Démangeaisons, fièvre... Le ver de feu prolifère en Méditerranée en raison du réchauffement climatique

Le ver de feu est un ver marin mesurant jusqu’à 50 cm de long. Avec ses poils venimeux, il peut causer démangeaisons et oedèmes. Avec le réchauffement des eaux, l’animal progresse dans le sud de l’Italie.

Une progression qui inquiète. Le ver de feu, un ver marin aux propriétés irritantes, progresse actuellement en mer Méditerranée, en raison du réchauffement climatique. Il est désormais présent sur les côtes italiennes.

De son nom latin Hermodice carunculata, le ver de feu, aussi appelé ver de feu barbu ou ver barbelé est un ver annelé marin. Mesurant en général entre 15 et 30 cm, il peut parfois atteindre jsuqu’à 50 cm de long. Avec ses allures de mille-pattes, il peut se colorer de rouge, de vert, de jaune ou encore de gris.

Une douleur parfois « forte et durable »

Le ver de feu est un prédateur vorace se nourrissant de corail comme de poissons prisonniers des filets de pêche. Les vers « mangent la tête, tout le corps et l’éviscèrent », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Alfonso Barone, un pêcheur italien qui en remontent régulièrement dans ses filets au large de la Sicile.

Le ver est doté de poils au venin urticant se détachant au moindre contact et rentrant dans la peau des nageurs qui croisent sa route. Résultat: « des démangeaisons, de la fièvre et des oedèmes », indique à La Stampa Michela D’Alessandro, chercheuse à l’institut national italien d’océanographie et de géophysique appliquée.

« Si la piqûre se produit dans des endroits où la peau est épaisse, elle provoque une sensation de brûlure localisée semblable à celle provoquée par l’ortie, mais si la piqûre se produit dans des zones où la peau est plus fine, comme l’intérieur du coude ou du genou, alors la douleur est forte et durable » et peut causer un « engourdissement » nécessitant d’être soigné par de la « cortisone », indique Roberto Simonini, physiologiste à l’Université de Modène et Reggio Emilia, au journal italien.

Maintenant présents toute l’année

Évoluant habituellement dans certaines régions tropicales de l’océan Atlantique et en mer Méditerranée, l’animal prolifère actuellement au large de l’Italie en raison du réchauffement des eaux.

« Avec le réchauffement climatique, les eaux se réchauffent, devenant un habitat idéal pour ces vers, qui sont de plus en plus nombreux d’année en année, et sont présents tout au long de l’année », explique Alfonso Barone qui n’en observait auparavant en Sicile que l’été.

Ce phénomène a des conséquences négatives pour les pêcheurs, les poissons à moitié mangés par les vers ne pouvant être vendus. « Ils avaient l’habitude de manger environ 30% des prises, désormais, ce chiffre est passé à 70% », déplore l’Italien.

Des capacités de régénération

Outre la Sicile, les vers migrent également au sud de l’Italie. Ils ont notamment été observés en Calabre, à la pointe de la Botte italienne. « Il y en a des quantités impressionnantes dans des eaux très peu profondes », indique à l’AFP le zoologue Francesco Tiralongo, qui dirige un projet de l’université sicilienne de Catane étudiant ce phénomène.

Pour le scientifique, le ver de feu « est une espèce opportuniste qui se comporte à la fois comme un prédateur et un charognard ».

Il est par ailleurs très résistant. « Si vous le coupez en deux, non seulement la partie avec la tête régénère une partie arrière, mais la partie arrière parvient elle aussi à reconstituer une tête en 22 jours environ », note le zoologue Francesco Tiralongo. 

Si l’extinction de certaines espèces est une conséquence bien connue du réchauffement climatique, ce dernier conduit aussi à la prolifération d’autres. C’est notamment le cas de certaines espèces tropicales non indigènes en Méditerranée, ce qui « provoque de profonds changements dans les écosystèmes marins », s’inquiète l’expert en espèces invasives à l’université de Gênes Federico Betti.

Le projet Worms Out a été lancé par des chercheurs italiens de l’institut national italien d’océanographie et de géophysique appliquée afin de collecter plus de données sur le ver de feu permettant de trouver les meilleurs moyens de freiner leur prolifération.

Juliette Desmonceaux avec AFP

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