Renault et Nissan ont confirmé mercredi la signature d’un nouvel accord de 15 ans, selon lequel ils auront une « participation croisée de 15% », alors qu’auparavant Renault détenait 43,4% de Nissan.
En France, la durée moyenne d’un mariage est de quinze ans, si l’on en croit l’Insee. À cet égard, Renault et Nissan ont fait mieux que la moyenne en s’unissant pendant 24 ans. Mais l’alliance des deux constructeurs automobiles (avec Mitsubishi depuis 2016) touche à sa fin. Mercredi, ils ont confirmé que Renault, qui détenait jusqu’ici 43,4% du capital de Nissan, redescend à 15%. Concrètement, cela signifie que que Renault ne contrôlera plus Nissan.
Les constructeurs français et japonais ont conclu un nouvel accord de 15 ans selon lequel ils auront une « participation croisée de 15% ». Ils ont aussi annoncé la fin de leur centrale d’achat commune, un changement drastique par rapport à l’ancienne version de l’accord, où elle occupait une place fondamentale.
Plus d’achats en commun, retour de la concurrence
Dès lundi, les salariés de Renault ont été appelés à arrêter de partager leurs fichiers et données avec les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi, franchissant ainsi une étape supplémentaire dans l’assouplissement de leur alliance.
« L’alliance Renault Nissan s’arrête au 6 novembre. Donc à partir de cette date, plus aucune communication avec Nissan », est-il indiqué dans un courriel interne émanant de l’encadrement d’un service, que l’AFP a pu consulter.
Concrètement, la société d’achats en commun de l’Alliance (Alliance purchasing organisation), première structure créée par Carlos Ghosn quand il a façonné l’Alliance en 2001, et qui employait encore 1.400 personnes, a été dissoute lundi. Le groupe a indiqué qu’aucun collaborateur de la centrale d’achat ne serait licencié et que « la réorganisation est en cours ».
Renault, Nissan et Mitsubishi « vont désormais agir de manière indépendante et en qualité de concurrents », « aucune information ne pourra plus être échangée, à l’exception de cas strictement encadrés », est-il précisé dans un autre mail, issu lui du service de formation d’un des sites de Renault.
Selon une source proche du dossier, qui confirme l’arrêt des bibliothèques partagées et des données entre les deux constructeurs, cette étape constitue la suite logique de la diminution de la participation de Renault dans Nissan, comme exigée par les lois anti-trust.
« On a toujours été concurrents sur le marché, ce mot de ‘concurrence’ n’est pas nouveau », a affirmé la même source, tempérant les e-mails. « On va vers un nouveau chapitre de l’Alliance, mais qui n’a pas la même forme », a-t-elle ajouté, récusant le terme de « divorce » brandi par les syndicats inquiets.
Une alliance « au cas par cas »
Cette décision s’inscrit dans la réorganisation de l’Alliance Renault-Nissan – à laquelle Mitsubishi appartient depuis 2016 – annoncée au début de l’année et censée être moins fusionnelle et plus égalitaire. De fait, l’euphorie de la grande Alliance fondée en 1999 est depuis retombée, le Japon dénonçant régulièrement les conditions « inégalitaires » de ce mariage, Renault étant, en réalité, en position de dicter ses conditions à son partenaire.
Fin septembre, Renault avait déjà indiqué que, d’ici la fin de l’année, l’organisation de l’Alliance passera d’un « modèle standardisé à l’échelle mondiale » à une « coopération axée sur les projets ». Autrement dit, Renault et Nissan vont maintenant travailler au cas par cas, sans entité ni structure commune.
« Avec Nissan, on n’habite plus ensemble, mais ça ne nous empêche pas de partir parfois en vacances », résumait une source proche de l’entreprise, à BFM Business, en septembre.
Pas de quoi rassurer les syndicats. « On va pas se le cacher, là c’est un divorce qui est acté, c’est un secret de polichinelle », a affirmé Fabien Gloaguen, délégué syndical FO de Renault à Sandouville.
« On n’est pas là pour juger la stratégie de Renault », a-t-il ajouté, mais l’évolution de l’Alliance « manque de clarté ».
Le syndicaliste est notamment inquiet de « l’incertitude » qui plane autour de l’avenir des 1.400 salariés travaillant à la centrale d’achat commune ou dans les usines françaises de Renault produisant entre autres des voitures Nissan, comme à Maubeuge, Batilly ou encore Sandouville.
Le groupe a réaffirmé que les véhicules dont Nissan a confié la construction à Renault continueront d’être fabriqués dans ses usines françaises, et que les constructeurs continueront à échanger des données sur leurs projets communs.
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