Ce collectionneur enchaîne les albums Panini depuis le Mondial 1982. (Arnaud Fermin)

967 euros. C’est la somme moyenne que les collectionneurs de vignettes Panini devraient dépenser pour obtenir, sans aucun échange, la totalité des 682 vignettes de l’album Coupe du monde 2022. Un calcul qui s’appuie sur des recherches déjà réalisées à l’occasion du Mondial 2018 en Russie par le professeur Paul Harper, mathématicien à l’université de Cardiff.

Remise au goût du jour pour l’édition de cette année, l’étude montre qu’il faut acheter 4 832 autocollants en moyenne pour compléter son album à cause des doublons. A raison de cinq stickers par pochette, cela donne un total de 967 paquets à un euro à ouvrir.

« On est en relation avec beaucoup de collectionneurs, mais eux ne dépensent jamais autant dans nos albums », estime pourtant Isabelle Fillon, responsable marketing de Panini France. Fort heureusement, les amateurs de vignettes sont habitués à échanger leurs trésors, notamment pour réduire la facture.

Par rapport à la Coupe du monde 2018, remportée par l’équipe de France, Panini a augmenté le prix de ses pochettes de cinq autocollants de dix centimes, passant 90 centimes à un euro l’unité. Le tarif était d’ailleurs déjà en place pour l’album de l’Euro 2020.

« C’est une réflexion qui est faite par rapport à l’évolution du marché et des différents coûts que l’on doit réaliser chez nous : le prix d’acquisition des licences que l’on commercialise, le prix du papier, les salaires, explique Isabelle Fillon. Mais on propose aussi des offres promotionnelles avec des pochettes gratuites à l’intérieur des gros boosters pour gommer cette hausse à l’unité ».

Qu’importe le prix pour Arnaud Fermin, passionné de vignettes Panini depuis le Mondial 1982 en Espagne. Lui a déjà bien entamé son carnet en vue du Mondial au Qatar. « Il ne me reste plus que 99 stickers à trouver. » S’il a commencé par acheter des pochettes en grande surface, ce collectionneur préfère faire attention pour gérer au mieux son budget quotidien dans un contexte d’inflation. « Je m’organise selon mes rentrées d’argent tous les mois. Dernièrement j’ai pris une boîte de 100 pochettes pour une centaine d’euros parce que c’était payable en quatre fois. Au total, je dois être autour de 200 euros dépensés. C’est déjà pas mal. »

Mais les collectionneurs peuvent souvent compter les uns sur les autres pour arriver au bout de leurs albums. Zouhair a pris le pli lorsqu’il était tout jeune. « A l’époque, il n’y avait pas internet, donc les Panini étaient l’un des seuls moyens pour se préparer avant une Coupe du monde, explique-t-il avec nostalgie. Je me rappelle les négociations dans la cour de récré avant le Mondial 1998. Certains avaient des blocs-notes pour marquer les doublons. »

Pour retrouver le plaisir d’antan, ce trentenaire s’est associé à une douzaine d’amis. Le mot d’ordre ? L’entraide. « Mon beau-frère avait dépensé 500 euros pour l’album de la Coupe du monde 2018, donc cette fois, on vise l’efficacité », raconte Zouhair. Chaque fois que l’un d’entre eux ouvre une pochette, il note les cartes obtenues sur un Excel partagé, si bien que les autres savent vers qui se tourner pour récupérer celles qui leur manquent. « Ensuite, on se pose avec des bières tous ensemble sur la terrasse et on commence les échanges. » L’échange, une pratique que Panini ne voit pas d’un mauvais oeil, bien au contraire.

Notre slogan c’est : « Ouvrez. Partagez. Echangez. » D’ailleurs, on a une application qui permet de mettre en relation des collectionneurs. C’est quelque chose que l’on incite à faire.

Isabelle Fillon, directrice marketing de Panini France

à franceinfo: sport

La marque a même sorti une application dans ce but : la Panini Collectors. Son principe ? Scanner sa liste de doublons et la partager aux autres utilisateurs pour faciliter des échanges. Mais des groupes dédiés à ces transactions de la main à la main ont également vu le jour sur Facebook.

Même si Panini a choisi de mettre en avant 18 joueurs pour chacun des 32 pays représentés à la Coupe du monde, plutôt que des effectifs de 26, dans le but de réduire le nombre de vignettes et faciliter la tâche des collectionneurs, « très rares sont ceux qui terminent l’album » selon Isabelle Fillon.

Alors qu’il faut ouvrir autant de paquets pour obtenir ses 19 dernières cartes que pour trouver, quasiment, les 600 premières – d’après les probabilités calculées par Paul Harper – la directrice marketing de Panini France rappelle que les quelques irréductibles pourront se procurer leurs stickers manquants en ligne vers la mi-octobre.

Arnaud Fermin n’a justement jamais achevé le sien en 2018. « Il m’en manquait quelques-uns oui, mais j’ai eu mon joueur préféré : Olivier Giroud. Cette année, pas de Giroud dans l’album du Qatar mais l’attaquant de l’AC Milan figure tout de même sur la photo officielle des champions du monde en titre. « C’est tout ce qui compte », pour Arnaud.

La collection Coupe du monde a beau être la seule série disponible dans les 120 pays où Panini est implanté, le succès de l’album 2022 en France dépendra, comme souvent, du résultat des Bleus. D’autant que c’est la première fois depuis le lancement des Panini Coupe du monde 1970 qu’une vente pour un Mondial a lieu à cette période de l’année.

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