Alors que le gouvernement incite les distributeurs à proposer le carburant à prix coûtant et remet en place un chèque-carburant, est-ce que ces actions feront davantage économiser que les ristournes pratiquées l’an dernier?
Face à la hausse des prix des carburants, l’Etat se refuse à baisser les taxes. Mais pas question de ne pas répondre à cette vive inquiétude des Français: après les ristournes de l’an dernier, le chèque-carburant en début d’année (et annoncé de nouveau pour l’an prochain), le gouvernement demande désormais aux distributeurs de proposer les carburants à prix coûtant. Mais quelle est la formule la plus intéressante pour les automobilistes?
Ristournes: un dispositif généreux… mais inégalitaire
Au printemps 2022, le gouvernement avait mis en place des ristournes sur les prix des carburants. Ce dispositif avait l’avantage de faire baisser immédiatement les tarifs à la pompe, de 18 centimes par litre (en France métropolitaine) du 1er avril au 31 août, de 30 centimes du 1er septembre à mi-novembre et de 10 centimes jusqu’au 31 décembre.
Un effet renforcé par la ristourne complémentaire pratiquée par Totalénergies, qui rajoutait une économie de 12 centimes sur ses stations d’autoroutes en juillet-août, puis, dans tout son réseau en France: 20 centimes de moins de septembre à mi-novembre et 10 centimes sur la fin d’année.
Si l’année 2022 a ainsi vu les prix des carburants atteindre des sommets, avec un gazole bien au-dessus des 2 euros en mars ou en juin par exemple, on constate aussi des prix à la pompe historiquement bas sur la période récente. Le gazole était ainsi descendu à 1,66 euro le litre en septembre et l’essence à moins de 1,49 euro le litre, du jamais-vu pour le sans-plomb 95-E10 depuis mars 2021.
Une étude de l’Insee publiée debut juillet 2023 analysait les effets de cette ristourne, estimant notamment qu’elle avait permis une baisse des prix à la pompe de 10,8%, par rapport aux évolutions des prix du marché.
En revanche, l’aspect inégalitaire de cette mesure était également pointée du doigt: les 25% les plus aisés, qui consomment en moyenne davantage de carburant, ont davantage bénéficié de cette mesure, avec une économie comprise entre 64 et 115 euros, contre entre 29 et 48 euros pour les 25% les plus modestes. Une économie plus importante en valeur absolue, mais qui représente une part moins importante des revenus des plus aisés, précisait toutefois l’Insee.
Au-delà de cet aspect, c’est surtout le coût de cette mesure qui peut apparaître comme démesuré: un peu plus de 8 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget annuel du ministère de la Justice.
Chèque-carburant: le bon plan pour les finances publiques?
Après avoir « vidé » les caisses de l’Etat avec ces ristournes, il fallait donc trouver une formule moins onéreuse, surtout dans le contexte de la fin du « quoi qu’il en coûte » et de la transition écologique, qui n’incite pas vraiment à financer les énergies fossiles…
Début décembre 2022, alors que les ristournes vont s’arrêter avec le passage à la nouvelle année, le gouvernement dégaine donc le chèque-carburant pour début 2023. Cette aide se veut beaucoup plus « cibée ». Pour en bénéficier, il faut posséder une voiture, avoir un travail et faire partie des cinq premiers déciles de revenus, soit des 50% de Français les plus modestes qui possèdent une voiture (revenu fiscal de référence 2021 inférieur à 14.700 euros).
D’après Bercy, ce chèque de 100 euros représente l’équivalent d’une remise de 20 centimes par litre pendant six mois pour un automobiliste moyen, c’est-à-dire roulant environ 12.000 kilomètres par an en moyenne avec un véhicule consommant 6,5 litres aux 100 kilomètres.
Et cela coûte bien moins cher que la remise « pour tous », surtout avec de nombreux Français éligibles qui n’en ont pas fait la demande. Alors qu’une enveloppe d’un milliard d’euros était prête à financer 10 millions de chèques, un total de 4,3 millions de travailleurs l’ont réclamé pour une facture de 430 millions de dollars, soit 18 fois moins que les remises pratiquées en 2022.
Prix coûtant: le secteur privé à la rescousse
Encore moins coûteux que les remises à la pompe et les chèques, le gouvernement appelle désormais les distributeurs à limiter leurs marges au maximum en proposant les carburants à prix coûtant. Un léger rétropédalage d’Emmanuel Macron, après l’autorisation accordée par Elisabeth Borne de vendre à perte, qui a provoqué un tollé général, en particulier chez les distributeurs et dans la classe politique.
Difficile d’évaluer l’économie potentielle pour les automobilistes: à l’UFIP (Union française des industries pétrolières), on estime que la marge des distributeurs était de l’ordre du centime d’euro par litre.
C’est Leclerc qui évoque la marge la plus élevée, et donc l’économie potentielle la plus forte, de l’ordre « de 2 à 3% donc de 2 à 6 centimes par litre« , soit « 1 ou 2 euros par plein« , a indiqué Michel-Edouard Leclerc sur France Info.
Concrètement ces derniers jours, les enseignes Carrefour et Leclerc se sont engagées à réaliser de telles opérations tous les jours, Casino, Cora et Intermarché en réaliseront deux week-ends par mois, Système U et Auchan au moins un week-end par mois.
D’après nos données et le prix moyen par enseigne, c’est bien dans la grande distribution qu’on trouve les prix au litre en moyenne les moins chers en France. Logique vu que le carburant se présente comme un produit d’appel pour attirer les clients en magasin.
Par rapport à Totalénergies, qui reste sur un plafond des prix des carburants à 1,99 euro, l’économie sur un plein de 50 litres chez Système U ou Leclerc, est ainsi de l’ordre de 2 euros. Et si on prend l’enseigne la plus chère ce mercredi 27 septembre, BP, l’économie potentielle atteint près de 8 euros, avec un plein de 50 litres à 103 euros, contre 95 euros dans les enseignes de grande distribution les moins chères.
Pour vous aider à remplir votre réservoir à moindre frais, vous pouvez consulter notre service « Le Plein BFM », qui fournit une carte des stations-service les moins chères.
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