Moscou doit lancer ce vendredi une fusée en vue d’explorer la Lune. Un première depuis près de 50 ans qui témoigne de la volonté de la Russie d’avoir une place dans la nouvelle course à l’espace.
Viser la Lune, ça ne fait pas peur à Moscou. L’agence spatiale russe Roscosmos lancera dans la nuit de jeudi à vendredi son premier engin vers la Lune depuis 1976, en vue d’un d’y poser une sonde. Outre l’aspect scientifique, cette mission est un moyen pour la Russie, héritière de la puissance spatiale soviétique, de se relancer dans une course à l’espace aujourd’hui trustée par le camp occidental (États-Unis et Union européenne) que veut concurrencer la Chine.
Objectifs scientifiques affichés
L’objectif affiché de cette mission, baptisée Luna-25, est de poser sur la Lune une sonde de près de 800 kilogrammes qui doit être lancée par une fusée Soyouz depuis le cosmodrome de Vostotchny, dans l’Extrême-Orient russe, vendredi à 8h10 heure locale (1h10 heure de Paris). La sonde doit atteindre l’orbite lunaire cinq jours après son lancement. Elle restera dans cette orbite pendant trois à sept jours, le temps de choisir le bon endroit pour se poser.
Cette opération est périlleuse puisque Roscosmos ambitionne d’alunir dans la région du pôle Sud, réputée difficile d’accès et peu explorée jusqu’ici. « La probabilité de réussite de telles missions est estimée à environ 70% », a indiqué le patron de Roscosmos Iouri Borissov à Vladimir Poutine lors d’une réunion en juin.
Selon une source au sein de l’agence spatiale russe contactée par l’AFP, l’alunissage de la sonde est prévu pour le 21 août. L’engin sera alors censé explorer le sol de notre satellite pendant un an.
Une fois posée, la sonde aura pour mission de « prélever (des échantillons) et analyser le sol », ainsi que de « mener des recherches scientifiques à long terme », a indiqué l’agence spatiale russe. Comme le relève Franceinfo, 600 millions de tonnes d’eau glacées seraient contenues dans des espaces appelés « pièges froids », selon des études de la Nasa.
Rester une puissance spatiale
Au-delà de ses intentions scientifiques, la Russie veut montrer qu’elle continue de peser dans le jeu des puissances spatiales, au moment où Roscosmos est privé de ses partenariats avec l’Occident en raison de la guerre en Ukraine.
Vladimir Poutine a promis de poursuivre le programme spatial russe malgré les sanctions, prenant pour exemple l’envoi par l’URSS du premier homme dans l’espace en 1961, en pleine escalade des tensions Est-Ouest.
« Nous sommes guidés par l’ambition de nos ancêtres d’aller de l’avant, malgré les difficultés et les tentatives extérieures de nous en empêcher », a déclaré le président russe, s’exprimant sur le cosmodrome de Vostotchny l’année dernière.
Le secteur spatial est source d’une grande fierté en Russie, les Soviétiques ayant lancé le premier satellite, Spoutnik, envoyé en orbite terrestre le premier animal, une chienne nommée Laïka, le premier homme, Iouri Gagarine, puis la première femme, Valentina Terechkova. L’URSS avait toutefois été battue par les Etats-Unis pour le premier homme sur la Lune, avec le vol de Neil Armstrong en juillet 1969.
Tenir le rythme d’une course à l’espace relancée
Malgré les promesses d’un retour de la Russie au premier rang des puissances exploratrices de l’espace, le programme spatial russe n’a pas les moyens de ses ambitions: il s’appuie toujours en grande partie sur des technologies de conception soviétique, peine à innover et souffre de sous-financement chronique, Moscou donnant la priorité aux dépenses militaires. Il a également été marqué par des scandales de corruption et quelques lancements ratés.
Désormais relégués au rang de paria par les Occidentaux après des décennies de collaboration, notamment au sein de la station spatiale internationale, les Russes se sont tournés vers la Chine, qui ambitionne de faire marcher un taïkonaute sur la Lune en 2029, pour le 80 ans de la fondation du régime communiste. En août 2021, les deux puissances ont signé un accord pour construire une station spatiale qui serait située soit sur le sol lunaire, soit en orbite du satellite.
En parallèle, les États-Unis et l’Union européenne développent depuis plusieurs années le programme Artémis, qui vise à ce que des astronautes foulent à nouveau la Lune en 2025, au plus tôt. Mais le but ultime de ce programme, c’est l’exploration de Mars entre 2030 et 2040.
D’autres acteurs ont également affiché leurs ambitions d’explorer de la Lune. La Corée du Sud y a posé une sonde en 2022 et l’Inde a lancé en mai une fusée également porteuse d’une sonde, actuellement en orbite autour de la Lune. L’Arabie Saoudite a aussi rejoint la course en avril mais son engin s’est craché lors de la tentative d’alunissage.
La fièvre de l’espace aussi gagné la sphère privée, à l’image SpaceX (l’entreprise d’Elon Musk, Blue Origin (celle de Jeff Bezos), Boeing ou encore le japonais iSpace, qui a notamment mis au point la fusée qui a lancé la sonde saoudienne.
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