À l'avant de la voiture de direction de course n°2 du Tour de France, Sébastien Piquet dispose d'une pédale et de différents canaux pour intervenir sur Radio Tour. (HORTENSE LEBLANC/ FRANCEINFO:SPORT)

« Attaque de Tadej Pogacar ! Jonas Vingegaard reste dans sa roue ! » A l’avant de la voiture de direction n°2 du Tour de France, Sébastien Piquet raconte chaque jour les mouvements de course sur les ondes de Radio Tour. La radio interne de la Grande Boucle est diffusée dans tous les véhicules qui suivent le peloton. Une fonction essentielle d’information pour les médias mais aussi pour les directeurs sportifs, mis au courant de l’avancée de la course et des besoins de leurs coureurs.

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Casque vissé sur la tête, micro, notes et carnet de route à la main, Sébastien Piquet vit son 18e Tour de France au cœur du peloton. Ancien journaliste, il a profité, en 2005, du départ de son prédécesseur, John Lelangue, aujourd’hui manager de l’équipe Lotto Soudal. « ASO [Amaury sport organisation, qui gère le Tour de France] m’a proposé de faire un essai sur le Tour du Qatar, et visiblement ça s’est bien passé puisque j’ai enchaîné sur le Tour de France et que je n’en ai manqué aucun depuis ce temps-là », raconte-t-il. Sébastien Piquet officie également lors des championnats du monde et sur toutes les autres courses organisées par ASO, dont Paris-Roubaix. 

Placé derrière le peloton sur les étapes de plaine, ou derrière le groupe de favoris en montagne, Sébastien Piquet dispose d’un point de vue privilégié sur la course. « Lors de ma première étape de montagne, à Courchevel, en 2005, j’ai eu des frissons en me rendant compte que je suivais de près le maillot jaune. Quand on suit les favoris et qu’il y a des attaques comme cette année, j’ai souvent un grand sourire sur le visage et la chair de poule. Pour quelqu’un qui aime le cyclisme, c’est la meilleure place du monde, mais il ne faut pas le dire trop fort », rigole-t-il. 

Proche des coureurs, Sébastien Piquet représente un relais essentiel pour leurs demandes. « Ma priorité, c’est d’informer les voitures de directeurs sportifs, parce que j’ai le peloton devant moi, et parfois j’ai un coureur qui lève la main pour demander un bidon ou parfois il me montre son pneu arrière qui a crevé pour appeler sa voiture et changer de vélo », raconte le speaker.

Du côté « des souvenirs moins sympathiques » figurent les chutes, avec des « coureurs qui hurlent de douleur au sol ». Le speaker doit le signaler « sur Radio Tour le plus rapidement possible, pour que le service médical puisse intervenir et que les véhicules soient informés du danger. Le tout sans se tromper sur l’identité des coureurs, puisque cela a une incidence pour les journalistes, les commentateurs et bien sûr pour leurs directeurs sportifs. En général, on informe de la chute, puis des coureurs tombés.' ». 

Après 18 ans de service sur quelques-unes des plus grandes courses cyclistes du monde, le speaker reconnaît assez facilement les coureurs. « Au bout de trois semaines de course, en général, je connais aussi leurs numéros de dossards par cœur ». En cas de doute, il dispose d’une fiche avec ces numéros, qui lui sert également à mémoriser la position des coureurs. « Nous travaillons avec trois motos information placées à différents points de la course. Celle qui est à l’avant me donne les dossards des échappés, que j’entoure d’une certaine couleur sur ma grille, puis la moto suivante me donne les coureurs intercalés, que j’entoure d’une autre couleur, et ainsi de suite, pour ensuite informer les véhicules suiveurs », explique Sébastien Piquet. 

Les mains occupées par ses notes, le speaker utilise une pédale pour allumer son micro. Différents canaux sont disponibles, pour intervenir sur la radio à destination de tous les véhicules, pour communiquer uniquement avec les motos informations, pour interagir avec les commissaires, ou pour s’adresser seulement aux voitures de la direction de course.

« Dès que j’appuie sur la pédale, le micro est allumé. Mais il faut que je fasse attention, car parfois je me retourne vers mon pilote pour lui dire quelque chose et je dois avoir le réflexe d’appuyer sur la pédale. Une fois, j’avais parlé de mon sandwich et tout le monde l’avait entendu, ça a bien fait rire dans les voitures », s’amuse-t-il.

Même si le ton s’emballe parfois lorsque la course s’accélère, Sébastien Piquet tente de rester le plus compréhensible possible. « J’ai le souvenir de Bernard Hinault qui m’avait dit, en 2005 : ‘Môme, reste calme. Parce que si tu t’excites, tu vas énerver les directeurs sportifs, qui vont conduire n’importe comment' ». Le ton peut toutefois s’avérer plus véhément lorsqu’il faut replacer correctement des voitures et motos, parfois récalcitrantes, dans la file de véhicules, pour ne pas gêner les coureurs. 

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En cas d’incident, le speaker doit également garder son sang-froid et rester mesuré. « Cette année, lors de la neutralisation, j’étais derrière le peloton et c’est à l’avant que la manifestation a eu lieu. Donc des informateurs m’ont raconté ce qu’il se passait, et nous, en voiture, on a tout de suite eu le réflexe de prendre les temps parce qu’on savait qu’on allait neutraliser l’étape, pour ensuite relancer la course avec les mêmes écarts. Puis, sous le contrôle de la présidente du jury des commissaires, j’ai indiqué à la radio quand les groupes pouvaient reprendre », raconte-t-il. 

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Les étapes se terminent par un paradoxe pour Sébastien Piquet. Il est le premier à annoncer le vainqueur de façon officielle sur Radio Tour… alors qu’il ne voit jamais l’arrivée. Une fois la ligne passée, la journée du speaker ne s’arrête pas là, puisqu’il revêt une deuxième casquette de journaliste et file au podium pour réaliser les interviews des coureurs pour le compte de l’organisation.

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