Refus d'obtempérer, cavale... Ce que l'on sait de l'affaire Hendy-Freegard, l'escroc britannique

Robert Hendy-Freegard, l’escroc britannique, qui s’était soustrait le 25 août à un contrôle de gendarmerie, renversant deux militaires avec sa voiture, a été interpellé vendredi après-midi près de Bruxelles. La procédure judiciaire doit encore répondre à de nombreuses interrogations.

Sa cavale aura donc duré huit jours. Ce vendredi, la police fédérale belge a interpellé Robert Hendy-Freegard. Ce Britannique établi en France, était recherché depuis qu’il s’est soustrait à un contrôle de gendarmerie diligenté à son domicile, avant de prendre la fuite en renversant deux militaires au passage.

Depuis les circonstances de son arrestation sur les routes belges jusqu’à son avenir judiciaire, en passant par les faits qui lui sont reprochés et les interrogations que les enquêteurs vont devoir dissiper, BFMTV.com fait le point ce samedi sur l’affaire soulevée autour de cet homme, connu pour de nombreux faits d’escroquerie.

• Une interpellation sans heurt

Il était 16h50 ce vendredi lorsque les agents de la police fédérale autoroutière des Flandres-Occidentale se sont approchés d’une Audi, sur le bord de l’autoroute E40, à hauteur de Grand-Bigard, à une dizaine de kilomètres de Bruxelles, selon les informations communiquées par le porte-parole des autorités locales. Le propriétaire du véhicule, Robert Hendy-Freegard, s’est alors laissé arrêter sans opposer de résistance.

Traqué par les forces de l’ordre en France, le passager de sa voiture avait été repéré à la frontière belge et signalé à la police locale. L’ANPR – un système vidéo de scan des plaques d’immatriculation disposé le long des autoroutes – a permis de suivre son trajet jusqu’à ce que les policiers décident d’intervenir.

• Les faits qui lui sont reprochés

Pour comprendre les raisons qui ont poussé ce Britannique de 51 ans vivant en France à fuir vers la Belgique, il faut en revenir au jeudi 25 août dernier. Ce jour-là, la gendarmerie assistée des services vétérinaires débarque à son domicile de Vidaillat, dans la Creuse. Il s’y occupe d’un chenil rempli d’une trentaine d’animaux avec sa compagne Sandra Clifton, Britannique comme lui.

L’élevage canin, initié après leur arrivée dans la région en 2015, est cependant illégal. C’est ce qui a motivé la venue des agents. Mais Robert Hendy-Freegard refuse de se plier au contrôle, démarre son Audi, fauchant deux des gendarmes présents sur les lieux. Les militaires sont grièvement blessés, recevant respectivement six et 21 jours d’ITT, la seconde victime souffrant notamment d’une fracture du nez.

• Les procédures judiciaires lancées à son encontre en Belgique et en France

Dans un premier temps, le parquet de Guéret a lancé une information judiciaire contre X pour tentative d’homicide dans la foulée de ce refus d’obtempérer. Depuis, une enquête a été ouverte contre Robert Hendy-Freegard pour tentative d’homicide volontaire sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

Mais, interpellé en Belgique, le Britannique devra dans un premier temps faire face à la justice locale. Il devait d’ailleurs être présenté au juge d’instruction de Hal-Vilvoorde ce samedi dans la journée, selon nos informations recueillies auprès du parquet de Bruxelles. Après quoi, il sera selon toute vraisemblance transféré en France où il sera déféré devant un nouveau juge d’instruction.

• Le « marionnettiste »

Ce n’est pas franchement la première fois que Robert Hendy-Freegard se retrouve face à la justice. Ses précédents méfaits en matière d’escroquerie lui ont valu une première condamnation outre-Manche. Arrêté en 2002, il a été condamné à perpétuité en 2005, avant de voir ce jugement cassé en Cour d’appel et recouvrer sa liberté en 2009. Sa notoriété excède d’ailleurs sa patrie d’origine depuis que Netflix lui a dédié un documentaire il y a quelques mois, consacrant son surnom de « Puppet Master », soit « le marionnettiste » en français.

À compter de 1992 et tout au long de la décennie, Robert Hendy-Freegard s’est mis en quête de personnes vulnérables, des femmes pour l’essentiel, s’appuyant sur des mensonges – il a notamment prétendu être un espion du MI5, le service de renseignement de la Couronne – pour mieux écarter leur entourage et extorquer l’argent de ses cibles. En tout, ses malversations lui ont permis d’accumuler l’équivalent de plus d’un million d’euros. Sa dernière compagne, Sandra Clifton, qui s’est installée avec lui à Vidaillat, est aussi sa dernière victime.

D’après les témoignages collectés par notre antenne auprès de leurs voisins, celle-ci vivait cloîtrée, et dans un dénuement complet. Ne sortant jamais, il lui arrivait – toujours d’après les déclarations des riverains – de se nourrir de châtaignes et de croquettes pour chien.

• Questions autour d’un « système »

Une pratique de la séquestration intrinsèque au « système » Hendy-Freegard comme l’a rappelé ce samedi sur notre plateau notre consultant police-justice, Dominique Rizet:

« Son système, c’était d’agir comme un gourou: aller chercher des personnes, les isoler de leur famille – sa compagne avait deux enfants qui la pensaient disparue, peut-être morte et qui ont réalisé qu’elle était encore vivante et en France en voyant le documentaire Netflix – puis il leur prenait leur argent. »

Après la fuite de son compagnon et geôlier, Sandra Clifton a regagné le Royaume-Uni en compagnie de ses enfants.

Dominique Rizet a résumé les questions que doivent désormais débrouiller les enquêteurs:

« Quand il n’était pas à Vidaillat avec cette femme – et il y était très rarement – où était-il? Avec qui? Avait-il reproduit le schéma anglais en France qui l’avait conduit à une condamnation? Avait-il construit d’autres vies clandestines, fait d’autres victimes? Va-t-on découvrir qu’il était encore le ‘marionnettiste’? »

Des zones d’ombre encore trop nombreuses pour qu’on puisse apercevoir l’épilogue de cette histoire.

Dominique Mari avec Robin Verner

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