Régis Le Bris salue ses joueurs après la victoire de Lorient contre Clermont, le 28 août 2022 au stade du Moustoir.  (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Un vent nouveau souffle sur la Ligue 1. Avec l’arrivée des mauvais jours, Régis Le Bris et son staff se chargent de réchauffer Lorient et ses alentours. Sous sa houlette, depuis le 27 juin, les Merlus font des miracles : après neuf journées, ils occupent une étonnante troisième place de Ligue 1 derrière les locomotives du Paris Saint-Germain et de l’Olympique de Marseille, avec un bilan de sept victoires, un nul et une défaite. L’équipe peut même s’immiscer entre les deux mastodontes en cas de victoire dans le derby breton à Brest, dimanche 9 octobre à 15h. Franceinfo: sport s’est intéressé au successeur de Christophe Pélissier dans la ville aux cinq ports. 

« Regis Le Bris a instauré une identité de jeu, une cohésion dans le groupe. Ce n’est plus le tube de l’été parce qu’au bout de neuf journées, il n’y a plus de hasard ou de chance. » L’analyse est signée Thomas Callens, gardien de but de Lorient (prêté à Annecy cette saison) qui a disputé 15 matchs sous les ordres du technicien en N2 la saison passée. Les Lorientais n’étaient pas attendus à ce niveau, et leur coach, intronisé le 27 juin dernier en remplacement de Christophe Pélissier, non plus. Car jusque-là, il avait brillé loin des lumières.

Né à Pont-l’Abbé dans le Finistère, il a fait carrière en tant que défenseur au Stade rennais (1994-1999) et à Laval (1999-2002), avant de finir en Belgique, au KSK Renaix (2002-2003). A 27 ans, il se lance dans la formation : Wasquehal puis Rennes (2004-2012), où il obtient parallèlement un doctorat en physiologie et biomécanique, ainsi qu’un DU de préparation mentale du sportif de haut niveau. Sur le terrain, un titre de champion de France U18 (2007) et une Coupe Gambardella (2008) plus tard, Régis Le Bris quitte l’Île-et-Vilaine et se fait coopter par Lorient. Le début d’une grande aventure.

Il remporte le championnat avec les U17 nationaux (2015), avant de prendre en charge la réserve des Merlus. Avec plusieurs saisons de haute volée en National 2, l’éclosion de plusieurs jeunes talentueux (Le Fée, Guendouzi, Meslier…) et l’obtention en mai 2022, du brevet d’entraîneur professionnel de football (BEPF), l’entraîneur fait ses preuves. Un CV et un itinéraire qui font toute la richesse de l’homme.

« Pour moi, c’est un fin tacticien, qui arrive à la fois à former des joueurs et à s’adapter aux équipes en face » estime Thomas Callens. « Ce que fait Régis, c’est énormément d’analyse et de compréhension sur le jeu », abonde Jean-Marie David, son adjoint à Lorient. Sa nomination à Lorient correspond à l’émergence des entraîneurs-formateurs en Ligue 1. Julien Stéphan (Strasbourg) et Franck Haise (Lens) en sont les exemples les plus probants, le premier ayant succédé à Régis Le Bris à Rennes chez les U19, tandis que le deuxième le précédait à Lorient.

Jean-Marie David l’a connu à Rennes dans les années 1990, puis l’a recroisé à la fin de sa carrière de joueur,  lors d’un tour des centres de formation. Les deux hommes s’apprécient et Le Bris voit rapidement en David un potentiel bras droit. « J’ai d’abord décliné la proposition » relate ce dernier, « mais à partir du moment où Régis m’a présenté son projet, sa méthodologie et sa manière de fonctionner, ça a matché tout de suite »

Dans le détail, Thomas Callens explique : « Il nous responsabilise beaucoup lors des séances vidéo. Il met l’accent sur le fait que les joueurs soient acteurs de son projet de jeu », ajoute l’actuel gardien de but d’Annecy (Ligue 2). 

À ce degré d’exigence dans la préparation des rencontres, s’ajoute selon Jean-Marie David, une nécessité pour Régis Le Bris « d’élargir le spectre et de pouvoir dupliquer ce qui se fait au très haut niveau dans d’autres sports ». Une approche multisports qui se nourrit de la natation, du rugby ou encore du cyclisme. « Régis a la même formation que moi », révèle Frédéric Grappe, directeur de la performance dans l’équipe cycliste Groupama-FDJ. « Quand vous êtes formé sur la partie scientifique d’un doctorat, vous êtes obligé d’avoir une façon d’analyser et de penser différente des autres », constate celui qui a accueilli Le Bris et son staff dans son centre de recherche de la performance à Besançon.

Quand Thomas Callens se souvient de causeries inspirées « des valeurs du rugby », Jean-Marie David confie avoir emprunté à l’ovalie le minutage des entraînements, le fair-play ou le respect de l’arbitrage. Frédéric Grappe se remémore lui avoir discuté avec Régis Le Bris de préparation physique, de motivation ou même de nutrition. « En s’ouvrant comme ça, Régis va progresser à une vitesse terrible », prédit Grappe, pas étonné de ses premiers succès en Ligue 1.

Cette réussite s’explique aussi par la relation de confiance qui s’est instaurée. « Dans un club, si les principaux responsables ne sont pas alignés, vous n’allez pas pouvoir créer de la performance », tranche Frédéric Grappe. « L’ambiance est très bonne », assure Jean-Marie David, pour qui « les joueurs et le staff font partie d’un seul et même groupe »

Dans son sillage, Régis Le Bris n’a pas seulement emmené les Merlus. Il a aussi fait des émules dans sa famille : son jeune frère Benoît (plus jeune d’un an) a aussi été professionnel, et son jeune neveu, Théo, a inscrit son premier but avec Lorient contre Lille (2-1)

Le prochain objectif du technicien est maintenant de confirmer, et de composer avec la fatigue.« La gestion des organismes est le travail quotidien du staff, dans les échanges avec les joueurs et l’analyse des matchs » explique Jean-Marie David, évoquant un « championnat marathon »S’il est difficile d’imaginer Lorient conserver son rythme infernal, l’objectif du maintien paraît manquer aujourd’hui d’ambition. Avec 22 déjà points en neuf journées, le record de points inscrits par les Merlus dans l’élite, 58 en 2009-2010, doit trotter dans la tête de Régis Le Bris et de son groupe. 

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