Le télescope spatial doit décoller ce samedi depuis les États-Unis à bord d’une fusée SpaceX. Il s’agit de la « première mission spatiale à étudier les propriétés de l’énergie sombre », selon un expert.
Le télescope spatial européen Euclid doit décoller ce samedi pour tenter d’éclairer l’une des plus grandes énigmes scientifiques, la matière noire et l’énergie sombre, qui constituent 95% de l’Univers mais dont on ne sait quasiment rien.
Le satellite doit s’envoler depuis Cap Canaveral, en Floride, à 11h12 heure locale, soit 17h12 heure française, à bord d’une fusée Falcon 9 de l’entreprise américaine SpaceX.
Le télescope de deux tonnes va être placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre. D’un coût de 1,5 milliard d’euros, la mission européenne doit durer jusqu’en 2029 minimum.
Dresser une carte en trois dimensions de l’Univers
Euclid, du nom du père de la géométrie, « sera la première mission spatiale à étudier les propriétés de l’énergie sombre », a souligné Michael Seiffert, responsable scientifique du projet pour la Nasa, qui participe à cette mission de l’Agence spatiale européenne (ESA).
Durant six ans, la sonde dressera une carte en trois dimensions de l’Univers, englobant environ deux milliards de galaxies, sur une portion d’un tiers de la voûte céleste. Les galaxies lointaines observées permettront de remonter le temps jusqu’à il y a 10 milliards d’années – le temps qu’a pris leur lumière pour nous parvenir.
L’immense quantité de données récoltées seront rendues publiques pour que la communauté scientifique puisse s’en saisir, à la suite des quelque 2600 chercheurs membres du consortium Euclid, issus d’une quinzaine de pays.
Mieux connaître la matière noire
La matière noire (25% de l’Univers) et l’énergie sombre (70%) ont des effets opposés: quand la première exerce une attraction qui tient ensemble les objets cosmiques, l’énergie sombre provoque elle leur dispersion.
La méconnaissance de ces deux composantes sombres a été qualifiée de « situation embarrassante » par le responsable de la mission Euclid à l’ESA, Giuseppe Racca. Le satellite n’a toutefois pas pour objectif de déterminer leur nature (trop ambitieux), mais d’abord de mieux comprendre leur propriété, la manière dont elles agissent et évoluent à travers le temps.
Grâce à sa carte en 3D, le télescope permettra des mesures précises sur la distribution des galaxies et l’expansion de l’Univers. De ces observations, la matière noire et l’énergie sombre seront déduites « indirectement », a expliqué Giuseppe Racca.
Éclairer l’extension de l’Univers
Toutes ces données pourraient également éclairer le destin de l’Univers. La théorie du « Big Crunch » (contraction de l’univers sur lui-même) est affaiblie depuis la découverte de l’expansion accélérée de l’Univers.
La découverte, faite par le célèbre astronome Edwin Hubble, date des années 1920. Et depuis les années 1990, que cette expansion s’accélère.
Mais la façon dont l’Univers continuera à s’étendre – peut-être, dans plusieurs dizaines de milliards d’années, jusqu’à éloigner les planètes de tout Soleil voire déchirer les atomes – dépendra des propriétés de l’énergie sombre, qu’Euclid doit aider à mesurer, souligne Michael Seiffert.
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