après les galères, Charlotte Bonnet savoure sa renaissance, "tel un phénix"

On avait quitté Charlotte Bonnet, vendredi 12 août, les yeux rougis par l’émotion. La Française avait alors du mal à trouver les mots en zone mixte pour décrire sa joie et son soulagement après sa médaille d’argent en 100 mètres nage libre aux championnats d’Europe de natation de Rome. Cela faisait quatre ans qu’elle attendait une breloque en individuel.

Au cours de ces années de galère, elle a alterné les problèmes physiques, dont une blessure à l’épaule, et psychologiques. A seulement 25 ans, elle s’est posé la question d’arrêter ou non sa carrière. Le Covid-19 et les confinements n’ont pas aidé.

Après onze ans sous les ordres de Fabrice Pellerin, Charlotte Bonnet a quitté Nice pour rejoindre Philippe Lucas à Martigues (Bouches-du-Rhône) en septembre dernier, dans la foulée de Jeux de Tokyo ratés. Elle y a remis la machine en route. Les Mondiaux de Budapest ont confirmé les prémices de son retour, avec une sixième place sur 200 mètres nage libre. Rome a été le lieu de sa renaissance. Avec quatre médailles dont une en or sur le relais mixte 4×100 mètres, la Française se confie à Franceinfo: sport.

Franceinfo: sport : Qu’avez-vous ressenti au moment de votre médaille d’argent sur le 100 m nage libre ?

Charlotte Bonnet : Quand je touche le mur, je suis un peu déçue de ne pas gagner, mais j’ai vite relativisé. Je me dis rapidement que ça fait 4 ans que j’attends ça, que je galère, que je n’ai pas eu de médaille en individuel. L’émotion a rapidement pris le dessus. C’est une médaille d’argent, je suis vice-championne d’Europe, c’est incroyable !

Après des années compliquées, vous revoilà au plus haut niveau…

Arriver à revenir après ces galères et à gagner de nouveau, ce sont les plus beaux moments que l’on puisse vivre. J’ai traversé tellement de choses… Il y a des gens qui n’ont pas cru en moi, qui m’ont abandonnée. Il y a un sentiment de revanche et surtout de fierté. C’est la récompense des efforts fournis. J’ai le sentiment de renaître comme un phénix. 

Derrière cette réussite, il y a un homme : Philippe Lucas. Que vous a-t-il apporté ?

Beaucoup de choses. C’était un chantier quand je suis arrivée avec lui en septembre. J’ai repris après deux mois et demi d’arrêt. Je pensais arrêter complètement. Il y avait beaucoup de choses à retravailler. Je suis plus heureuse aujourd’hui, plus épanouie. J’ai retrouvé du plaisir. Je ne suis pas à 100% comme avant parce qu’il y a des défaillances et des démons qui peuvent refaire surface, mais il y a énormément de changements et je retiens le positif.

On vous a vu beaucoup échanger avec lui avant la compétition. Quels ont été ses mots ?

Il n’a pas eu de discours particulier. On échange beaucoup au quotidien. Autant lui que moi, on apprend à se connaître. Il y a un lien fort entre nous. J’arrive à un âge (27 ans) où j’ai besoin de ça.

Vous avez aussi brillé sur le 4×100 m nage libre mixte avec une médaille d’or. Votre première depuis Glasgow en 2018… 

Cette médaille, elle récompense énormément de travail, même si elle ne vaut pas une médaille individuelle. Je suis capable de me lâcher, de crier, de pleurer quand c’est partagé avec un relais. C’était incroyable.

Avez-vous parlé à Marie Wattel avant le relais, alors qu’elle venait de manquer l’or sur le 100 mètres papillon ?

Je lui ai dit de basculer direct sur le relais. Ce n’est pas facile mais on avait vraiment notre carte à jouer. Je lui ai dit : « Je te fais confiance pour changer d’humeur et laisser cette déception derrière toi ». Elle a su le faire parfaitement. On n’a pas échangé beaucoup, mais je lui ai fait confiance pour cacher cette frustration et tout donner pour le relais. On avait un titre à aller chercher.

« Avoir connu des galères, ça permet de se rendre compte encore plus à quel point ces moments sont précieux. C’est ce que j’ai dit à Marie. Ça peut se jouer à rien d’être dernière ou d’être au pied du podium. C’est ce qui fait que j’ai encore plus savouré ces médailles. »

Charlotte Bonnet, vice-championne d’Europe du 100 m nage libre

à franceinfo: sport

La grande satisfaction de ces championnats d’Europe, c’est la confirmation du retour au premier plan de l’équipe de France de sprint. Quel bilan dressez-vous ?

Franchement, on est une superbe équipe. On a créé quelque chose de fort à Budapest. On a essayé de perpétuer ça à Vichy avant les Europe. Avec Marie [Wattel], on était capitaines pour la première fois durant ces championnats. On a essayé avec notre expérience de créer une vraie équipe. C’est pas facile parce qu’il y a 30 nageurs mais on mange tous ensemble, on échange les uns avec les autres, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas connu ça en équipe de France. C’est le secret de la réussite. Quand il y a une bonne osmose, une bonne ambiance, ça donne envie de performer. 

Quels sont les objectifs désormais ? 

Les Jeux à Paris, en 2024, c’est l’objectif principal, mais il y a d’autres échéances avant. Je n’ai pas envie de les bâcler. Chaque événement, j’ai envie de le gérer le mieux possible pour arriver aux JO en pleine forme.

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