« C’est un immense joueur du football français qui tire sa révérence aujourd’hui », a salué vendredi 21 octobre sur franceinfo Jean-Charles Sabattier, journaliste à BeIN Sports, spécialiste du championnat allemand, alors que l’ex-star de l’équipe de France et du Bayern Munich Franck Ribéry a officialisé vendredi la fin de sa carrière professionnelle.
Jean-Charles Sabattier souligne le « tempérament entier, généreux » de Franck Ribéry, pointe « l’énormissime injustice » de « ne pas lui avoir attribué le Ballon d’or » en 2013. Le journaliste évoque encore « la cassure douloureuse » avec les Bleus après l’affaire de Knysna, la grève des joueurs français lors de la Coupe du monde de football 2010.
franceinfo : L’histoire entre Franck Ribéry et le Bayern Munich, c’est une longue et belle histoire d’amour ?
Jean-Charles Sabattier : Ce sont 12 années absolument incroyables réalisées par Franck Ribéry, 24 titres décrochés par celui qui arrivait de l’Olympique de Marseille et qui avait déjà pas mal de pression sur les épaules après une Coupe du monde assez incroyable réalisée avec l’équipe de France en 2006. Il fallait avoir cette capacité pour Franck Ribéry de pouvoir tout de suite s’installer dans un club énorme comme le Bayern Munich.
Quand on voit les hommages qui lui sont rendus par la totalité des plus grands noms du Bayern Munich, on comprend l’impact aujourd’hui qu’a eu Franck Ribéry. Il a joué 425 matchs toutes compétitions confondues avec ce club. Et bien évidemment, la concrétisation absolue, cette fameuse année 2013 où il remporte le triplé avec la Ligue des champions au bout et où il est sacré meilleur joueur par l’UEFA. Malheureusement pour lui, dans cette même année, cette énormissime injustice de ne pas lui avoir attribué le Ballon d’or.
Qu’est-ce qui fait de lui un immense footballeur ?
C’est son tempérament. C’est un joueur qui évolue comme l’homme évolue. C’est un tempérament entier, parfois volcanique, mais tellement généreux, avec des capacités techniques absolument extraordinaires qui a déprimé et découragé moult adversaires qui ont été face à lui. J’ai encore eu l’occasion de pouvoir discuter avec certains de ses adversaires qui cauchemardent encore de ses crochets intérieurs, de ses capacités d’accélération. Franck, c’était la capacité de pouvoir débloquer un match à lui tout seul, mais aussi et surtout de pouvoir être en soutien de ses partenaires quand ils en avaient besoin. C’est un immense joueur du football français qui tire sa révérence aujourd’hui.
C’est une idole en Bavière et ailleurs. Mais l’histoire avec les supporteurs français et avec les Bleus est un peu plus tumultueuse. Pourquoi ?
Avec les supporteurs français, peut-être pas. Parce que je pense que la grande majorité des supporters ont quand même dans leur cœur le formidable Franck Ribéry. Tout le monde se souvient de ce but contre l’Espagne et de cette course complètement folle autour du terrain de Francky. C’est plutôt un ressentiment par rapport à ce qui s’est passé, notamment par rapport à certains médias français qui lui ont provoqué une vraie cassure intérieure, une vraie douleur intérieure, mais qu’il a su parfaitement gérer auprès de sa famille. Pour cette raison, il est moins présent aujourd’hui du côté de l’Hexagone. Mais je suis persuadé que ceux qui aiment le football, qui l’ont vu évoluer tout au long de ces vingt années d’une carrière absolument incroyable, ont Ribéry dans le cœur.
Est-ce qu’il y a un petit goût d’inachevé en Bleu ?
Oui, forcément. Parce que la décision de devoir renoncer pour la Coupe du monde 2014 se fait de manière in extremis. Une problématique au dos. Il y a un peu d’incompréhension par rapport à tout cela. Il y a bien évidemment ce qui s’est passé quatre ans avant du côté de Knysna où tout le monde lui tombe dessus lorsqu’il arrive pour tenter d’expliquer l’inexplicable à l’occasion d’une émission sur TF1. Il le faisait avec plein de générosité pour tenter, avec ses mots, d’expliquer ce qui se passait, pour tenter de soutenir le groupe. Il se positionnait là comme un leader qu’il est de toute manière naturellement, même si pas mal de personnes ont tenté de mettre à mal ce statut-là.
C’est cette cassure-là qui a été douloureuse pour Franck dans son relationnel notamment avec certains médias français, qui a provoqué son éloignement avec nous, même si cela ne nous a pas empêchés d’être ravis et de profiter de ce qu’il a pu nous offrir sur le terrain, même jusqu’au derniers instants. Je pense notamment au maintien la saison dernière de la Salernitana. Pas une personne n’aurait parié un kopeck pour voir ce club rester en Série A italienne.
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