La transition vers l’électrique, mais aussi l’absence de modèles produits en France dans les meilleures ventes de voitures neuves, ont fait grimper le déficit commercial du secteur automobile ces dernières années.
Alors que la France fait pivoter son industrie automobile vers l’électrique, le déficit commercial continue de se creuser. Sur les 12 derniers mois analysés (de juin 2022 à mai 2023), la différence entre exportations et importations de véhicules neufs en France est tombée à 17,46 milliards d’euros, d’après des chiffres des douanes repris par Les Echos.
Le déficit commercial de l’automobile était de 15,6 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2022 et de 12 milliards en 2019, avant le Covid, souligne le quotidien économique.
Un top 10 très peu « made in France »
Première raison à cette aggravation du déficit: les modèles les plus vendus dans le pays, même s’ils sont en majorité de marques françaises, ne sont pas produits en France. C’est notamment le cas pour les stars du marché, avec les Renault Clio, assemblées en Turquie et en Slovénie, et les Peugeot 208, en Slovaquie et au Maroc pour les versions thermiques, tandis que la version électrique a été récemment transférée vers l’Espagne.
A la troisième place, on retrouve la Dacia Sandero (de marque roumaine, mais qui appartient à Renault) produite au Maroc, depuis l’arrêt de la production à Pitesti, en Roumanie, l’an dernier.
Seule exception dans le top 10, la Peugeot 308, produite à Mulhouse (Haut-Rhin). Les autres stars « made in France » ont quitté les sommets du classement. C’est le cas du Peugeot 3008, produit à Sochaux (Doubs), en fin de vie commerciale avant la présentation de son successeur en septembre et qui se retrouve à la 11e place.
Même constat pour les Toyota Yaris Cross (voiture la plus produite en France en 2022) et Yaris, produits en partie à l’usine de Valenciennes et qui sont respectivement aux 14e et 17e places du classement des meilleures ventes depuis le début de l’année.
En 2022, la production automobile française est ainsi tombée à 1,3 million de véhicules, alors qu’elle était de 3,5 millions d’unités en 2005. Une conséquence de ces nombreuses délocalisations de petits modèles à forts volumes, soulignait le cabinet Inovev cité par L’Argus.
Quel déficit lié à l’électrique?
Autre raison à ce dérapage du déficit commercial: la transition vers l’électrique, qui se constate bien dans les chiffres de ventes, mais pas encore dans ceux de la production et des exportations.
Depuis le début de l’année, les voitures électriques ont dépassé les 15% de parts de marché, contre 12% sur la même période l’an dernier. Mais, dans le même temps, le déficit commercial lié à ces modèles est passé de 2,96 milliards d’euros en 2022 à 4,28 milliards d’euros sur les 12 derniers mois.
Logique si l’on regarde les modèles électriques les plus vendus dans le pays. Ainsi, pour le numéro un du classement par exemple, le Tesla Model Y, les exemplaires vendus en Europe sont produits à Berlin, en Allemagne, ou à Shanghai, en Chine.
Et ce sont justement ces deux pays qui sont au coude-à-coude dans les importations de voitures électriques en France: 1,62 milliard d’euros pour l’Allemagne et 1,63 milliard pour la Chine, toujours sur les 12 derniers mois.
La prédominance chinoise se retrouve dans le reste du classement des ventes de véhicules électriques, avec la Dacia Spring, troisième, ou la MG4, sixième, toutes deux produites en Chine.
Objectif: 2 millions de voitures électriques en 2030
La France se trouverait ainsi dans le creux de la vague, avec des usines en cours de transformation, qui ne peuvent pas encore répondre à la demande croissante pour des voitures électriques.
Face à des constructeurs chinois de plus en plus présents, avec MG et plus récemment BYD, l’enjeu reste de taille, alors que l’Europe a prévu d’interdire les ventes de voitures thermiques pour 2035.
Emmanuel Macron a ainsi affiché l’objectif de produire 2 millions de voitures électriques avec des batteries made in France à partir de 2030.
Après la Mégane, Renault a bien prévu d’assembler sa future R5 à Douai, mais Carlos Tavares, côté Stellantis, a émis de sérieux doutes sur la possibilité de produire des petites voitures électriques en France à des coûts raisonnables.
Certes, le gouvernement français veut orienter les aides publiques en fonction d’un score environnemental, mais le bonus écologique serait alors orienté vers les voitures assemblées en Europe. Pas de quoi garantir une relance de la production en France, alors que l’Espagne s’impose désormais à la deuxième place en Europe, derrière l’Allemagne.
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