t-il. En général, il y a quinze mecs qui jouent assez souvent et qui ont de bonnes relations avec l’entraîneur. Puis tu as les quinze autres qui ne jouent pas et qui sont mécontents. Un coach ne fait jamais l’unanimité et il n’est jugé que pour ses résultats ».

« Un rendez-vous manqué »

Le départ de Christophe Galtier a provoqué une succession de changement au sein du club azuréen. Lucien Favre l’a remplacé sur le banc de touche, Julien Fournier a été limogé, le directeur sportif d’Ineos Sports, Dave Brailsford, est arrivé en renfort, et douze joueurs ont été recrutés. Enfin, Fabrice Bocquet a été nommé au poste de directeur général, en attendant l’arrivée d’un directeur sportif. De grandes manœuvres qui n’ont pas encore été digérées par l’OGC Nice, qui a pris huit points en huit matchs de Ligue 1 cette saison. « Lucien Favre, avec un effectif renforcé par rapport à celui de l’année dernière, n’a pas de meilleurs résultats », remarque Eric Roy.

« Le passage de Christophe Galtier à Nice est pour moi plus un rendez-vous manqué plutôt qu’un échec parce que le club a fait venir un entraîneur qui a réussi et qui devenait amener l’équipe à passer un palier supplémentaire », expose Eric Roy, avant de conclure : « En termes de résultats, cela faisait longtemps que Nice n’avait pas été à ce classement en fin de saison »

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