Les répercussions concrètes du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles en France et le phénomène s’accélère, selon un nouveau rapport.
Le paysage hexagonal en danger. L’ONG Réseau action climat dresse un panorama exhaustif des conséquences concrètes du changement climatique dans chacune des régions de France métropolitaine et d’Outre-mer dans un rapport choc publié ce jeudi 19 septembre, « La France face au changement climatique: toutes les régions impactées ».
Des villes de plus en plus chaudes devenues inhabitables l’été, des pans du territoire sous l’eau en hiver: le dérèglement du climat n’a jamais eu autant de répercussions concrètes en France que ces dernières années, un phénomène qui devrait s’accélérer.
« L’objectif était de dépasser l’idée d’un changement climatique qui serait lointain dans le temps et dans l’espace en faisant une synthèse de la littérature scientifique déjà existante », commente Clara Sannicolo, coautrice du rapport.
Des températures dépassant les 45°C aux méga-feux de forêt dans le Sud en passant par les cyclones tropicaux dans les Outre-mer, les événements climatiques extrêmes « sont de plus en plus fréquents et plus intenses », mais se manifestent sous différentes formes selon les régions.
• Saint-Malo et le Mont-Saint-Michel rayés de la carte?
Pour les régions situées en bord de mer comme la Bretagne, la Normandie, la Corse, la Nouvelle-Aquitaine, les Pays-de-la-Loire et bien sûr les Outre-mer, les dangers majeurs du changement climatique seront les submersions liées à la hausse du niveau de la mer, l’érosion du littoral et les événements climatiques extrêmes comme les cyclones et ouragans.
Si la côte Nord de la France est la plus exposée à ces phénomènes liés au changement climatique, le rapport répertorie également les pertes en matière de « patrimoine naturel et culturel », avec des villes côtières à terme « menacées par la montée des eaux » comme Saint-Malo, construite sous le niveau de la mer, l’île d’Oléron qui risque d’être « rayée de la carte », tout comme la baie du Mont-Saint-Michel.
• Les grandes villes bientôt invivables ?
En Auvergne-Rhône Alpes, dans les Hauts-de-France ou en Île-de-France, c’est la hausse des températures dans les grandes villes comme Paris qui pourraient devenir complètement invivables, s’inquiète l’ONG. Pour ces grandes villes de France, notamment dans le nord du pays, les inondations menacent et pourraient avoir des répercussions dans de nombreux secteurs.
À terme, des années très chaudes comme 2022 ou 2023 pourraient devenir « banales », avec des températures atteignant les 50°C.
« Il devient urgent de lever les freins à l’investissement local pour le climat », interpelle l’ONG Réseau action climat.
Elle appelle à « réaménager les villes pour limiter les îlots de chaleur urbains », à « raisonner nos usages de l’eau pour prévenir les sécheresses » et à freiner « dès à présent » nos émissions de gaz à effet de serre. L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a récemment évalué à 19 milliards d’euros par an d’ici 2030 le montant d’investissements nécessaires des collectivités en faveur du climat, soit plus du double de l’effort actuel.
• Les châteaux de la Loire en danger
Dans certaines régions de France métropolitaine, le risque de sécheresse, qui pourrait durablement modifier les paysages de certaines villes et régions, s’accélère. Dans son rapport, l’ONG Réseau action climat évoque par exemple le cas des châteaux de la Loire. En raison de la sécheresse et de la diminution du débit de la Loire, certains trésors de notre patrimoine qui bordent le fleuve, comme le château de Chenonceaux, seraient fragilisés.
Les jardins à la française du château de Chambord, très gourmands en eau, devraient eux être repensés. Quant au Clos-Lucé, dernière demeure de Léonard de Vinci, Blois ou Azay-le-Rideau, ils sont situés en zone à risque d’inondation et donc, menacés.
• Sécheresse et incendies dans l’Est et le Centre
Dans le Grand-Est, le Centre-Val de Loire, en Occitanie, ou en Bourgogne-Franche-Comté, ce sont la sécheresse et les feux de forêts qui menacent l’agriculture, l’industrie et la préservation des paysages. Avec une forte exposition aux catastrophes naturelles, ces régions vont, elles aussi, devoir s’adapter au changement climatique et repenser leur économie. À commencer par l’industrie, responsable de 54% des prélèvements en eau en Grand Est, selon le rapport.
Face aux sécheresses et au risque d’incendies, la forêt vosgienne va par exemple devoir s’adapter et changer quelque peu d’apparence avec l’introduction d’espèces d’arbres du Sud de la France, plus résistantes à la chaleur.
• Le Sud en surchauffe
Assèchement des gorges du Verdon, sécheresses, menaces d’incendie, fonte des glaciers et montée du niveau de la mer… Le Sud n’échappe pas aux conséquences du changement climatique. La hausse des températures, en plus de menacer fortement la biodiversité et les écosystèmes, accélère la pollution de l’air et de l’eau.
Selon un rapport de Grec-Sud de mai 2024, le nombre de nuits tropicales recensées depuis 1960 a été multiplié par cinq. Si les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans la région, en 2019, 44,6°C ont été recensés à Saint-Chamas. Un record.
Tous ces phénomènes ont aussi des conséquences « en cascade »: habitabilité des territoires, perte de biodiversité, déplacements d’espèces animales, chute des rendements agricoles, modification notable de paysages voire destruction potentielle de certains pans de l’économie (pêche, tourisme, etc).
• 5.000 décès en 2023 liés à la chaleur
Tous les territoires sont en revanche concernés par des températures qui, chaque année, battent des records, ainsi que par la multiplication des épisodes de sécheresse. On compte en moyenne « deux vagues de chaleur par an en France depuis 2010, contre une tous les cinq ans avant 1989 », relève le rapport. Phénomène qui s’accélère avec « plus de 5.000 décès attribuables à la chaleur » pour la seule année 2023, contre « près de 33.000 entre 2014 et 2022 » au total selon Santé publique France.
Ces événements entraînent également des tensions croissantes sur la ressource en eau avec, à la clé, des conflits entre usages domestiques, agricoles et industriels. La Loire, plus long fleuve de France, près duquel sont installées quatre centrales nucléaires, pourrait ainsi voir son débit « diminuer de moitié », selon certaines projections.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.