On parle de mouvement de foule quand on a « un comportement incontrôlé de la foule », dans laquelle les individus sont déplacés malgré eux, et peuvent être gravement blessés, voire mourir.
Un mouvement de foule a fait au moins 154 morts samedi à Séoul, en Corée du Sud, après un rassemblement de dizaines de milliers de personnes pour Halloween. Il est difficile pour l’instant de comprendre ce qui a entrainé ce drame, mais ce n’est pas la première fois que ce type de tragédie survient.
En janvier dernier, 12 morts étaient à déplorer après un mouvement de foule en Inde dans un sanctuaire et en novembre 2021, neuf morts avaient été décomptés à Houston (États-Unis), à la suite d’une bousculade lors d’un concert du rappeur Travis Scott. À La Mecque, un mouvement de foule en 2015 avait même fait plus de 2.000 morts.
« Un comportement incontrôlé de la foule »
Un mouvement de foule est « un comportement incontrôlé de la foule », explique à BFMTV.com Julien Pettre, directeur de recherche à l’INRIA, expert en simulation des foules. C’est « ce moment où vous êtes bousculé et où vous ne pouvez plus réagir, où c’est la foule qui vous déplace. »
Dans ces situations deux dangers sont particulièrement à craindre selon Julien Pettre: une compression des individus présents, liée à la trop forte densité de personnes dans un espace réduit, qui entraine notamment des problèmes d’oxygénation. Mais aussi un risque de piétinement par la foule, par exemple en cas de chute.
« J’ai l’image de ma fille de neuf ans qui était obligée de respirer sur le côté, elle était trop petite, et là j’ai eu peur », a raconté sur BFMTV Marion, Française à Séoul, qui était présente dans le quartier d’Itaewon samedi soir, « on s’est retrouvé dans cette ruelle où s’est ensuite passé le drame, et là vraiment on ne pouvait plus du tout avancer. »
Lors de mouvements de foule, les gens peuvent être tellement serrés « qu’ils n’arrivent plus à respirer correctement, puisque la cage thoracique est comprimée », explique à France Info Mehdi Moussaïd, spécialiste du comportement des foules. Or, « quand on ne peut plus bien respirer, les gens vont s’évanouir et si ça continue, ils vont décéder pendant l’évanouissement. »
« La panique accroît le danger et le nombre des victimes »
Les facteurs qui entrainent un mouvement de foule sont « très variés », explique Julien Pettre, qui souligne que dans la majorité des cas, la création d’une foule, comme une manifestation par exemple, ne termine pas en drame. Il faut déjà comprendre que « plus la densité de personnes est importante, plus le risque est élevé » qu’un mouvement de foule survienne, explique-t-il.
Le seuil critique est situé autour de six personnes par mètre carré, expliquait en 2019 Mehdi Moussaïd sur le site The Conversation. À Séoul samedi soir, le niveau était « autour de neuf ou dix personnes par mètre carré », a-t-il estimé sur France Info.
La gestion d’un événement peut être un des facteurs déclencheurs, « avec par exemple de mauvaises instructions » données à une foule sur les zones où se rendre, souligne Julien Pettre, ou même avec l’absence d’informations: « les gens peuvent continuer à affluer » à un endroit déjà rempli, ou se précipiter à plusieurs dans des zones prévues pour faire rentrer les personnes une à une, créant un bouchon.
Mais le plus souvent, un mouvement de foule est déclenché par « un mouvement de panique, des gens qui se mettent à courir », déclare le spécialiste. Car « quand vous voyez des gens courir dans la même direction vous avez tendance à faire pareil, et quand cela se produit c’est très difficile à arrêter », car la population est « stressée, paniquée ».
Dans un document de recommandations relatives aux premiers secours, le ministère de l’Intérieur écrit que lors de rassemblements, « l’anonymat et la tendance à l’imitation favorisent une certaine impulsivité et permettent à l’émotion de l’emporter sur la raison », une « panique collective ou une grande violence peuvent alors en résulter. Elle peut se traduire par des comportements collectifs inadaptés (fuite éperdue, bousculades, piétinement, …) », or, « la panique accroît le danger et le nombre des victimes. »
Comment réagir?
Avant tout, pour éviter que des mouvements de foule ne surviennent, il faut préparer l’événement en amont, explique Julien Pettre. « Gérer les flux, la présence de beaucoup de personnes au même endroit, nécessite un contrôle d’accès », comme ce que l’on observe par exemple à l’entrée des festivals, détaille-t-il, « sans cela les choses sont beaucoup plus difficiles » à appréhender, notamment car il « y a une méconnaissance sur le nombre de personnes qui va arriver ».
Dans un guide d’organisation des événements rassemblant du public, la préfecture de l’Ain souligne également la nécessité de « veiller à ce que les cheminements et les issues au sein du périmètre de la manifestation permettent une évacuation fluide et rapide du public en cas de mouvement de foule », car « en cas de mouvement brutal incontrôlable, il conviendra d’accompagner les spectateurs vers des axes de fuite et de les diriger vers des zones excentrées reconnues à l’avance ».
Si vous vous retrouvez à l’intérieur du mouvement de foule « essayez autant que possible d’être calme, statique, de ne pas écraser les autres, de gérer le stress au mieux, de garder une poche d’air autour de soi » et de protéger sa cage thoracique explique Julien Pettre, bien qu’en cas de foule importante, cela puisse être difficile à respecter.
« Il faut aussi être conscient des risques encourus dans certains cas, et réagir vite » en s’extirpant d’une foule qui deviendrait trop dense ou trop dangereuse, explique-t-il. Le spécialiste appelle de son côté à la mise en place de systèmes d’informations pour les publics, d’une « sorte de trafic info des foules », pour les aider à mieux appréhender les risques de ces situations, qui peuvent aboutir à des morts.
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