Au printemps, les jardiniers britanniques sont invités à ne plus tondre la pelouse de leur gazon afin de laisser la faune et la flore sauvage se déployer pour le bien de la biodiversité. Un mouvement baptisé « #NoMowMay » qui prend de l’ampleur outre Manche.
Au beau milieu du mois de mai, l’envie de donner un coup de frais à sa pelouse peut être tentante. Mais pour le bien de la biodiversité, il est de plus en plus recommandé de laisser sa tondeuse au garage au printemps, rapporte le journal britannique The Guardian.
Depuis 2019 le mouvement #NoMowMay (pas de tondeuses au mois de mai), lancé par l’association britannique Plantlife, invite les jardiniers à éviter de tondre la pelouse de leur jardin à cette période de l’année, de manière à laisser la nature se déployer. À Paris, certains jardiniers comme ceux du Jardins des Plantes ont déjà pris le pli, puisqu’ils ont pris l’habitude de ne plus tondre les pelouses avant l’été.
En effet, les spécialistes de l’écosystème ont remarqué que laisser quelques centimètres d’herbe permettait à la nature d’assurer d’elle même les cycles de la biodiversité. Car lorsque le gazon est coupé à moins de 4 cm, la flore sauvage n’est plus en mesure de pousser et la faune plus en capacité de se reproduire.
Un déclin des espèces « de 70 à 80% » ces 30 dernières années
Dans les jardins taillés « à la française », la population d’escargots, limaces, coléoptères, araignées et autres insectes tend alors à disparaître progressivement: un déclin de l’ordre « de 70 à 80% en moins » ces 30 dernières années en France, explique à France info Alexandre Barraud, chargé de recherche au sein de l’ONG Pollinis.
« Les plantes et les champignons sauvages sont le fondement de la vie et ils façonnent le monde dans lequel nous vivons. Cependant, une fleur sauvage britannique sur cinq est menacée », explique Nicola Hutchinson, directrice de conservation chez Plantlife, qui appelle à mettre un terme à ce risque d’extinction « de toute urgence ».
Par ailleurs, tondre sa pelouse moins régulièrement pourrait également être bénéfique pour l’environnement, notamment en terme d’émissions carbone. Mais si les spécialistes invitent à utiliser leur tondeuse avec parcimonie, ils estiment qu’un jardin doit être entretenu et taillé à intervalles réguliers pour pouvoir en profiter, mais aussi pour éviter qu’il ne dépérisse.
Une bonne astuce consiste à varier les types de taille au sein d’un même jardin: des endroits taillés de près, et d’autres moins élagués, permettant de laisser « des accès à un fil à linge, une mare ou encore une terrasse », comme le conseille à Ouest France Jean-Paul Sampoux, ingénieur de recherche en prairies et plantes fourragères à l’Inrae.
Les jardins rectilignes moins en vogue
Nicolas Macaire, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), conseille plutôt dans Ouest France aux jardiniers en herbe de tondre leur pelouse plus tard dans l’année, par exemple au mois de juillet ou août. Pour ne pas perturber la nidification des oiseaux, le spécialiste confie au quotidien breton qu’il est préférable de ne pas tailler les arbres, haies et autres arbustres avant la fin juillet.
Ian Dunn, directeur général de l’association britannique à l’origine de ce mouvement, se réjouit toutefois que les jardins parfaitement taillés « à la française » soient moins en vogue ces dernières années, au profit des jardins sauvages qui laissent la part belle aux paquerettes, papillons et autres petits habitants qui peuplent nos gazons.
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