Les étapes du retour contrôlé du satellite Aeolus de l'Agence spatiale européenne

Alors que les agences spatiales laissent généralement les satellites redescendre en spirale et se consumer de manière incontrôlée une fois leur mission terminée, l’ESA a élaboré un plan pour utiliser les dernières gouttes de carburant de son satellite afin de le guider de manière plus sûre vers le sol.

Un crash contrôlé. Envoyé dans l’espace en 2018, le satellite Aeolus de l’Agence spatiale européenne (ESA) a rempli sa mission avec succès, visant à cartographier les vents de la planète, et a même dépassé sa durée prévue de vie en orbite. Comme la plupart des satellites, il était prévu qu’il retombe naturellement et de manière incontrôlée vers la Terre.

Toutefois, l’ESA a décidé de tester avec lui une rentrée contrôlée dans l’atmosphère terrestre, une mission de guidage jusqu’ici inédite. Il s’agit ici de manœuvrer au maximum l’engin pour le faire arriver dans un endroit précis de l’océan Atlantique ce vendredi.

Descente progressive

Depuis 2014, de nouvelles règles sont en vigueur pour obliger les constructeurs à prévoir des retours contrôlés pour les satellites. Problème, Aeolus a été conçu avant l’entrée en vigueur de cette législation. Son système de propulsion et ses réserves de carburant n’étaient pas faits pour être guidé jusqu’aux altitudes requises pour cela.

Les scientifiques de l’ESA ont donc décidé de garder du carburant à bord pour conduire le satellite le plus précisément possible vers sa tombe au fond de l’Atlantique. L’objectif est d’amener Aeolus jusqu’à 80 kilomètres au-dessus de la Terre.

Depuis le 19 juin, le satellite chute naturellement de son altitude opérationnelle de 320km. Lundi dernier, les premières manœuvres ont été effectuées pour le ramener progressivement et lentement en direction de notre planète, en actionnant des propulseurs pour le ralentir.

Les étapes du retour contrôlé du satellite Aeolus de l'Agence spatiale européenne
Les étapes du retour contrôlé du satellite Aeolus de l’Agence spatiale européenne © ESA

Seul 20% de la masse survivra

Des étapes successives ont été mises en place pour continuer à le faire descendre et freiner jusqu’à ce vendredi, date à laquelle il doit effectuer sa dernière chute vers l’océan. Sur la fin du processus, la majeure partie du satellite brûlera au contact de l’atmosphère terrestre.

En effet, si le satellite pesait à son départ 1360kg, seul 20% environ de sa masse devrait survivre à la chute. Ce sont ces débris restants qui font l’objet de cette importante manœuvre de l’ESA. L’objectif est de les faire descendre le plus proche possible de la Terre de manière contrôlée, jusqu’à être sûr qu’ils tomberont à l’endroit précis choisi, où il n’y pas d’île et peu de trafic maritime.

Le processus est compliqué par le fait qu’Aeolus n’a pas été conçu pour fonctionner à des altitudes aussi basses. Ce retour guidé, s’il réussit, pourrait donc servir de modèle pour les missions de satellites imaginées avant la nouvelle réglementation.

La problématique des déchets spatiaux

Chaque année, une centaine de tonnes de débris spatiaux retombent dans l’atmosphère terrestre, un chiffre amené à augmenter avec la hausse du trafic spatial. La présente mission devrait permettre ainsi de réduire le risque – déjà faible – que les débris heurtent des personnes ou des biens.

En outre, limiter le nombre de débris spatiaux permettra aussi d’éviter des collisions avec d’autres objets ou engins dans l’espace.

En novembre 2022, le retour de débris de Long March 5B, une fusée chinoise, avait provoqué la fermeture d’une partie des espaces aériens espagnol et corse. En 2020, des morceaux de ce même lanceur chinois se sont écrasés près d’un village de Côte d’Ivoire, sans faire de blessés.

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