Chris Marques est un danseur franco-portugais spécialisé dans les danses latines, en couple. Il est plusieurs fois champions du monde de salsa avec son épouse et le grand public l’a découvert passionné et engagé en tant que membre du jury de l’émission de télé-réalité Danse avec les stars sur TF1. Il publie Si seulement vous saviez… aux éditions Flammarion, une autobiographie dans laquelle il se met à nu.
franceinfo : Heureux de représenter une parole qui compte, une légitimité dans la danse ?
Chris Marques : C’est drôle parce que la légitimité, c’était un des éléments fondateurs pour moi dans ma carrière, en termes de gage de réussite. Que ma parole et mon opinion soient tout de même valorisées, je me suis dit : c’est quelque chose qu’on ne peut pas gérer.
Très tôt, vous avez eu la danse dans le sang, dans le corps, dans l’âme aussi. On le ressent vraiment dans cet ouvrage, que cela vous habite depuis votre plus tendre enfance.
C’est vrai que c’est une ambiance, une atmosphère qu’on a eu dans la famille depuis touts petits puisque papa chantait dans les bals populaires, maman, espagnole, aimait le flamenco, etc. C’est vrai que la musique, le rythme, l’énergie, l’ambiance, nous ont bercé. Les réunions de famille à 40 ou 50, avec tous les cousins et la famille, l’énergie, la danse, le mouvement Kinetic, c’était toujours là.
Ce n’était pas simple à cette époque pour un petit garçon de faire le choix de devenir danseur. Pour vous, ça a toujours été naturel ?
J’ai décidé de danser pour une raison toute bête qui n’avait rien à voir avec la danse, pour rencontrer des filles.
Chris Marquesà franceinfo
Je ne me suis pas senti ostracisé. Il se passe quelque chose de magique après une demi-heure de cours, comme si quelqu’un avait déverrouillé quelque chose en moi. A partir de ce jour, j’ai fait quatre, cinq, six heures de danse par jour.
Vous partez à Londres, le but étant de devenir quelqu’un dans la danse. Vous vous retrouvez dans une salle de danse. Il y a ces odeurs, cette sueur, cette adrénaline, cette envie d’aller de l’avant. Autour de vous, des danseurs confirmés, certains que vous adulez, et il faut faire votre trou. Vous avez l’impression d’être dans le film Dirty Dancing. Vous comprenez à ce moment-là qu’il se passe quelque chose ?
Oui. Je suis quelqu’un qui a très rarement le trac, mais là, ce soir-là, j’ai les jambes qui tremblent. J’arrive. Je fais quelques pas dans cette salle mythique, j’en entendais parler depuis que j’ai commencé à danser. J’y découvre que toutes mes idoles de danse sont présentes. Et là, j’ai mes jambes qui tremblent parce que je me dis, j’y suis, maintenant il suffit que je travaille, que je vois comment ils font et je vais faire la même chose. En plus de ça, je me dis : mais même si je suis le plus nul, je suis le plus nul parmi les meilleurs. C’est l’idéal !
Est-ce votre force de travail qui a fait la différence ? A partir du moment où vous prenez la décision que la danse va faire partie de votre vie, il n’y a plus rien qui vous arrêtes. Vous partez à Lyon, vous vous perfectionnez au fur et à mesure, vous faites des concours, vous remportez tout ce qui est possible et inimaginable, et vous n’avez plus qu’un seul objectif, c’est de toucher du doigt votre rêve.
Oui. Et comme je pars du principe que je ne suis pas forcément plus talentueux que les autres ni plus malin, il n’y a qu’une seule chose qui peut me différencier, dans ma tête, c’est la force de travail. Et justement, cette approche, qui est pleine de résultats au tout début, me joue des tours dans ma vingtaine parce que, tout d’un coup, je ne peux plus y mettre les heures. Et là, il faut que je passe à autre chose.
C’est un moment très difficile pour vous ?
Oui. J’aime bien l’espoir et la positivité. Et au fond, je préfère en parler a posteriori parce que maintenant, je peux en donner une vision équilibrée. Je peux également donner justement de l’espoir.
Il y a un moment très difficile dans le livre, qui correspond à un arrêt total de la danse dans votre vie. Vous vous sentiez très fatigué, vous aviez des douleurs un peu partout et vous décidez de passer des examens à Londres. Dans un premier temps, on vous annonce que vous êtes sûrement porteur du VIH. Comment avez-avez vécu ce moment ?
On se sent au plus bas, au plus fragile et on ne peut rien faire normalement. J’étais en Angleterre à l’époque et je me retrouve devant un médecin, tout seul. Ce médecin, juste en mode diagnostic par élimination, aucun test n’avait été fait, me dit : « Je pense qu’effectivement, avec vos antécédents de danseur, etc. C’est le VIH« . Là, je me suis dit, OK.
Pourtant, vous restez debout.
Je n’ai pas le choix. En plus de ça, j’ai la chance d’avoir mon épouse à mes côtés, tout le temps, quoiqu’il se passe, qui ne me lâche pas alors qu’elle pourrait avoir une carrière.
Finalement, vous n’avez pas le VIH, mais votre mal s’appelle la fibromyalgie. Une maladie peu connue qui se traduit par des douleurs articulaires, de la fatigue, des troubles du sommeil. Ce livre n’est-il pas aussi une envie de communiquer, d’informer parce que c’est un peu votre victoire sur la maladie ?
La seule chose qui est très difficile avec la fibromyalgie, c’est qu’il faut durer plus longtemps que cette maladie, parce qu’elle, elle, dure longtemps.
Chris Marquesà franceinfo
C’est une victoire. Pour moi, ce qui est important, c’est que les gens voient de la lumière au bout du tunnel.
Ça vous apporte quoi à la danse ?
Moi, je suis un timide maladif. La danse m’a débloqué. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant de danser, j’étais assis toute la soirée aux tables quand mon père chantait dans les bals populaires, les samedis et vendredis. C’est dingue et je suis heureux qu’au final, vingt ans plus tard, je puisse me dire que ça va.
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