Les coureuses de l'équipe Valcar passent au trombinoscope, le samedi 23 juillet, à Meaux (Adrien Hémard-Dohain)

« On est là pour les femmes, pas pour les hommes. Bon, on ira les voir aussi, mais c’est pour elles qu’on est venu ». Adossés à la barrière, Jeff et Anne profitent du soleil sur la place de Varsovie, entre le Trocadéro et la tour Eiffel, dimanche 24 juillet. Arrivés de Lille, ils vont suivre le Tour de France femmes toute la semaine dans leur camping-car. Mais avant de prendre la route de l’Est, comme les coureuses, ils tenaient à être présents pour ce grand départ historique. Et ils n’étaient pas les seuls. De Meaux samedi, aux Champs-Elysées dimanche, en passant par la tour Eiffel, cette première épreuve a attiré un public nombreux. Une première réussite.

Samedi, à la veille de ce moment d’histoire, tout le peloton était déjà réuni dans le théâtre du Luxembourg de Meaux, pour une journée protocolaire face aux objectifs et aux médias. Un pas de plus vers le début de la Grande Boucle, l’occasion de se réunir et de voir la pression monter un peu plus.

« On commence à réaliser », glisse Gladys Verhulst (Le Col-Wahoo). « Mais c’est surtout sur les Champs dimanche qu’on va comprendre. Il faudra vite se mettre dedans ». Peu après midi, les grosses écuries se succèdent : DSM, Trek-Segafredo, Jumbo-Visma, Movistar et SD Worx cohabitent pacifiquement dans le hall, avant une réunion commune. Les rockstars Vollering, Vos, Van Vleuten ou Balsamo provoquent de petites cohues. 

Juliette Labous samedi 23 juillet à Meaux, à la veille du départ du Tour de France femmes 2022. (Adrien Hémard-Dohain)

“Partir de Paris, avant l’arrivée des hommes, c’est bénéfique pour nous. On est la 4e semaine du Tour. Souvent, après le Tour les téléspectateurs s’ennuient dans le canapé, et là il y a aura nous.”

Noémie Abgrall (Stade rochelais)

à franceinfo: sport

Pour l’heure, les sourires sont de rigueur. Y compris sur ceux des légendes du cyclisme féminin, comme Annemiek van Vleuten : « C’est une grande étape pour moi, je suis très excitée de voir le Tour de France de retour sur le calendrier », jubile l’icône néerlandaise, tout juste sacrée sur le Giro. A quelques mètres, sa compatriote et rivale Marianne Vos savoure aussi : « Le Tour c’est plus grand que le sport. On va montrer du cyclisme féminin tout autour du monde, j’ai hâte d’y être ».

Dimanche matin, le soleil est déjà haut dans le ciel parisien, et ses rayons assomment la place de Varsovie, entre le Trocadéro et la tour Eiffel. Les coureuses ne sont pas encore arrivées en cette fin de matinée, mais la directrice de la course, Marion Rousse, est bien là. « Je suis en grande forme, avec beaucoup d’excitation, beaucoup d’émotions. Ca y est, on y est, enfin », savoure-t-elle, au pied de la tour Eiffel : « C’est magnifique, on ne pouvait pas rêver mieux comme cadre ».

La ligne de départ du Tour de France femmes 2022 à Paris. (Adrien Hémard-Dohain)

Alors qu’on finit d’installer le podium à l’entrée du pont d’Iena, le public afflue le long des barrières. Parmi eux, les deux Lillois Jeff et Anne assurent la promotion du cyclisme féminin : « C’est un sport passionnant, avec des courses débridées, sans équipe qui bloque la course. On préfère ça au cyclisme masculin. On ne s’ennuie jamais. »

Le public était nombreux place de Varsovie, pour le départ du Tour de France femmes.2022. (Adrien Hémard-Dohain)

A quelques mètres de là, March Chavet, l’un des speakers du Tour, chauffe ses cordes vocales avant d’animer la cérémonie de présentation des équipes : « C’est un évènement historique, une opportunité incroyable. On ne mesure pas toujours, quand on est dans le cambouis, la portée que ça peut avoir, mais participer à la construction du premier Tour de France femmes, c’est exceptionnel. » Pendant ce temps, cela s’agite dans le paddock des équipes, sur une rue parallèle au Trocadéro. Malgré l’ombre des arbres, les coureuses patientent dans une chaleur déjà étouffante.

La Française Pauline Alain (Arkea) patiente à l'ombre avant le départ du Tour de France femmes, le 24 juillet 2022. (Adrien Hémard-Dohain)

Quelques curieux s’approchent, et observent les derniers préparatifs. Du côté de l’équipe Ceratizit, la Française Laura Asensio confie : « Pour une Française, partir d’ici, c’est encore plus dingue. » Quelques minutes plus tard, elle s’offrira une échappée solitaire en début d’étape. Marianne Vos, Annemiek Van Vleuten, Elisa Balsamo, Marta Cavalli… Les stars défilent sur le podium dos à la tour Eiffel.

Face à elles, Xavier et ses enfants ne loupent pas une miette, casquette à pois sur le crâne : « On va faire les deux étapes aujourd’hui, ensuite on ira en vacances en Alsace, et on ira à la Super Planche et au Markstein. On a organisé nos vacances autour de ça. Les enfants viennent à Paris pour la première fois, on a allié cyclisme et tourisme. Et quoi de mieux qu’être au pied de la tour Eiffel pour cela ? C’est génial. »

La cérémonie terminée, les coureuses se rassemblent près de la ligne de départ, où Marion Rousse, Jeannie Longo, David Lappartient (président de l’UCI) et la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera donnent le départ officiel du premier Tour de France femmes. Une foule dense s’est agglutinée le long des barrières sur les premières centaines de mètres. Le départ réel est donné à l’entrée du circuit final près des Champs-Elysées où, là aussi, le public a répondu présent.

La course bat son plein, le numéro solitaire de la Tricolore Gladys Verhuslt enflamme la foule, où l’on retrouve de nombreux Danois, venus assister au sacre masculin de Jonas Vingegaard. Mais beaucoup parlent aussi de Cecilie Ludwig, leur compatriote leader de la FDJ-Suez-Futuroscope, attendue dans les étapes de montagne. Lorena Wiebes (Team DSM) lève les bras devant Marianne Vos (Jumbo-Visma) et Lotte Kopecky (SD Worx), devant un public nombreux, et conquis. Le Tour de France femmes 2022 a réussi son premier pari : la lumière est pleinement braquée sur les coureuses du peloton.

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