Le président des Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez, et le directeur sportif, Admar Lopes, lors de leur première conférence de presse à Bordeaux en juillet. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Jusqu’où descendra Bordeaux ? Descendus en Ligue 2 à l’issue de la dernière journée, les Girondins risquent d’être relégués jusqu’en en National 1. Une rétrogradation administrative provisoire, avant un ultime passage devant la DNCG mardi 5 juillet. Cette situation vient ponctuer une saison cauchemardesque, où l’équipe n’a pas été au niveau sur le terrain, tandis que des polémiques hors de la pelouse ont rendu l’atmosphère délétère.

Toutefois, les galères bordelaises ont commencé bien avant l’exercice 2021-2022. L’équipe ne s’est plus qualifiée pour une compétition européenne ces trois dernières saisons, alors qu’elle l’avait fait à 13 reprises depuis 2000. Depuis le rachat du club par un fond d’investissement américain, à l’automne 2018, les Marine et Blanc sont passés du statut d’équipe européenne aux tréfonds du classement. Retour sur huit dates symboliques de ce déclin.

6 novembre 2018 : GACP reprend les rênes d’un club encore européen

En novembre 2018, après 19 ans sous le giron de M6, Bordeaux est racheté par le fonds d’investissement américain General American Capital Partners (GACP) après plusieurs mois de négociations. « Une nouvelle [page] s’ouvre » pour Bordeaux, constate alors l’ancien propriétaire Nicolas de Tavernost. 

Le changement intervient après un début de saison tourmenté. L’entraîneur uruguayen Gustavo Poyet a été licencié dès le mois d’août, et l’équipe reste bloquée dans le ventre mou du championnat, même si elle est encore qualifiée en phase de groupes de Ligue Europa. Bordeaux dispute son dernier match européen le 13 décembre 2018, contre le FC Copenhague (victoire 1-0 au Danemark), quelques semaines après l’arrivée de GACP.

Automne 2019 : la défiance gagne les supporters, King Street évince GACP

Le début de la saison 2019-2020 est plus emballant sur le terrain. Bordeaux reste au contact des places européennes presque jusqu’à la trêve. En coulisses, en revanche, la tension ne faiblit pas. Les supporters commencent à se dresser contre le club, notamment après un problème de billetterie qui aurait privé certains fans de prendre des places en virage Sud.

Surtout, la santé financière des Girondins inquiète de plus en plus (déficit de 25 millions en 2018-2019 selon la LFP). L’actionnaire majoritaire King Street annonce, le 16 décembre 2019, le rachat des parts minoritaires de GACP, et affirme son souhait de s’inscrire dans la durée en Gironde.

Mai 2020 : les « Bordeaux Leaks » plongent le club dans une nouvelle crise

Alors que le football est mis en pause dans toute la France à cause de la pandémie de Covid-19, les Girondins de Bordeaux font tout de même parler d’eux. Début mai 2020, le groupe de supporters des Ultramarines dévoile des enregistrements audio qui proviennent de réunions stratégiques à la tête du club. Ils visent particulièrement le président délégué, Frédéric Longuépée, et le responsable de la billetterie, Antony Thiodet, fortement contestés. Les ultras cherchent ainsi à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une mauvaise gestion du club en interne : problèmes de billetterie, parrainage de clubs amateurs contre de l’argent… Les relations entre les fans et la direction ne sont pas loin d’avoir atteint un point de non-retour.

Avril-mai 2021 : premières sueurs froides sportives, King Street lâche l’affaire, Gérard Lopez arrive

En fin de saison 2020-2021, les Girondins goûtent une première fois au stress de la course au maintien. Dans le sprint final, le club passe deux journées à la 16e place, à cinq points du barragiste, alors qu’il ne reste que quelques journées. Il termine finalement 12e.

En parallèle, une annonce choc tombe fin avril : Bordeaux annonce que King Street « ne souhaite plus soutenir le club et financer ses besoins actuels et futurs ». Par conséquent, le FCGB est placé sous la protection du tribunal de commerce de Bordeaux. La porte est ouverte à une offre de rachat, pour éviter le redressement judiciaire. Elle arrive en juin, grâce à l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez.

Le président des Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez, et le directeur sportif, Admar Lopes, lors de leur première conférence de presse à Bordeaux en juillet. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Le rachat par l’ancien patron de Lille est validé par le tribunal de commerce en juillet. Il permet aux Girondins, dans le viseur de la DNCG, d’éviter la rétrogradation administrative.

17 février 2022 : Bordeaux à la dérive, David Guion arrive

Après la mise à pied de Vladimir Petkovic, écarté au bout de sept mois de mandat alors que Bordeaux est lanterne rouge de Ligue 1, le club nomme David Guion pour lui succéder. L’ancien Rémois arrive en Gironde comme pompier de service avec un objectif clair : accrocher le maintien.

L’échec est total et les chiffres dont terribles. Depuis son arrivée sur le banc, Bordeaux ne s’est imposé que deux fois (3-1 contre Metz lors de la 31e journée et 4-2 contre Brest lors de la dernière journée). L’équipe possède la pire défense des grands championnats européens (91 buts). Guion devient même l’entraîneur des Girondins avec le plus faible ratio de point par match (0,78) de l’histoire du club.

Mars 2022 : l' »affaire Costil » agite un vestiaire mal en point

En difficulté sur le terrain depuis le début de la saison, Bordeaux s’offre une nouvelle polémique extrasportive fin mars. Alors que les Girondins tentent de mettre fin à une série de six matchs sans victoire en recevant Montpellier, une altercation éclate à la mi-temps entre Benoît Costil et un leader des Ultramarines. Le groupe accuse l’ancien Rennais de racisme, sans étayer ses propos.

Le nom de Laurent Koscielny, dont le contrat a été résilié en janvier, est aussi mentionné dans les accusations. Le gouffre se creuse entre les ultras et les joueurs, qui font bloc derrière leurs coéquipiers. Sur le terrain, le marasme continue. Bordeaux file tout droit vers la Ligue 2.

Mai 2022 : l’équipe est officiellement reléguée en Ligue 2

Après être passé à quarante-cinq minutes de la rétrogradation lorsque Saint-Etienne menait (2-0) à Nice mercredi 11 mai, avant de s’incliner (4-2), le couperet tombe samedi 21 mai. Malgré une dernière victoire au coeur et au courage contre des Brestois qui n’avaient plus rien à jouer (4-2), les Bordelais terminent à la 20e et dernière place du classement, et sont officiellement relégués en deuxième division, où ils évolueront la saison prochaine.

Juin 2022 : les Girondins retrogradés en National 1 par la DNCG

La chute est encore plus grave. Mardi 14 juin, les Girondins de Bordeaux sont finalement sanctionnés par la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), d’une rétrogradation administrative en National 1 (3e division). Le club a rapidement réagi, prenant acte « avec consternation » de la décision, et annoncé son intention de faire « bien évidemment » appel.

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