Après les occupations d’autoroutes par les agriculteurs en colère, l’heure du bilan a sonné pour les exploitants, entre une chaussée à remettre en état et la perte d’activité, la facture risque d’être salée.
Si certains agriculteurs voulaient poursuivre leur mouvement de contestation ce vendredi, de nombreux points de blocage ont été levés après les dernières annonces du gouvernement.
« La circulation a repris vendredi sur plusieurs autoroutes en France après deux semaines de blocages par des milliers d’agriculteurs et des concessions gouvernementales majeures, en particulier sur les pesticides, au grand dam des écologistes », notait par exemple l’AFP en fin de journée ce vendredi 2 février.
Les convois de tracteurs en route pour Paris ou d’autres grandes villes, ou à l’arrêt sur l’autoroute, resteront comme une image forte de ce mouvement. Dans ce contexte, les exploitants commencent à faire le bilan des dégâts subis.
Des équipes mobilisées depuis le 23 janvier
C’est le cas notamment du réseau APRR, qui évoque dans un communiqué « un mouvement, à la fois inédit et de grande ampleur » qui a mobilisé ses équipes 24h/24h depuis le 23 janvier, environ 700 personnes.
« Malgré la levée des blocages annoncée, la réouverture des autoroutes se fera très progressivement. D’une part, parce que de nombreux barrages ne sont pas encore levés. D’autre part, car là où les manifestants ont quitté les lieux, il faut désormais nettoyer et parfois réparer les chaussées, vérifier les équipements de sécurité, évacuer les déchets », poursuit l’entreprise.
Parmi les tâches à effectuer: le nettoyage des emplacements occupés. APRR cite notamment des dépôts de déchets, des pneus usagés, des végétaux coupés, des blocs de parpaings et des barres métalliques ou encore l’épandage de lisier sur l’autoroute ou les barrières de péages, comme à Beaune sur l’A6.
Du côté de la SANEF, son directeur général Anraud Quémard évoquait mardi sur RMC un surcoût de nettoyage à effectuer sur les points de blocage de l’ordre de 150.000 euros.
Les agriculteurs ont laissé des « centaines de tonnes de déchets » derrière eux, a souligné de son côté un porte-parole de Vinci à l’AFP.
Réparations et travaux à reporter
L’heure est désormais au nettoyage et à la remise en état des équipements.
« Nous serons contraints de refaire la chaussée dans plusieurs endroits, les conséquences des braséros ou des feux de pneus, par exemple », note APRR.
Contactée, la DiRIF (Direction des routes d’Ile-de-France), qui gère les routes nationales et autoroutes non-concédés de la région, indique n’avoir pas rencontré des dégâts impliquant des besoins de réparation suite aux blocages, qui ont davantage touché le réseau concédé.
« Néanmoins, ces blocages ont eu des impacts sur notre programmation travaux, il a été nécessaire d’annuler et de reporter certaines fermetures prévues », ajoute la DiRIF.
Quel coût et quelles indemnisations?
Entre le nettoyage, ces réparations à effectuer et la perte d’activité liée aux fermetures, le bilan financier risque d’être assez lourd. Mais pour APRR, il est encore trop tôt pour le chiffrer.
« Un travail d’évaluation sera mis en place en temps voulu. Pour donner un ordre d’idée, habituellement, un jour de semaine, 60.000 clients empruntent le tronçon Beaune-Mâcon, qui est resté fermé plusieurs jours du fait des mobilisations. Ce sont autant de clients qui ont été empêchés dans leurs déplacements durant les mobilisations », indique le communiqué.
Un représentant des sociétés d’autoroutes évoquait mardi dernier dans Le Parisien un coût « en millions d’euros » et une action à mener pour obtenir des indemnités.
« Le moment venu, nous demanderons un dédommagement, amiable ou contentieux », expliquait-il.
Avec une facture renvoyée aux agriculteurs? C’est la question posée ce vendredi matin par Apolline de Malherbe à Arnaud Rousseau, président de la FNSEA:
« Avec les jeunes agriculteurs, nous avons demandé qu’on puisse avoir un état des lieux de ce qui a été cassé ou dégradé (…) et que partout, au moment de quitter les points de blocage, dans la mesure du possible, on nettoie, parce que c’est l’esprit de responsabilité qu’on veut faire », a-t-il répondu, appelant aussi les sociétés d’autoroutes à une forme de solidarité et à « être compréhensifs par rapport à ce qu’il s’est passé ».
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