En phase d’apprentissage. Dans un entretien à l’AFP, le milliardaire chinois de 61 ans James Zhou, actionnaire majoritaire de l’AJ Auxerre, estime que le club doit passer « d’une logique de Ligue 2 » aux exigences de la L1, et a encore « besoin de temps ».
L’AJ Auxerre est de retour en Ligue 1 après dix ans d’absence. Quel est votre sentiment ?
Dimanche, à Lille, j’étais très ému d’assister pour la première fois à un match de Ligue 1 comme dirigeant du club. Le résultat a été difficile (défaite 4-1) mais il traduit la difficulté de passer de la Ligue 2 à la Ligue 1. Et nous sommes encore dans une logique de Ligue 2. Nous avons conscience que nous devons évoluer pour nous maintenir. Nous avons besoin de temps. Auxerre est une ville de football avec des supporters très présents. Notre ambition était d’accéder à la Ligue 1 entre trois et cinq ans et nous nous engageons sur un nouveau cycle. Il faudra une période similaire pour envisager de retrouver l’Europe.
Pourquoi avoir choisi Auxerre en 2016 ?
Je me suis intéressé à Bordeaux mais, pour le football, Auxerre est bien plus réputé en Chine grâce à Guy Roux. Je connaissais aussi la réputation du centre de formation. Auxerre est une petite ville qui peut rivaliser avec les grands clubs et ça, c’est une bonne publicité pour notre club en Chine. La première fois que je suis venu, j’ai tout de suite été impressionné par la passion autour de ce club. Il y a une vraie culture du football ici.
Quelle a été votre politique d’investissements à Auxerre ?
Bien sûr, il faut travailler autour de l’équipe mais à mon arrivée, je n’imaginais pas une situation aussi difficile en terme d’infrastructures. Les terrains et la salle de musculation avaient vraiment besoin d’être rénovés ou modernisés, tout comme le stade au niveau du confort du public. Nous avons dépensé beaucoup d’énergie et d’argent. Certains m’ont conseillé d’abandonner le centre de formation pour faire des économies. Mais dans ce cas, ma venue n’aurait plus eu de sens. J’insiste, la priorité reste la formation. J’aurais espéré monter en Ligue 1 plus vite, mais le plus important est de savoir comment bien gérer l’investissement. Je ne veux pas révéler combien j’ai investi exactement, mais dès la première année, c’était supérieur à trente millions d’euros, et j’ai continué par la suite. Nous continuons à renforcer les fondations du club.
Vous ne souhaitez pas rester président exécutif ?
Je ne suis sans doute pas le meilleur président pour l’AJA. J’ai beaucoup d’autres occupations et d’autres fonctions. Je ne suis pas un spécialiste du football français. J’ai bien défini le profil idéal du futur président de l’AJA : un Français qui connaît bien le football français. J’espère effectivement trouver mon remplaçant le plus vite possible.
Le budget de l’AJA est de 32 millions d’euros, un des plus modestes du championnat, pourquoi ?
Ma société, ORG, a toujours respecté les mesures du gouvernement chinois concernant le contrôle des sorties de devises qui reste en vigueur que ce soit dans le football ou d’autres activités. L’investissement sur l’AJA ne sera pas limité. Le budget n’est que de 32 millions d’euros mais nous découvrons seulement la L1. Et il y a le contrôle du budget par la DNCG dont la méthode est très bonne pour le football français. Le club ne doit pas dépendre trop de l’actionnaire mais plutôt compter sur le marché commercial. En cela, le marché chinois va beaucoup aider le club à se développer.
Quelle est l’audience de l’AJ Auxerre en Chine ?
Nous avons deux académies de football. Dans le futur, de jeunes Chinois viendront à Auxerre pour suivre leurs études et s’entraîner. Le football chinois n’est pas très développé. Mon objectif est que l’AJA contribue à sa progression et exporte le football français en Chine. Nos matchs seront retransmis en direct sur CCTV, le plus gros média chinois, qui choisit un ou deux matchs par journée de L1, et Miguvideos, une plate-forme internet. Début septembre, nous allons annoncer qu’une association de supporters de l’AJA en Chine va voir le jour.
Il y a très peu d’investisseurs chinois dans le football français, pourquoi à votre avis ?
La principale raison est que les deux parties ne se connaissent pas bien, notamment au niveau du développement commercial sur la Chine. Ce n’est que le début pour le football français. Nous avons besoin de beaucoup travailler pour faire connaître aux fans chinois le football français qui correspond bien aux attentes de ce public.
Votre société, ORG Technology, peut-elle inciter d’autres investisseurs à venir soutenir l’AJA ?
ORG fournit beaucoup de services à ses clients et en tant que produit sportif. L’AJA a été présenté à beaucoup d’entre eux, c’est vrai, et nous tentons de créer un tissu de relations avec des partenaires chinois.
Propos recueillis par François-Jean Tixier de l’AFP.
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